Israël - Territoires occupés

Le sergent Itamar Shapira, objecteur de conscience.

Le sergent Itamar
Shapira, 26 ans, a été
condamné à quatorze
jours d’emprisonnement le 8
août pour avoir refusé de servir
son pays. Il est l’un des
signataires de la Lettre des
combattants, publiée pour la
première fois en 2002 et signée
par des réservistes et des soldats
refusant de se battre audelà
des frontières de 1967
« dans le but d’opprimer, d’expulser,
d’affamer et d’humilier tout un
peuple [les Palestiniens des territoires occupés] ».
Itamar Shapira fait
également partie de Combatants for Peace, un groupe d’Israéliens
et de Palestiniens qui ont pris les armes les uns contre
les autres mais qui aujourd’hui travaillent ensemble et s’engagent
à n’utiliser que des moyens non violents pour
atteindre leurs buts et demandent à leurs sociétés de mettre
fin à la violence. Pendant son procès, Itamar Shapira a
déclaré qu’il refusait de se battre au Liban pour la sécurité
des civils israéliens.

À la suite des hostilités entre Israël et le Hezbollah (Parti de
Dieu), qui ont causé la mort de centaines de civils, plusieurs
dizaines de soldats et de réservistes israéliens évoquent la
possibilité de refuser de participer aux combats en raison de
leur opposition au conflit. Ces hommes et ces femmes risquent
de se retrouver en prison, alors qu’ils n’ont fait qu’exprimer
pacifiquement leurs convictions légitimes. Les objecteurs
de conscience regroupent généralement les pacifistes et
les personnes opposées à la politique israélienne dans les territoires
occupés. Cette expression vise aussi ceux qui n’ont
pas voulu participer au conflit avec le Hezbollah au Liban.
Les individus refusant de faire leur service militaire peuvent
être emprisonnés plusieurs semaines, voire plusieurs mois,
après avoir été jugés par des membres de l’armée. Ils doivent
souvent purger de multiples peines d’emprisonnement.
Bonne nouvelle de dernière minute : Itamar a été
libéré le 25 août ! Amnesty continue de surveiller la situation
des objecteurs de conscience en Israël, comme ailleurs dans
le monde.

INFORMATIONS GENERALES

Le conflit qui oppose Israël à différents mouvements palestiniens
est un des plus marquants de l’époque contemporaine.
Son onde de choc dépasse largement les frontières du
Proche-Orient et se répercute dans le monde entier, entraînant
des violences antisémites ou islamophobes jusqu’en Belgique ou
en France.

Pour bien comprendre le conflit israélo-palestinien, il faut
remonter aux sources du sionisme, ce mouvement des Juifs
européens qui voulaient établir un État juif pour fuir les persécutions
(pogroms). Sans rentrer dans les détails, on peut dire
que le mouvement sioniste s’est développé dans la deuxième
moitié du XIXe siècle, notamment parmi les Juifs d’Europe centrale
et d’Europe de l’Est sous la pression des pogroms et de l’antisémitisme
chronique de ces régions, mais aussi en Europe
occidentale, suite au choc causé par l’affaire Dreyfus.
De 1922 à 1948, la Palestine se trouve sous domination du
Royaume-Uni. A cette époque, les premiers sionistes, c’est-à-dire
les Juifs venus d’Europe, ont commencé à acheter des terres
palestiniennes, avec l’appui des Britanniques dans un premier
temps. Les Arabes palestiniens
entament alors
une résistance de plus
en plus violente. A la fin
de la deuxième guerre
mondiale, de nombreux
Juifs survivants du génocide
nazi rejoignent la
Palestine, renforçant le
mouvement sioniste. En
juillet 1946, un groupe
activiste sioniste clandestin,
l’Irgoun, organise
un attentat contre l’hôtel
King David à Jérusalem,
siège de l’état-major
britannique, faisant 91
morts. En 1948, l’ONU
propose un partage de la
Palestine en un Etat juif
et un Etat arabe. En mai
1948, avec la fin du mandat
anglais, David Ben
Gourion proclame l’indépendance
de l’État
d’Israël. Les Palestiniens
refusent le plan de
l’ONU et décident d’entrer
en guerre avec l’aide des pays arabes. Cette première guerre
est gagnée par Israël, qui profite de sa victoire pour rayer de la
carte plusieurs villages palestiniens. En 1967 (la guerre des six
jours) et en 1973, Israël est attaquée par ses voisins arabes, mais
l’État hébreu sort vainqueur et agrandit son territoire
jusqu’à occuper toute la Palestine.

