Accès à l’eau en Cisjordanie : le village de Nabi Saleh

Les résidents du village de Nabi Saleh, en solidarité avec d’autres militants palestiniens, israéliens et internationaux, organisent des manifestations hebdomadaires non-violentes pour exiger la fin de l’occupation israélienne et sa politique - qui y est associée- d’expansion des colonies illégales. Les forces de sécurité israéliennes interviennent fréquemment lors de ces manifestations avec une force excessive et inutile : depuis 2009, ils ont tué deux manifestants et blessé des centaines d’autres. Cette utilisation excessive de la force contre les manifestations affecte l’ensemble du village et peut constituer une punition collective, interdite par la quatrième Convention de Genève. Nabi Saleh est un village d’environ 550 habitants dans les Territoires palestiniens occupés (TPO), à 20km au nord-ouest de la capitale palestinienne, à Ramallah. La plupart des habitants sont de la famille étendue Tamimi ; il y a également quelques familles de réfugiés qui se sont installées à Nabi Saleh après qu’Israël les ait forcées à fuir leurs maisons en 1948. Nabi Saleh est le nom d’un lieu saint situé au centre du village, qui fait partie d’une route de pèlerinage traditionnelle soufie. Le village s’étend sur environ 284 hectares, y compris les terres agricoles ; la colonie israélienne voisine de Halamish. a pris le contrôle de la plupart de ces terres.

Halamish (aussi appelé Neve Tzuf) est une colonie israélienne illégale créée en 1977 sur des terres qui appartiennent à des villages de Nabi Saleh et Dier Nitham. Quelques années après sa création, la colonie comptait environ 400 habitants, elle en compte actuellement environ 1600. Il y a une base militaire dans la colonie, où s’entraînent les recrues religieuses de l’armée et où sont détenus fréquemment des Palestiniens, dont des manifestants de Nabi Saleh.

Les manifestations hebdomadaires se sont développées à la fin 2009 lorsque les colons de Halamish ont pris le contrôle de la source Al-Qaws, située dans les terres entre les deux villages, possédées et cultivées par les Palestiniens. Au début de 2009 les colons ont créé un site touristique autour de cette source et ont commencé à construire des structures dans la région, et ce tout à fait illégalement . Au cours de ce processus ils ont détruit des biens palestiniens, y compris des oliviers constituant une partie des moyens de subsistance des Palestiniens. Le 17 Décembre 2009, les autorités israéliennes ont interdit aux Palestiniens, y compris aux propriétaires des terres, l’accès à la source et à la terre alentour, tout en permettant aux colons de continuer à construire et à y avoir libre accès. Les Palestiniens sont toujours empêchés d’accéder à la source et les autorités militaires ont continué à utiliser une force excessive pour arrêter les manifestations palestiniennes et harceler les résidents.

Les manifestations sont devenues aujourd’hui des événements hebdomadaires consistant principalement en marches pacifiques vers la source et les terres environnantes. La communauté organise également d’autres événements de protestation, notamment l’agriculture collective et les événements sportifs. L’armée israélienne a utilisé une force excessive et inutile contre les manifestants en tirant à balles réelles, des balles de métal recouvertes de caoutchouc, des grenades assourdissantes et lacrymogènes sur des personnes et des biens, on note aussi l’utilisation de matraques et de gaz poivré. Les forces de sécurité israéliennes attaquent régulièrement le village,menant des perquisitions et arrêtant des personnes y compris des enfants, et ce tard dans la nuit.

La création et le maintien des colonies civiles dans les territoires occupés viole le droit international humanitaire et est considéré comme un crime de guerre. L’article 8 (2) du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) stipule que « le transfert, direct ou indirect, par une puissance occupante d’une partie de sa propre population civile dans le territoire occupé par elle » est considéré comme un crime de guerre, « lorsqu’il est commis dans le cadre d’un plan ou une politique ou dans le cadre d’une commission à grande échelle de ces crimes". La politique de colonisation d’Israël est aussi intrinsèquement discriminatoire et entraîne des violations des droits à un logement convenable, à l’eau et aux moyens de subsistance des Palestiniens en Cisjordanie occupée continue. Les autorités israéliennes continuent à construire de nouveaux logements et planifient la construction de nouveaux quartiers dans des colonies à Jérusalem-Est et ailleurs en Cisjordanie occupée, ce qui s’ajoutera à plus de 230 localités déjà existantes.
Amnesty International a appelé à maintes reprises les autorités israéliennes à mettre un terme à la construction ou l’expansion des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés et à prendre des mesures pour évacuer les civils israéliens vivant dans les colonies de Cisjordanie. L’établissement de colonies non seulement viole le droit international humanitaire, mais constitue également une grave violation de l’interdiction de discrimination, comme prévu dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), auquel Israël est un État partie. La Cour internationale de Justice a jugé en Juillet 2004 que le Pacte est applicable dans les territoires palestiniens occupés. La présence de colonies réservées aux seuls Israéliens a conduit à des violations massives des droits de l’homme de la population palestinienne locale.
Les autorités israéliennes font un usage discriminatoires de la loi dans les territoires palestiniens occupés où les ordres militaires sont imposées aux résidents palestiniens alors que les colons sont traités selon le droit civil israélien. L’armée israélienne impose de sévères restrictions à la liberté d’expression et de réunion des Palestiniens dans les TPO.. En effet, l’ordonnance militaire 101 considère toute manifestation pacifique de Palestiniens non autorisée comme une infraction pénale : l’autorisation d’un commandant militaire israélien est nécessaire pour tous les rassemblements de plus de 10 personnes "dans un but politique ou une question qui pourrait être interprété comme une politique" et porte une peine maximale de 10 ans en cas de violation. En revanche, le droit civil israélien permet à la fois la liberté d’expression et de réunion et prévoit leur protection.

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