Dossier pédagogique "La fille du Prince"

Ce dossier pédagogique accompagnait le conte "La Fille du Prince", publié chez MEMOR. Ecrit par Vincent Engel à partir d’une histoire inventée par les élèves de 6ème primaire de l’Ecole ouverte (Ohain), "La Fille du Prince" parle des droits des femmes. Cet ouvrage n’est plus disponible. Visitez notre boutique pour découvrir nos nouveaux ouvrages : www.amnesty.be/boutique

La Fille du Prince

Chapitre 1

Le royaume du Prince était semblable à beaucoup d’autres, et son pouvoir aussi. Les gens n’y étaient ni riches ni libres ; seuls le Prince et ses proches l’étaient. Que de nombreux pays, ailleurs dans le monde, vivent autrement ne les dérangeait pas. La liberté et la justice étaient, à leurs yeux, des pièges qu’il fallait éviter. Le peuple n’était pas capable de les assumer.

Plus que quiconque, les femmes souffraient de ce pouvoir. Il leur était interdit une foule de choses dont même le plus misérable des hommes pouvait profiter. Ainsi, elles devaient en toute occasion garder la tête basse et ne jamais sortir de leur maison. Elles ne pouvaient parler sans que leur mari ou leur père les y invite. Le seul travail autorisé était celui qu’imposait l’entretien de la maison. Jamais il ne leur était donné de se rassembler ; les hommes craignaient sans doute qu’elles se plaignent, ce qui bien entendu leur était également interdit. Prisonnières et esclaves, elles subissaient en outre des punitions absurdes et étaient battues, sans raison, plusieurs fois par semaine.

Pour justifier ce sort misérable réservé aux femmes, les hommes, au premier rang desquels le Prince et les prêtres, se référaient aux textes sacrés qui, selon eux, exigeaient de la femme une telle soumission et accordaient tous les pouvoirs et toutes les responsabilités aux seuls hommes. Comme aucune habitante du royaume ne savait lire et n’avait fréquenté les écoles, nulle n’était en mesure de contester cette explication.

Chapitre 2

La femme du Prince connaissait un sort à peine plus enviable que les autres femmes du royaume. Enfermée dans un magnifique palais, entourée seulement d’esclaves, elle devait paraître aux côtés de son époux, belle et silencieuse comme un bijou d’apparat. Elle savait aussi qu’on attendait d’elle qu’elle mît au jour un héritier pour le trône, et qu’il valait mieux pour elle que ce fût un garçon.
Aussi fut-elle inquiète lorsqu’elle se découvrit enceinte. Le Prince, lui, fut fort joyeux en apprenant cette nouvelle, car il était marié depuis longtemps et s’impatientait. Il ne doutait pas que l’enfant attendu serait un mâle qui, un jour lointain, il monterait sur le trône, si Dieu le voulait. Et il ne doutait pas que telle fût la volonté de Dieu, car Dieu ne pouvait qu’être l’allié du Prince. N’était-ce pas ce qu’affirmaient les prêtres, et les prêtres n’étaient-ils pas les fidèles messagers de Dieu ?
Au cinquième mois de sa grossesse, la Princesse fit un rêve qui la plongea dans une inquiétude énorme. Un magnifique chat persan, couleur de perle, vint se frotter contre ses jambes et lui murmura que l’enfant qu’elle attendait était une fille. « Méfie-toi, Princesse… Le Prince ne le supportera pas. » Seule, ne pouvant se confier à personne, elle passa la journée suivante dans un état d’énervement terrible. Par chance, son mari ne vint pas ce jour-là, retenu par des affaires plus importantes à ses yeux.
La nuit suivante, le chat revint visiter ses rêves. Une lueur joyeuse vibrait dans ses yeux, et elle comprit que ce songe soyeux voulait l’aider. « Il y a, dans la campagne voisine, une paysanne qui attend un enfant. Celui-ci doit naître en même temps que le tien. Et ce sera un fils… » Le chat ne dut pas poursuivre ; la Princesse avait deviné ce qu’il fallait faire.

