Autorités Palestiniennes

EYAD RAJAB EL SARRAJ, torturé.

Le docteur Eyad Rajab El
Sarraj est le fondateur et
directeur médical du
Gaza Community Healh Program,
un service de santé
indépendant qui dispense des
soins d’urgence –comme la
réhabilitation physique de victimes
de torture- aux larges
tranches de populations affectées
par l’Intifada ou l’occupation
militaire israélienne.
Ses critiques ouvertes –y compris
de l’Autorité Palestinienne
à l’époque d’Arafat- lui
ont fait courir de grands dangers.
Arrêté à de nombreuses
reprises par le passé, il a été torturé, mis en cellule d’isolement
et privé de son droit à un avocat.
Le docteur El Sarraj est membre du Centre International
de Réhabilitation pour les victimes de Torture et du Comité
Coordinateur de la Campagne contre la Torture. Il a reçu le
Prix Martin Ennals en 1998 (prix décerné par différentes
ONG de défense des droits humains, dont Amnesty).

D’après la Martin Ennals Foundation, <http://www.martinennalsaward.
org/...
>

« En ce monde troublé, les vrais champions sont
les personnes qui sacrifient leur vie derrière des
barreaux pour que d’autres puissent mener une
vie normale. »

Dr. Eyad Rajab El Sarraj

INFORMATIONS GENERALES

Si on l’appelle « Autorité palestinienne », c’est parce que
ce n’est pas encore un État officiel. Les Palestiniens ne
cessent d’ailleurs de lutter pour la reconnaissance de
leur État proclamé en 1988, depuis que les Israéliens ont
créé le leur en 1948. Comme capitale de leur État, les mouvements
palestiniens pragmatiques voudraient Jérusalem-Est,
un quartier palestinien de la ville annexé par Israël lors de la
guerre des six jours de 1967. Cette revendication, comme
celle sur le droit au retour en Palestine des réfugiés exilés
en 1948, a toujours été refusée par Israël lors des différentes
négociations de paix. C’est dans cet exil forcé que les
Palestiniens ont créé l’OLP (Organisation de Libération de la
Palestine), qui rassemble plusieurs mouvements de résistance,
dont celui de Yasser Arafat, le Fatah.

En 1987, de jeunes Palestiniens se rebellent contre les
patrouilles israéliennes, en leur jetant des pierres. C’est ce
qu’on appelle l’Intifada, littéralement « l’ ébrouement ».
L’armée d’Israël, Tsahal, réprime ce mouvement dans la violence.
La colonisation israélienne des territoires palestiniens
continue, ainsi que la destruction des maisons des présumés terroristes.
En 1993, les accords d’Oslo aboutissent à la reconnaissance
mutuelle d’Israël et de l’OLP et à la mise en place de l’Autorité
palestinienne sur une partie des territoires de la
Cisjordanie. Ces accords, basés sur le principe « la paix en
échange des terres », tardent à être appliqués, plongeant la
population palestinienne dans la désillusion. En 2001, la visite
d’Ariel Sharon sur l’Esplanade des Mosquées à Jérusalem est ressentie
comme une provocation par les Palestiniens, qui se soulèvent.
On parle alors d’une deuxième intifada. La répression brutale
de l’armée israélienne radicalise encore plus les groupes
armés palestiniens, dont les attentats contre des civils se font de
plus en plus violents. De jeunes Palestiniens sont recrutés pour
servir de bombes humaines. L’armée israélienne multiplie les
représailles, touchant aussi de nombreux civils innocents.
Après la mort de Yasser Arafat et l’élection, en janvier 2006,
du président Mahmoud Abbas, les groupes armés palestiniens
ont accepté d’observer pour une durée indéterminée une trêve
durant laquelle ils s’abstiendraient d’attaquer des Israéliens. Les
autorités israéliennes ont, pour leur part, annoncé la suspension
des attaques visant des Palestiniens dans les territoires
occupés. Les deux camps
ont toutefois continué de
mener des attaques,
mais celles-ci ont été
moins nombreuses que
dans les années qui ont
suivi le déclenchement
de la deuxième intifada.

La Bande de Gaza
est évacuée par l’armée
israélienne en août
2005, donnant pour la
première fois à ce territoire
une certaine autonomie,
toutefois très
limitée par les fréquents
barrages israéliens et par
le contrôle de son espace
aérien et maritime par
Israël.

