L’homme qui écoutait chanter l’oiseau
Amnesty International et les éditions Memor ont le plaisir de vous présenter
L’homme qui écoutait l’oiseau
Un conte pour les 8/12 ans sur le thème de la torture, des rapports avec l’autorité, et de la résistance.
Textes de Christian Merveille
Dessins de Véronique Hariga
Un homme ose résister aux ordres du roi. Il refuse de se coucher à son passage, car il veut écouter l’oiseau. La police a beau l’arrêter, lui arracher les yeux et les oreilles, rien n’y fait : l’homme continue à croire en son oiseau.
Amnesty International vous propose ce conte dans le cadre de sa campagne contre la torture. Il est accompagné d’un dossier pédagogique gratuit.
Le conte est gratuit. Vous pouvez le commander en cliquant ici
vous pouvez le voir en animation flash en cliquant ici
Dossier pédagogique
L’homme qui écoutait chanter l’oiseau
Dossier pédagogique pour l’enseignement primaire (8/12 ans)
Introduction
Ce dossier vise, à partir du conte L’homme qui écoutait l’oiseau, à susciter la réflexion des enfants sur des thèmes comme l’autorité, la justice, la torture et la résistance. Il permet de faire le lien entre l’imaginaire du conte et la réalité du monde d’aujourd’hui. Nous espérons que, grâce à ce dossier, les enfants pourront mieux comprendre le phénomène des violations des droits humains et qu’ils auront envie d’agir en faveur des prisonniers d’opinion, et de tous ceux qui, de par le monde, ont le courage d’écouter chanter l’oiseau.
p.4-5 :
Aujourd’hui, c’est jour de liesse.
8-12 ans :
En observant le dessin, crois-tu que c’est vraiment un jour de liesse ? Que manque-t-il pour que ce soit la fête ?
Colorie ce dessin, ajoute des éléments pour rendre cette rue vraiment joyeuse et pour montrer que les habitants font la fête.
p. 6-7 :
Lorsque le Roi vient à passer, tous les sujets doivent être présents le long du cortège mais personne ne peut le voir. Il est obligatoire de se coucher, face contre terre, les mains devant les yeux afin de ne rien apercevoir de la personne royale. Tout contrevenant sera passible de la prison à vie.
8-12 ans :
Que risque-t-on si on désobéit ? Pourquoi le roi tient-il à ce que les gens se couchent à son passage ? Que penses-tu de ce règlement ?
p. 8-9 :
Non ! Un homme est resté debout, étranger à tout ce manège.
8-12 ans :
Est-il déjà arrivé en classe, dans la cour de récréation, dans ta famille, de rencontrer quelqu’un qui avait le courage de s’opposer à un ordre qu’il croyait injuste ?
10-12 ans :
Dans tous les pays, à toutes les époques, des hommes et des femmes ont osé dire non aux ordres injustes. Peux-tu citer les noms de certains personnages connus qui ont eu le courage de s’opposer au pouvoir d’un dictateur ?
p. 10-11 :
Couchez-vous ou je vous arrête !
Arrêtez-moi, si vous voulez, mais moi, je veux voir et écouter l’oiseau…
8-12 ans :
D’après toi, le garde fait-il son métier convenablement ?
Dans ton pays, la police arrête aussi des gens. Pour quelles raisons ?
10-12 ans :
Connais -tu des pays où on arrête des gens pour d’autres raisons ?
p. 12-13 :
Le soldat qui le prend pour un fou l’arrête sans ménagement et l’emmène
hors de la ville pour qu’il puisse être jugé.
8-12 ans :
Pourquoi le soldat emmène-t-il l’homme hors de la ville ?
Le soldat le prend pour un fou. Est-il vraiment fou ?
A l’école, est-il déjà arrivé qu’un enfant soit exclu par d’autres au cours d’un travail en équipe ou pendant un jeu ? Si oui, pourquoi ?
Ne vous arrive-t-il pas de dire à quelqu’un "Tu es fou !" ? Pourquoi ?