Chapitre 3

Le lendemain, elle pria son mari d’engager une nouvelle servante, pour l’aider dans sa grossesse. C’était de ces détails auxquels le Prince n’accordait aucune importance. La Princesse put donc faire venir dans les appartements réservés aux femmes la paysanne que le chat lui avait indiquée en rêve. Celle-ci, arrachée à sa campagne, fut d’abord très surprise. La Princesse se montra très douce envers elle et la mit dans la confidence. « Ton fils, dans ta campagne, sera un esclave comme tous les autres ; ici, il deviendra le maître de ce royaume. Je l’aimerai comme mon fils. Il sera heureux et libre. Quant à ma fille, si elle naissait ici, elle serait condamnée ; chez toi, elle pourra au moins vivre. » La paysanne, émue, promit à la Princesse d’aimer sa fille comme la sienne. Et elles attendirent que surviennent les naissances, en priant pour qu’elles aient lieu en même temps et pour que leur plan réussisse.
La Princesse ne revit plus le chat dans ses rêves, ce qui l’attrista. Il ne revint qu’une fois, l’avertir que l’heure de la délivrance était proche et que les deux mères accoucheraient ensemble.

Tout se passa comme le chat l’avait annoncé. Dans la même nuit, alors que le palais dormait, les deux femmes, côte à côte, mirent au monde leur enfant. Une servante complice échangea les nourrissons, et nul ne s’aperçut de l’échange. Chacune serra contre son sein le bébé confiant, ignorant tout de l’étrange destin qui s’ouvrait à lui.

Lorsque le Prince apprit qu’il avait un fils, il fut fou de joie. Une semaine de liesse fut décrétée dans tout le royaume, qui permit aux hommes de faire la fête, tandis que les femmes n’échappaient pas aux règles terribles qui les confinaient dans leur maison. Il y eut des spectacles de cirque, des chants, des danses ; les hommes burent et mangèrent à la santé du Prince et de son fils, et le souverain parada, arborant fièrement son héritier.

De son côté, la paysanne repartit dans sa campagne avec la fille que le sort lui avait confiée. Elle reprit sa vie difficile aux côtés d’un mari qui ne comprenait pas pourquoi elle avait été appelée au palais puis renvoyée chez elle, mais qui ne lui posa aucune question. Comme tous les hommes du royaume, il ne savait pas que l’on pouvait parler avec une femme autrement que pour lui donner des ordres.

Chapitre 4

Le temps passa. Le Prince fit donner à son fils la meilleure éducation pour qu’il devienne un grand souverain à son tour. L’enfant lui donna toute satisfaction ; intelligent, obéissant, il était d’une force sans égale parmi les proches du Prince, et promettait d’être un Prince puissant et respecté. La Princesse observait de loin l’évolution de ce garçon dont elle connaissait l’origine de la force, et souriait intérieurement de l’aveuglement de son mari. Elle regrettait seulement de ne pas voir grandir sa fille.

Une chose, cependant, vint assombrir l’humeur du Prince. Dans ses rêves, un gros chat persan couleur d’aube triste vint le narguer. Comble d’impudence, il lui demandait à chaque fois d’adoucir le sort de ses sujets, et tout particulièrement des femmes de son royaume. Le Prince alors se réveillait en sursaut en criant « Jamais ! » Et rien ne le mettait plus en rage que cet animal insolent qu’il ne pouvait réduire au silence et qui pénétrait dans sa conscience à son gré.
La situation pour les habitants du royaume se dégrada. Excédé par ces visions, le Prince devint plus cruel encore et les récoltes furent mauvaises. Nombreux furent les paysans qui tentèrent de fuir le pays. Certains réussirent, au prix de sacrifices terribles. Parmi ceux-ci, la paysanne et sa fille. Le mari perdit la vie lorsqu’ils franchirent, clandestinement, la frontière gardée par des soldats féroces.
Elles se retrouvèrent dans un grand pays d’Europe, plus pauvres que jamais parmi ces richesses qui semblaient offertes à tous mais dont elles ne pouvaient guère profiter davantage que dans leur pays. Toutefois, la paysanne était courageuse et déterminée. Elle voulait offrir à cette fille qui était devenue sienne les chances de vivre libre et heureuse. Petit à petit, elle trouva sa place dans cette société nouvelle, et la fillette put aller à l’école pour apprendre tout ce que ses concitoyennes du royaume ignoraient. Jamais, cependant, sa mère ne lui dévoila la vérité sur ses origines.