En 1993, les accords d’Oslo raniment l’espoir de la
paix, mais déçoivent ensuite les Palestiniens (voir fiche
sur l’Autorité Palestinienne). En 1995, Yitzhak Rabin,
qui avait négocié les accords de paix, est assassiné par un extrémiste
juif. Son successeur, Benyamin Netanyahou, mène une
politique très dure à l’égard des Palestiniens, mais doit démissionner
après une affaire de corruption. Le nouveau Premier
ministre israélien, Barak, est plus enclin à avancer vers la paix.
Il brise un tabou en acceptant un partage de souveraineté de
Jérusalem lors des négociations de paix de Camp David sous la
tutelle de Bill Clinton. Mais Yasser Arafat refuse ces accords qui
sont encore trop limités selon lui et qui ne pourraient être
acceptés par son peuple. Beaucoup de Juifs isréaliens ne font
alors plus confiance en Yasser Arafat. En 2001, Ariel Sharon,
ancien militaire opposé à l’idée même d’un Etat palestinien et
partisan de la manière forte, devient Premier ministre. Réélu en
2003, il forme un gouvernement avec des partis d’extrême
droite et d’autres partis minoritaires. En juillet 2005, pour la
première fois depuis la création d’Israël, il décide de démanteler
de façon unilatérale les colonies israéliennes de la bande de
Gaza et quatre autres petites colonies dans le nord de la Cisjordanie.

Ce plan de désengagement est approuvé par la majorité
de la population israélienne, mais provoque une grande division
au sein du Likoud, le parti de Sharon. En novembre, ce dernier
démissionne du Likoud pour former un nouveau parti (Kadima),
ce qui provoque l’annonce d’élections anticipées. Ariel Sharon
tombe dans le coma en janvier 2006 et est toujours hospitalisé
depuis. C’est Ehud Olmert qui lui succède et qui remporte les
élections en mars 2006. Il forme alors un gouvernement d’union
avec les Travaillistes et poursuit globalement la même politique
que celle menée par Ariel Sharon. Il poursuit ainsi le plan de
désengagement de certaines colonies israéliennes de Cisjordanie,
tout en refusant de négocier avec l’Autorité Palestinienne,
surtout depuis l’arrivée au pouvoir du Hamas, un mouvement
qui a utilisé le terrorisme et qui, jusqu’il y a peu, refusait de
reconnaître l’existence d’Israël (voir fiche Autorité Palestinienne).
Il poursuit également la construction du mur/barrière
d’une longueur de 600 kilomètres sur des terres palestiniennes à
l’intérieur de la Cisjordanie occupée.

De violents incidents éclatent fin juin 2006, suite à l’enlèvement
d’un soldat israélien par un groupe armé palestinien et à
des tirs de roquettes. L’armée israélienne intervient de façon
brutale et disproportionnée, en bombardant une centrale électrique,
des ponts et des maisons, en enlevant un grand nombre
de ministres et fonctionnaires du Hamas, et en soumettant la
Bande de Gaza à un blocus économique… La crise s’étend au
Liban suite à l’enlèvement de deux soldats israéliens par le Hezbollah,
une milice armée chiite soutenue par la Syrie et l’Iran.
La riposte israélienne est très violente et touche un grand
nombre de civils et de cibles économiques (l’aéroport de Beyrouth,
les routes, les immeubles…). De son côté, le Hezbollah
envoie des roquettes sur le Nord d’Israël et sur la ville de Haïfa,
se rendant également coupable de crimes de guerre. La plupart
des étrangers fuient le Liban. Les organisations humanitaires
craignent une crise humanitaire majeure, alors que le Liban doit
préserver un fragile équilibre entre ses communautés et que
l’aide internationale en faveur de l’Autorité palestinienne a été
en grande partie bloquée depuis l’accession au pouvoir du
Hamas. Après plus d’un mois de guerre, un cessez-le-feu est
enfin appliqué le 14 août. Le Liban est à reconstruire. La communauté
internationale parvient enfin à obtenir l’accord de plusieurs
pays pour renforcer la présence des casques bleus au sein
la FINUL, afin de faire respecter le cessez-le-feu. Mais une solution
politique n’est toujours pas en vue : la question du désarmement
du Hezbollah et le retrait complet des forces israéliennes
du Liban restent problématiques. En Israël, le
gouvernement traverse une grave crise politique et fait l’objet de
nombreuses critiques sur la manière dont il a géré le conflit.