10-12 ans :
Les dictateurs préfèrent mettre à l’écart ceux qui s’opposent à leur pouvoir, ou ceux qui sont simplement différents : par exemple ceux qui parlent une autre langue, qui pratiquent une autre religion, qui sont d’une autre culture ou qui ont d’autres coutumes. Dans certains pays, on fait passer ces personnes pour des fous, afin de mieux justifier leur mise à l’écart.
Dans un pays démocratique, qui décide si une personne est folle et doit être isolée ?
p. 14-15 :
Que cet homme soit enfermé à vie dans la prison de la Haute Tour. Faites la chasse à tous les oiseaux et qu’on les enferme dans de grandes cages."
8-12 ans :
L’enfant qui a été injustement rejeté doit-il être défendu ? Si oui, par qui ?
10-12 ans :<br /
Dans ce procès, il manque un personnage très important ? Lequel ?
Les personnes suspectées d’un crime ont toujours le droit d’être défendues par un avocat. À quoi servent les avocats ? Pourquoi est-ce important qu’ils puissent assister au procès ?
Pourquoi le juge ordonne-t-il de chasser tous les oiseaux ?
p. 16-17 :
Au bout d’un et un jour, malgré les mauvais traitements et une nourriture infecte, le prisonnier vit toujours.
8-12 ans :
Les prisonniers ont-ils le droit de manger convenablement ?
Est-il normal que certains prisonniers subissent des mauvais traitements ? (voir en fin de dossier les arguments contre la torture).
Un oiseau, malgré la chasse qu’on leur fait, vient régulièrement le visiter. À sa vue, il reprend force et vigueur.
8-12 ans :
Pourquoi l’homme reprend force en voyant l’oiseau ?
Quelle comparaison peux-tu faire avec l’action d’Amnesty International ? (Si des informations sur Amnesty International n’ont pas été données préalablement, c’est le moment de faire connaître les buts et les actions de l’organisation. Une brochure pour les enfants est disponible chez Amnesty.)
p. 18-19 :
On le sort de sa cellule et on l’emmène dans une salle où le bourreau l’interroge.
8-12 ans :
Un bourreau, est-ce une personne
– qui est très méchante et qui aime faire mal aux prisonniers ?
– qui fait son devoir, qui obéit aux ordres du roi ?
– qui est gentille car elle punit les méchants ?
Le bourreau est une personne qui est méchante, qui aime profiter de son pouvoir pour faire mal aux prisonniers. Mais le bourreau a parfois été éduqué dans la haine et la violence. Et comme il sait qu’il ne sera pas puni, il obéit à tous les ordres, même les plus cruels.
p. 20-21 :
On le reconduit à la prison. Au-dessus de ce triste cortège, vole un oiseau qui lance à tous vents son chant que personne n’entend : ni le roi, ni le garde, ni le juge, ni le bourreau. Personne, sauf le prisonnier qui l’entend et le comprend.
8-12 ans :
Quel sentiment le prisonnier éprouve-t-il alors ?
À ton avis, que peut bien lui raconter l’oiseau ?
Mets-toi dans la peau du prisonnier, ferme les yeux et dessine l’oiseau tel que tu l’imagines.
p. 22 - 23 :
Toujours cet oiseau. Cet homme doit être fou...
On appelle le bourreau qui lui arrache les oreilles.
8-12 ans :
Pourquoi ne veulent-ils pas que le prisonnier puisse écouter l’oiseau ?
p. 24-25 :
Sourd et aveugle, l’homme est bien malheureux.
8-12 ans :
Si tu pouvais lui offrir un dessin pour qu’il soit moins triste, que dessinerais-tu ?
Décore les murs de sa prison pour lui rendre l’espoir.
p. 26-27-28-29 :
Un beau jour, le roi, seul au fond de son château, vient à mourir.
À l’annonce de sa mort, les hommes et les femmes de ce royaume se sentent soudain libres.
8-12 ans :
Comment devrait-on choisir le nouveau roi ?
10-12 ans :
Les gardes, les juges, les bourreaux tiennent à garder le pouvoir. Pourquoi ?
Imagine ce qui va se passer s’ils choisissent un nouveau roi.
Cherche dans l’actualité récente des pays où le dictateur a été renversé et où la population a exprimé sa joie.
Faut-il toujours attendre la mort du dictateur pour changer de pouvoir ?