Dans les nuits du royaume, le chat mystérieux apparut une dernière fois dans les songes du Prince. « Tu crois que ta puissance tient à ta force, et que celle-ci se mesure à la soumission de ton peuple. Moi, je te le dis et te préviens : plus tu leur feras courber la tête, plus grande sera leur vengeance lorsqu’ils la relèveront. Et sache que ce jour viendra, car la force s’épuise contre le temps. Seule une femme pourra te montrer la voie du salut. Lorsqu’elle paraîtra, tu la reconnaîtras comme ta fille et tu lui obéiras. »

Le Prince crut devenir fou. Il consulta un docteur qui lui fit boire des potions écœurantes. Le chat ne revint plus, et le Prince se crut guéri.

Ainsi coulèrent vingt années. Leila, la fille de la paysanne, entra à l’université. Elle était d’une beauté solaire qui faisait tourner la tête aux garçons. Elle en riait avec sa mère, qui lui avait appris à se méfier des hommes à cause de ce qu’elle avait vécu dans son pays. Mais sa fille, qui avait beaucoup étudié, lui avait expliqué qu’il fallait que les inégalités cessent et que les hommes et les femmes apprennent à vivre en paix, dans le respect mutuel. Si elle ne savait pas qu’elle était la fille du Prince, elle n’ignorait pas qu’elle venait de ce pays lointain. Avec d’autres jeunes gens, elle participait à des groupes qui s’efforçaient de changer le monde ; elle suivait particulièrement la situation de son pays natal et rêvait du jour où le tyran serait renversé et où la liberté serait rendue à son peuple. Quand elle l’entendait évoquer ces projets, sa mère, inquiète, lui conseillait de ne s’occuper que de ses études, de trouver un bon métier et d’être heureuse dans leur pays d’accueil.
Usée par une vie de labeur et de sacrifice, la paysanne, vieillie trop vite, mourut alors que Leila venait de fêter ses vingt ans. Sur son lit de mort, elle eut une vision de chat bienveillant qui lui murmurait de tout avouer à sa fille. Aussi lui confia-t-elle, dans un dernier soupir, le lourd secret de sa naissance.

Leila fut très choquée d’apprendre qu’elle était la fille de ce Prince détesté. Elle aima plus encore cette pauvre femme qui avait tant risqué pour la mettre à l’abri et lui offrir la liberté. Elle enterra celle qui resterait à jamais sa mère dans son cœur et jura sur sa tombe qu’elle libérerait son pays et toutes ses sœurs restées sous le joug intolérable.

Chapitre 5

Au royaume du Prince, rien n’avait changé, sinon que le souverain vieillissait. Sali, son fils, était devenu un jeune homme bouillonnant, impatient d’avoir le pouvoir et qui promettait d’être plus cruel encore que son père. La Princesse avait assisté, impuissante, à l’évolution de cet enfant impatient. Elle avait promis à la paysanne de l’aimer comme son fils ; mais l’enfant n’avait que faire de cet amour. C’était un homme ; il ne voulait pas s’abaisser à des tendresses indignes de son rang. La Princesse songea alors le punir de son arrogance en révélant la vérité ; mais nul ne l’aurait cru. Elle savait que la paysanne et sa fille avaient fui le pays. Elle se résigna et vieillit elle aussi, seule, rejetée par le Prince qui n’avait plus besoin d’elle et par son fils qui ne l’aimait pas.

De son côté, Leila réfléchit soigneusement avant de se décider. Elle ne rêva pas du chat ; elle pouvait décider seule de son avenir. Enfin, elle se résolut : elle retournerait dans son pays et mobiliserait les femmes pour qu’elles se révoltent. Elle changea d’identité et rentra clandestinement dans le royaume.
Discrètement, aidée par des réseaux d’opposants au régime du Prince, elle se mit à parcourir les campagnes et les villes et à parler aux femmes. Elle leur disait que leur sort n’était pas acceptable, qu’il fallait se lever contre l’autorité qui les maintenait dans une telle misère. Elle parlait surtout aux plus jeunes, qui seules auraient peut-être la force et le courage nécessaires. Les plus âgées avaient toujours vécu cette situation et ne concevaient pas que l’on puisse la modifier.
Mais elle découvrit rapidement que, privées d’éducation, soumises à la surveillance quotidienne d’hommes pourtant à peine plus libres qu’elles, les femmes du royaume ne pouvaient l’écouter et refuseraient, quoi qu’il en soit, de la suivre dans cette révolte. Certaines allèrent même jusqu’à l’injurier et à la menacer. Naïve, Leila fut imprudente. On l’arrêta et elle fut traînée en prison.
Elle y découvrit la violence de la pire des manières qui soit : dans sa chair et son âme. Elle se retrouva dans une cellule minuscule où une dizaine de femmes étaient entassées, sans le confort le plus élémentaire. On y dormait - quand les geôliers leur en laissaient le loisir - les unes sur les autres. Elles étaient battues, humiliées. Certaines, accusées d’avoir enfreint telle ou telle loi absurde qui ne visait que les femmes, attendaient la mort avec une résignation qui fut, pour Leila, la pire des tortures qu’elle dut endurer. Une jeune fille, dont le seul crime était de n’avoir pas donné de fils à son mari qui l’avait accusé sans preuve d’adultère pour se débarrasser d’elle, était devenue folle et passait son temps à dessiner dans l’air des figures incompréhensibles.