DROITS HUMAINS

Dans ses opérations de représailles aux attentats de groupes
armés palestiniens, l’armée israélienne (Tsahal) a régulièrement
recours à une force excessive et se rend coupable de crimes de
guerre et de crimes contre l’humanité : destructions de maisons,
bombardements ou exécutions extra-judiciaires, intimidations
et tortures… Par ailleurs, les objecteurs de conscience israéliens
qui refusent d’accomplir leur service militaire sont souvent
emprisonnés.

PISTES PÉDAGOGIQUES

 Présentation historique : situez les principaux évènements
du conflit israélo-palestinien sur une ligne du temps.
Faire une recherche sur les nouveaux historiens israéliens et
leurs vision de la « fuite des Palestiniens » en 1948.

 Jeu de rôle : simulations de négociations sur la construction
du mur.
Attribuez à trois groupes d’élèves le rôle de représentants de
l’autorité palestinienne, de la communauté internationale et
du gouvernement israélien. Demandez leur de débattre sur la
construction du mur, tout en gardant en tête les intérêts
qu’ils sont censés représenter.

 Projection et étude de films :

. Kadosh de Amos Gitaï : une critique de la place prépondérante
de la religion dans la société israélienne.

. Paradise Now de Hany Abu-Assad : une réflexion sur le
terrorisme palestinien, sur ce qui pousse certains jeunes à
devenir kamikazes.

 Sur le mouvement pacifiste en Israël. Faire une
recherche sur les « refuzniks ». D’où vient cette expression ? A
quelle époque fait-elle référence ? Chercher des témoignages
d’objecteurs de conscience. Faire le portrait de mouvements
et d’associations oeuvrant pour le dialogue avec les Palestiniens.

 Débat : quelle influence le conflit israélo-palestinien a-t-il
sur les relations entre communautés en Belgique et dans le
monde ? Vous pouvez commander l’affiche « dazibao » consacrée
à ce thème chez Amnesty International.

Romans

Convoi de minuit de S. Yzha : évoque le déplacement des
habitants des villages arabes et leur expulsion vers des camps
de réfugiés.

Comment guérir un fanatique d’Amos Oz (Poche)
A partir de souvenirs personnels, voire d’anecdotes, Amos Oz
engage une réflexion non seulement sur le conflit israélopalestinien,
mais aussi sur la nécessité de comprendre
l’autre, de se mettre à sa place, puis sur les vertus du compromis,
de l’humour. En écrivain, et non en politicien ou sociologue,
Amos Oz réfléchit au pouvoir des mots, du rire, de la
fiction, comme remède au fanatisme.

Du même auteur : Aidez-nous à divorcer ! - Israël Palestine,
deux Etats maintenant
 : reprend trois conférences
qu’Amos Oz a prononcées en Allemagne.

Romans pour les jeunes

De Jérusalem à Névé-Shalom, de Florence CADIER, Syros,
2004. Yaël vit à Jérusalem. Pour elle, c’est la plus belle ville du
monde... Après un attentat qui touche de près sa famille, ses
parents décident de s’installer dans un village qui réunit Juifs
et Arabes dans un espoir de paix.

Les tagueurs de Jabalya- Chronique d’un camp de réfugiés
palestiniens d’Ouzi Dekel (Syros jeunesse, 2001) : Ouzi Dekel,
journaliste israélien né au kibboutz Eilon, évoque ces soldats
israéliens du mouvement « Yesh Gvoul » qui refusent de servir
dans les territoires occupés.

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