Les élections municipales
palestiniennes, qui
ont débuté en 2004, se
sont déroulées dans plusieurs
localités de Cisjordanie
et de Gaza. Beaucoup
de villes votent
pour le Hamas, un mouvement
islamiste radical. Le scrutin législatif prévu pour le mois
de juillet 2005 est reporté à janvier 2006. Le Hamas remporte
ces élections à la majorité absolue. Ce succès peut notamment
être attribué à un vote de protestation des Palestiniens contre la
corruption de certains membres du gouvernement précédent
ainsi qu’à la reconnaissance de la population
envers les programmes sociaux ou religieux du Hamas.
L’Autorité Palestinienne entre alors dans une nouvelle
période de tension et de difficultés, celle-ci devant
faire face la fois à ses dissensions internes (Président
(Fatah)/Gouvernement et Parlement (Hamas)), à la radicalisation
de la politique israélienne en réaction à ces élections, et à la
reprise des hostilités par les groupes armés. Inquiets de l’islamisation
radicale des institutions palestiniennes, les pays occidentaux
suppriment leurs aides à l’Autorité Palestinienne, contribuant
ainsi à son affaiblissement.
En juin 2006, un conflit d’une grande ampleur éclate suite à
l’enlèvement d’un soldat israélien par un groupe armé proche
du Hamas et à des tirs de roquettes sur le territoire israélien . La
bande de Gaza est à nouveau plongée dans une situation de
guerre et de catastrophe humanitaire. Les représailles israéliennes
touchent à la fois le Hamas (des ministres et des fonctionnaires
sont enlevés) mais aussi les infrastructures civiles
comme les routes, une centrale électrique, des immeubles… L’Autorité
palestinienne est complètement anéantie et risque de se
relever très difficilement d’un tel chaos (voir fiche Israël).


UN TERRITOIRE MORCELÉ

Les Palestiniens vivent dans des territoires séparés par des colonies
israéliennes ou par la « clôture » (ou mur de séparation)
construite par Israël. On peut distinguer trois territoires revendiqués
par les Palestiniens : la Cisjordanie, la Bande de Gaza et
Jerusalem-Est.

LA CISJORDANIE

En Cisjordanie vivent environ 2,5 millions de Palestiniens et 236
000 colons israéliens. La Cisjordanie a été annexée et occupée
par la Jordanie de 1949 à 1967, puis Israël en a récupéré le
contrôle durant la guerre des Six Jours. Les Palestiniens considèrent
qu’Israël occupe les territoires de Cisjordanie, alors que du
côté israélien, on préfère parler de « contrôle » et de territoires
« disputés » plutôt que d’occupation. Au niveau international,
cependant, il est généralement admis que la Cisjordanie est un
territoire occupé, et qu’à ce titre les implantations de populations
israéliennes y ont un caractère illégal. Israël a toujours
contesté cette vision des choses, argumentant que ce territoire
était sous occupation jordanienne avant 1967. Israël continue à
y construire des logements pour accueillir des colons israéliens.
Une « clôture » de sécurité (terme officiel utilisé par Israël, les
Palestiniens préférant l’expression « mur de séparation »)
construite par Israël a l’Ouest de la Cisjordanie vise à empêcher
toute infiltration terroriste palestinienne. Cette barrière dépasse
les limites territoriales israéliennes et pourrait préfigurer les
futures frontières de l’Etat palestinien, coupant même certains
villages en deux. Cette barrière fait passer 22 000 colons du côté
d’Israël, soit environ 15% des colonies présentes en Cisjordanie.


LA BANDE DE GAZA

Bande de terre de 8 à 12 km de large sur 40 km de long. À la fin
du conflit israélo-arabe de 1948, la Bande de Gaza fut occupée
par l’Égypte, et le resta jusqu’à l’occupation par Israël pendant
la guerre des six jours de 1967. 7000 colons israéliens s’y installent,
protégés par l’armée israélienne, jusqu’au retrait opéré en
août 2005. Aujourd’hui gérée par l’Autorité Palestinienne, elle
est toutefois coupée du reste de la Cisjordanie, et les liaisons
entre les deux territoires ne sont pas faciles. La Bande de Gaza
constitue un des territoires les plus densément peuplés du
monde : 1,3 million de Palestiniens y vivent, la plupart dans des
camps de réfugiés. Près de la moitié des habitants ont moins de
20 ans…