Le Prince fut averti qu’une jeune fille de son pays, grandie dans un pays libre, était revenue pour préparer une révolution. Il rit de ce qui, à ses yeux, était une absurdité. Mais la nuit suivante, le chat - qu’il avait oublié - revint hanter son sommeil. « Tu te souviens de moi, n’est-ce pas ? N’oublie pas ce que je t’avais annoncé. L’heure est venue. Sois prudent, n’agis pas comme tu l’as toujours fait : hâtivement et sans réfléchir. » Il s’éveilla en sursaut et exigea qu’on aille sur le champ chercher la prisonnière.

Chapitre 6

Leila fut menée devant lui. Malgré le garde qui s’efforçait de lui garder la tête baissée, elle se dégagea et affronta le regard du souverain qui fut troublé autant par sa beauté que par sa détermination.
« Qui es-tu, jeune folle, pour oser remettre en cause les fondements sacrés de ton pays ? » lui demanda-t-il en tâchant de ne pas laisser voir son émotion.
« Les fondements que tu évoques n’ont rien de sacré ! » rétorqua Leila fièrement. « Ce ne sont que des prétextes inventés par des prêtres qui profitent de ton pouvoir pour s’enrichir. Ils sont contraires à la justice. Tu es plus criminel que tous les prisonniers de tes prisons réunis. Sache encore que si tu me tues, tu tueras ta propre fille. Et celui qui montera sur le trône n’est que le fils d’un pauvre paysan. » Les gardes s’écrièrent et voulurent la réduire au silence ; mais le Prince, troublé, les arrêta et ordonna qu’on la ramène en prison jusqu’à ce qu’il ait décidé de son sort. Puis il se rendit dans la chambre de sa femme, sans voir que, caché derrière un rideau, Sali avait tout entendu.

Sa femme, qui dormait, fut affolée en découvrant le visage de son mari qui n’avait plus franchi le seuil de sa chambre depuis des années. D’une voix terrible, il lui demanda s’il était vrai que son fils n’était que le rejeton d’un paysan, et s’il était possible que la jeune fille enfermée dans les geôles du palais soit sa fille. En tremblant, la Princesse acquiesça et avoua tout. Lorsqu’elle parla du chat, le Prince poussa un cri et se rua vers les souterrains du palais où se trouvaient les cachots.

Mais Sali ne l’avait pas attendu. Les paroles de Leila l’avaient transpercé plus cruellement qu’une lame d’acier. Une gamine osait prétendre qu’il n’était qu’un paysan, qu’un imposteur ! C’était insupportable. Fou de rage, il se précipita vers la cellule tandis que le Prince questionnait sa femme. Les gardes, qui le craignaient plus que son père, le laissèrent faire.

Lorsque le Prince arriva dans le cachot, suivi par la Princesse en larmes, il était trop tard ; Leila, mortellement blessée par Sali, gisait sur les dalles froides et salles. La Princesse se jeta sur le corps sans vie de sa fille et se mit à sangloter, désespérément. Le Prince, livide, demeura un long moment immobile. Dans un coin, Sali, hébété, contemplait le crime qu’il venait de commettre, un sourire mauvais au coin des lèvres.