Que signifient les termes suivants : guérilla, coup d’Etat, révolution ?
Exemples : Serbie (chute de Milosevic), Indonésie (chute de Suharto), Roumanie (chute de Ceaucescu), Afrique du Sud (chute de l’apartheid et arrivée au pouvoir de Mandela), Allemagne de l’Est (chute du mur de Berlin)…
p. 30-31
Tous les habitants du royaume pénètrent dans le château pour prendre leur revanche. Ils ne veulent plus courber l’échine, mais vivre debout. Les geôliers, les bourreaux, les juges, les soldats s’enfuient de tous côtés. On ouvre les prisons. Les prisonniers se lèvent et retrouvent la liberté.
8-12 ans :
Faut-il poursuivre les geôliers, les bourreaux, les juges, les soldats pour les juger ?
10-12 ans :
Pinochet, qui a dirigé d’une main de fer le Chili durant de longues années et qui est responsable de centaines de morts et d’actes de torture, va sans doute être prochainement jugé. Pourquoi ce jugement est-il très important ?
Pages 32 à 37
Soudain, mille oiseaux passent près de lui en battant des ailes.
Il ne les voit pas. Il ne les l’entend pas.
Il sent juste le souffle de leur vol sur sa joue.
Il comprend.
Il peut enfin sourire.
8-12 ans :
L’homme est-il heureux ? Crois-tu qu’il regrette d’avoir désobéi à l’ancien roi ? Pourquoi ?
Imagine ce que représente l’oiseau dans ce conte.
Voudrais-tu, comme l’oiseau, rendre le sourire à un prisonnier ?
Participe à l’opération courage d’Amnesty International et envoie un dessin et quelques mots d’encouragement à un prisonnier d’opinion.
Annexe : réflexions sur la torture
– Est-ce que le fait de torturer un assassin le rendra plus respectueux des autres ? Pourra-t-il mieux prendre conscience du mal qu’il a fait ? Ou au contraire ne sera-t-il pas plus violent envers la société ? La torture ne sera jamais une solution à la criminalité et à la violence.
– Si on accepte la torture dans certaines situations bien précises, cela entraînera inévitablement des dérives (on sait que les limites ne sont jamais totalement respectées : ce n’est pas parce que la vitesse est limitée à 120 km sur l’autoroute que chacun respecte cette règle !).
– Il y a toujours le risque de torturer un innocent. Et même si la personne est coupable, rien ne peut justifier la torture qui constitue une atteinte à la dignité humaine. On ne peut punir les crimes les plus horribles par des actes eux-mêmes barbares.
– Si on accepte le principe de la torture, on doit alors accepter d’être un bourreau.
– La torture est un acte lâche : un homme, le bourreau, a tous les pouvoirs sur un autre homme sans défense.
– " Ne fais pas à l’autre ce que tu ne voudrais pas qu’il te fasse ". Ce principe revient dans toutes les grandes religions monothéistes et chez la plupart des philosophes. Il s’applique parfaitement à la torture.
– La torture est souvent basée sur la discrimination et le racisme. Dès qu’un groupe de personnes est considéré comme inférieur ou dangereux par les autorités, il risque d’être la cible d’agressions, d’arrestations arbitraires, de mauvais traitements, de tortures. Trois conditions facilitent l’apparition de la torture :
– l’existence d’une idéologie qui conforte le bourreau dans la conviction de l’utilité de son travail.
– le rapport d’autorité : le bourreau obéit à un supérieur. Il est donc un simple « exécutant » et ne se sentira pas responsable.
– l’impunité : le bourreau est sûr qu’il ne sera pas punis, puisqu’il ne fait qu’obéir.
– La torture est une pratique illégale, condamnée par un grand nombre de traités internationaux. Pourtant, elle est encore pratiquée dans plus de 100 pays à travers le monde.
– Il est important que les personnes responsables d’actes de torture soient jugées par un tribunal indépendant, afin de signaler que de tels actes ne sont pas tolérables. Sans cela, ceux qui pratiquent la torture se sentiront intouchables. Ce jugement est aussi important pour les victimes et pour leur famille, qui ne supportent pas l’idée de savoir leurs bourreaux en liberté.