JÉRUSALEM-EST

La ville de Jérusalem est au coeur des tensions entre Palestiniens
et Israéliens. Jérusalem-Est représente la partie orientale de Jérusalem
qui était administrée par la Jordanie et qui fut conquise
puis annexée par Israël en 1967. Cette partie inclut la vieille ville
et ses lieux saints (Saint-Sépulcre, l’Esplanade des Mosquées -
Mont du Temple et Mur des Lamentations). Pour Israël, la
conquête de Jérusalem-Est en 1967 a permis de réunifier la capitale
« une, indivisible et éternelle » d’Israël. A l’inverse, pour les
Palestiniens, Jérusalem-Est (al-Qods en arabe) doit devenir la
capitale de leur futur État. La conquête de Jérusalem-Est par l’armée
israélienne a été condamnée par l’ONU (résolution 242 et
résolution 478 du Conseil de sécurité), ce qui n’a pas empêché
l’Etat hébreu de construire dans ce quartier de nouvelles
implantations réservées aux Juifs, surtout aux nouveaux
migrants venus d’Europe de l’Est ou d’Éthiopie. Jérusalem-Est
est également un symbole religieux important pour « les trois
religions du Livre », le christianisme, l’islam et le judaïsme.

LE TERRORISME PALESTINIEN

Présenté par ses partisans comme une forme de résistance légitime
à l’occupation israélienne, le terrorisme pratiqué par les
groupes armés palestiniens fait rarement la différence entre les
cibles civiles et militaires. Ainsi, en 2005, des membres de
groupes armés palestiniens ont tué 50 Israéliens – essentiellement
des civils, parmi lesquels figuraient six enfants – dans les
territoires occupés et en Israël. La plupart de ces attaques ont
été revendiquées par les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa (groupe
issu du Fatah) et par le Djihad islamique. Des centaines de Palestiniens
et d’Israéliens ont été blessés lors des attaques perpétrées
par l’un et l’autre camp. Des groupes armés palestiniens
ont également procédé, depuis la bande de Gaza, à des tirs de
mortier visant des localités israéliennes voisines. L’impunité
reste généralisée, les forces de sécurité palestiniennes étant réticentes
à agir lorsqu’elles en ont la possibilité pour empêcher les
attaques et arrêter leurs auteurs présumés. Des membres des
forces de sécurité palestiniennes ont aussi participé à des
attaques et à des enlèvements.

Pour plus d’informations se référer
au Rapport 2006 d’Amnesty International,
<http://web.amnesty.org/report2006/p...>

Sur la question du terrorisme et de sa définition, voir le dossier
« Papiers Libres 2005, les dérives identitaires », disponible sur
<http://www.amnestyinternational.be/...>


PISTES PÉDAGOGIQUES

Pour en savoir plus :

 Pascal Fenaux, La Palestine, entre promesse et élection, La Revue
Nouvelle, Tome 118, n°12, 2004.

 Henri Laurens, Le Retour des Exilés –la Lutte pour la Palestine de
1869 à 1997
, Robert Laffont, 1998.

 Romans / Récits :
Selim Nassib, Un amant en Palestine, Robert Laffont, 2004.
Mahmoud Darwich, Une mémoire pour l’oubli, Actes Sud,
1994 : l’auteur raconte un jour de 1982 pendant le siège de
Beyrouth par les troupes israéliennes.

Ghada Karmi, A la recherche de Fatima, Une vie palestinienne,
Labor-Fides, 2005 : une évocation de la période avant
la création d’Israël et sur l’exil qui s’en est suivi.

 Romans pour les jeunes

Si tu veux être mon amie, de Lisla BOUDALIKA (Folio
junior) : deux jeunes filles, l’une palestinienne et l’autre
israélienne, s’écrivent durant la période de l’Intifada en
1988.

Soliman le pacifique de Véronique MASSENOT : journal
d’un enfant dans l’Intifada. (Hachette jeunesse, 2003)
Une bouteille dans la mer de Gaza de Valérie ZENATTI
(l’Ecole des loisirs, 2005).

Cinéma

Noces en Galilée de Michel Khleifi (1987) : un mariage
durant l’occupation israélienne.

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