Soudain, sorti de l’ombre, un gros chat se glissa dans la pièce et vint se frotter contre le corps inerte de Leila, en miaulant tristement. Il tourna vers le Prince ses yeux étincelants, puis cligna les paupières avant de bondir dans le couloir et de disparaître. Alors le Prince sursauta ; des larmes jaillirent, malgré lui, et coulèrent sur ses joues. « Arrêtez-le ! » ordonna-t-il aux gardes en désignant Sali, stupéfait. Puis, il vint s’agenouiller à côté de sa femme, au chevet de sa fille.
Lorsqu’il remonta dans la salle du trône, il convoqua les prêtres et les ministres. Il annonça qu’il reniait son fils et abdiquait au profit de sa femme, en attendant que l’on organise des élections libres dans son pays. Il offrit sa fortune pour que l’on ouvre des écoles pour tous les jeunes gens, filles et garçons. Sur la place du palais, il commanda au meilleur sculpteur du pays une statue représentant une ravissante jeune fille serrant dans ses bras un gros chat ronronnant.



Les droits des femmes expliqués aux jeunes

Dossier pédagogique accompagnant le conte « La fille du prince »

Pour l’enseignement primaire (5ème et 6ème années) et le premier degré du secondaire (1ère et 2ème année).

Sommaire

1ère partie : L’écoute ou la lecture du conte

2ème partie : Questions - réflexions sur le conte

3ème partie : Pour en savoir plus sur les droits des femmes et pour agir à long terme.

Méthodologie

Pour une bonne exploitation pédagogique du conte et du dossier pédagogique, nous vous conseillons de procéder en 3 étapes, qui peuvent s’étaler sur plusieurs leçons :

 l’écoute ou la lecture du conte

 les questions et réflexions sur le conte

 l’approfondissement sur la question des droits des femmes. Cette partie fait l’objet d’un autre dossier pédagogique, qui contient une série d’exercices pédagogiques et de jeux se rapportant à différents thèmes, comme l’égalité entre hommes et femmes, la traite des êtres humains, les femmes et le mariage, le port du voile à l’école, la situation des femmes en Afghanistan ou en Arabie Saoudite…

1° l’écoute ou la lecture du conte

Annoncez aux élèves que d’autres élèves de leur âge ont écrit une histoire. Cette histoire, intitulée « la fille du prince », est inspirée de certains événements de l’actualité qui les ont choqués. Avec cette histoire, ils ont fait un livre, grâce à l’aide d’un écrivain belge. Ensuite, ils ont monté une comédie musicale qu’ils ont jouée à plusieurs reprises dans le Brabant wallon et dans le Hainaut.

Demandez aux élèves de s’installer confortablement afin de bien écouter l’histoire.

Nous vous conseillons d’interrompre votre lecture en fonction de la division du texte en 6 chapitres. De cette façon, vous pouvez faire réagir vos élèves à ce qu’ils viennent d’entendre et leur poser des questions (voir étape 2).

Chapitre 1  : Le royaume du prince, la condition des femmes : pages 9 à 11 (jusqu’à la fin du 1er paragraphe p. 11 contester cette explication)

Chapitre 2  : La grossesse de la princesse et la mise en garde du chat :
pages 11 à 13 (L’épouse du Prince… jusqu’à la fin du 1er paragraphe p.13… ce qu’il fallait faire).

Chapitre 3  : L’échange de la fille du Prince avec le fils d’une paysanne :
pages 13 à 15 (Le Lendemain …jusqu’à la fin du 2ème paragraphe p.15 … des ordres)

Chapitre 4 : La misère au Royaume du Prince, la fuite de la paysanne et de « sa fille adoptive » en Europe, les avertissements du chat au Prince, la jeunesse de Leila en Europe, la découverte de sa véritable identité : pages 15 à 18 (Le temps passa… jusqu’à la fin du 1er paragraphe p.18 joug intolérable)

Chapitre 5  : Leila revient dans son pays, découvre la condition des femmes et arrive en prison, le chat réapparaît dans les rêves du Prince, le Prince convoque Leila à son palais : pages 18 à 19 (Au royaume du Prince… jusqu’à la fin de la page 19 la prisonnière)

Chapitre 6 : Leila annonce à son père sa véritable identité, Sali tue Leila, le Prince décide d’abdiquer et de rétablir les droits des femmes : pages 21 à 23 (Leila fut menée… jusqu’à la fin de l’histoire un gros chat ronronnant).

2° Questions - réflexions sur le conte

La lecture (ou l’écoute) de chacun des chapitres peuvent être suivi de questions, visant à susciter la réflexion des élèves et à leur donner envie d’en savoir plus sur les droits des femmes et sur les droits humains en général. Voici, à titre d’exemples, une série de questions. Libre à vous d’en trouver d’autres.

Adressez-vous à vos élèves : Toi, jeune citoyen responsable, je te donne la parole :

Chapitre 1

Aux yeux du Prince, que représentent la justice et la liberté ?
Et pour toi, que représentent la justice et la liberté ?
Qui représente le pouvoir dans ce royaume ?
Ce royaume est-il une démocratie ou dictature ? Explique la signification de ces deux mots.
Cite 3 pays démocratiques et 3 dictatures dans le monde…
« Plus que quiconque, les femmes souffraient de ce pouvoir » : donne 2 exemples qui prouvent cette affirmation.
Dans le conte, comment les hommes justifient-ils le sort misérable réservé aux femmes ?
Pourquoi les femmes ne sont-elles pas en mesure de pouvoir contester cette explication ?

Chapitre 2


La femme du Prince à deux missions importantes. Lesquelles ?
Envies-tu la situation de la Princesse ? Si oui, pourquoi ? Si non, pourquoi ?
« Dieu ne pouvait qu’être l’allié du Prince » : que penses-tu de cette affirmation ? Dieu, ou la religion, doivent-ils soutenir le pouvoir politique ?
Quel est le rôle des prêtres dans le royaume ? Trouve des comparaisons avec l’histoire de Jésus dans la Bible ou avec des dictatures en Amérique du Sud ou en Europe.
Une future maman qui redoute la naissance d’une fille, cela n’existe que dans les contes. Vrai ou faux ? Donne des exemples (voir dans la 3ème étape le chapitre 1 sur la naissance et l’éducation des filles).
Est-ce un chat qui a appris à tes parents le sexe de leur futur bébé ?

Chapitre 3

N’y a-t-il que les femmes qui souffrent dans le royaume ? Quelle est la condition des hommes paysans ? (cfr. la phrase de la princesse à la paysanne : Ton fils, dans ta campagne, sera un esclave comme tous les autres).
Que penses-tu du secret que partagent la Princesse et la paysanne ?
Dans la Bible, connais-tu un autre bébé qui a été trouvé dans un berceau flottant sur une rivière et élevé comme un prince ? (Histoire de Noé, prince d’Egypte)
Une servante complice échangea les deux bébés. Aurais-tu accepté d’être la servante complice ? Justifie ta réponse.
« Seuls les hommes participent à la fête, les femmes en sont exclues. » Si tu es une fille, t’est-il arrivé de te sentir exclue de certaines activités (dans ta famille, à l’école,…)

Chapitre 4

« Le Prince fit donner à son fils la meilleure éducation pour qu’il devienne un grand souverain à son tour. » Que penses-tu de l’éducation donnée au Prince à son « fils ». Est-ce vraiment la « meilleure éducation » ?
Quelles sont les qualités du fils ? Crois-tu que ces qualités sont suffisantes pour faire un bon dirigeant ?
Si tu pouvais, comme le chat persan, « troubler » la conscience du Prince, que lui dirais-tu ? Fais un dessin du chat avec ton message au Prince dans une bulle.
« Nombreux furent les paysans qui tentèrent de fuir le pays. » Pourquoi ce sont surtout les paysans qui veulent quitter le royaume ?
Aujourd’hui, existe-t-il des gens qui tentent de fuir leur pays ? Comment les appelle-t-on ? Pour quelles raisons tentent-ils de fuir ? Comment sont-ils accueillis en Europe ?
La fille du Prince parvient à étudier en Europe et à « trouver sa place dans cette société nouvelle ». Est-ce aussi simple pour les personnes étrangères de s’intégrer dans un nouveau pays ? Quelles sont leurs difficultés ?
« Je viens demander si en tant qu’être humain, je peux rester ici ». (Extrait de « Bureau National des Allogènes » de Stanislas Cotton. Que réponds-tu à cette demande ?
« Avec d’autres jeunes gens, elle participait à des groupes qui s’efforçaient de changer le monde ». Connais-tu des organisations qui proposent aux gens de rejoindre un groupe pour changer le monde ? Lesquelles ?

Chapitre 5

« C’était un homme ; il ne voulait pas s’abaisser à des tendresses indignes de son rang ». Est-ce normal pour un homme de ne pas être tendre ? Pourquoi ?
Pourquoi Leila veut-elle retourner dans son pays ?
Pourquoi doit-elle retourner clandestinement ? Explique le mot « clandestin ».
Leila parvient à convaincre les femmes de son pays que leur sort est inacceptable. Vrai ou faux ? Justifie ta réponse.
A quel pays te fait penser le royaume du Prince ? Pourquoi ?
Leila se fait arrêter et est mise en prison. Pour quelles raisons ? Y a-t-il des pays où l’on jette en prison les gens pour leurs idées ? Comment appelle-t-on ces prisonniers ? Comment peut-on les défendre ?
Décris les conditions de détention des femmes en prison. Comment qualifier ce type de conditions ?
Que veut dire le mot « adultère » ? Est-il normal de punir la femme adultère et non le mari qui trompe sa femme ? Dans quels pays condamne-t-on les femmes à mort par lapidation lorsqu’on les soupçonne d’adultère ? (ex. : Arabie Saoudite, Nigeria…Pour plus d’informations, voir le site d’Amnesty sur les femmes : www.droitsdesfemmes.net).

Chapitre 6


« Les fondements que tu évoques n’ont rien de sacré », dit Leila au Prince. Comment Leila explique-t-elle que la religion a été détournée de son sens dans le Royaume ?
Sali a tué Leila. Pourquoi ? A ton avis, comment faut-il punir Sali ?
Est-ce Sali qui est responsable de la mort de Leila, ou est-ce la façon dont il a été éduqué ? Crois-tu qu’il aurait commis ce crime s’il avait été éduqué dans le respect des femmes ?
Quelles sont les mesures prises par le Prince après la mort de sa fille ? Compare la fin du conte avec la situation en Afghanistan (voir 3ème partie, chapitre 7 : l’Aghanistan, un pays anti-femmes qui change petit à petit).
Cette histoire se finit bien ou mal ? Qu’en penses-tu ? Pourquoi ?

Questions - pistes de réflexions générales sur le conte

Quel rôle joue le chat dans ce conte ? Si tu avais participé à l’écriture de ce conte, aurais-tu choisi aussi un chat ? Explique.
Dans la plupart des pays, les femmes osent-elles se révolter comme Leila ? Pouquoi a-t-il fallu attendre le retour de Leila pour que les choses évoluent dans son pays ?
As-tu entendu ou vu récemment des informations liées aux droits des femmes ? Lesquelles ?
Si tu portes un regard critique sur la situation des femmes de ton environnement proche, qu’as-tu envie de dire ?
Les femmes et les hommes ont-ils les difficultés dans notre société ? Explique.
Quelles sont tes idées pour que les droits des femmes soient mieux respectés

 dans ton pays ?

 dans ta commune ?

 dans ton école ?

 dans ta famille ?


3° Pour en savoir plus sur les droits des femmes et pour agir à long terme

Amnesty International a édité un dossier pédagogique plus important sur les droits des femmes. Vous pouvez obtenir ce dossier via notre site internet www.aibf.be ou sur le site d’Amnesty consacré aux femmes www.droitsdesfemmes.net

Vous pouvez également nous le commander au prix de 2,5 €.

Ce dossier contient une série d’exercices pédagogiques et de jeux se rapportant à différents thèmes Pour déjà vous donner un aperçu du contenu de ce dossier, voici son sommaire :

Introduction : Les rapports hommes- femmes dans l’histoire
La situation générale des femmes dans le monde
Egalité hommes-femmes
L’esclavage domestique
La traite des êtres humains
Les femmes en temps de guerre
Les femmes et l’Islam
Le port du voile à l’école
« Les crimes d’honneur »
Les femmes en Afghanistan
Les femmes en Arabie Saoudite

Vous pouvez également commander les nombreux rapports d’Amnesty consacrés aux droits des femmes.

Pour le secondaire, vous pouvez également emprunter les outils suivants :

Exposition Femmes

11 panneaux A3 présentant différents volets des mauvais traitements et tortures infligés aux femmes partout dans le monde. Location gratuite. Disponible dans différentes régions de Belgique francophone.

Cassette Vidéo
« Femmes, une égalité de droit » : documentaire de 18 min. sur les violations à l’égard des femmes dans le monde.

Si vous désirez agir en faveur de femmes victimes de mauvais traitements, de violences, de peines injustes… contactez Amnesty International ou rendez-vous sur le site d’Amnesty consacré aux droits des femmes : www.droitsdesfemmes.net


POUR TOUT CONTACT

Amnesty International
Secteur Jeunesse
9, Rue Berckmans
1060 Bruxelles

Tel. 02/543 79 08
Fax. 02/537 37 29
jeunes@aibf.be

www.aibf.be

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