4.5. Violences et discriminations à l’égard des femmes

La violence contre les femmes représente
un des plus grands scandales de notre

époque en matière de droits humains.

De
la naissance à la mort, en temps de paix
comme en temps de guerre, les femmes
sont confrontées à la discrimination et à la
violence dont se rendent coupables les
États, la société ou les familles. Ce phénomène
traverse toutes les cultures et toutes
les couches sociales.

Pour en savoir plus sur cette thématique,
reportez-vous au dossier Papiers Libres
2004 « La violence contre les femmes »

MATHÉMATIQUES, STATISTIQUES

Un village mondial

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé
(OMS), trois femmes sur cinq dans le
monde ont connu à un moment de leur vie
une situation de violence (physique, morale
ou sexuelle).
Comment la violence contre les femmes
apparaît-elle dans un monde à l’échelle
d’un village mondial de 1000 habitants (les
chiffres sont basés sur des statistiques des
Nations Unies, de l’OMS, et d’organisations
gouvernementales et non gouvernementales)
 ?

 500 sont des femmes. Ce devrait être
510, mais 10 ne sont pas nées du fait des
avortements sélectifs basés sur le sexe
du bébé à venir, ou sont mortes dans les
premières années de leur vie par
manque de soins.

 300 sont des femmes asiatiques.

 167 femmes sont battues ou exposées à
des violences au cours de leur vie.

 100 femmes sont victimes de viol ou de
tentative de viol pendant leur vie.

Vous pouvez demander à vos élèves de
présenter les chiffres ci-dessus à l’aide de
graphiques (en colonne ou en camembert)
ou de les transformer en pourcentages.

RÉDACTION, RÉFLEXION

L’histoire de Chen Guangcheng

Cet avocat aveugle est
devenu connu dans son
pays pour avoir pris la
défense des femmes
victimes d’avortements
forcés.
Il a été condamné en
août 2006 à une peine d’emprisonnement
pour « dégradation de biens publics » et pour
« rassemblements de personnes bloquant la circulation
 ».

Sa femme et ses avocats ont également subi
des intimidations et des menaces de la part
des autorités chinoises.
Vous pouvez lire son histoire romancée
dans « Chen, une lumière dans la nuit »
paru aux éditions Averbode (en vente chez
Amnesty au prix de 7,5 Euros).

Vous pouvez proposer à vos élèves d’écrire
des lettres demandant la libération de cet
avocat.

Voir la dernière action urgente en cliquant ici

Informez-vous auprès d’Amnesty pour
savoir si l’action est toujours en cours.


ÉQUILIBRE HOMMES/FEMMES DANS LA
SOCIÉTÉ

En Asie, notamment en Chine et en Inde,
les garçons sont préférés aux filles.
Résultat : grâce aux techniques d’échographie,
des femmes avortent lorsqu’elles
apprennent qu’elles attendent une fille.

Le nombre total des hommes dépasse de 37
millions celui des femmes, faisant de la
Chine le pays avec le plus haut déséquilibre
hommes-femmes.

Amartya Sen, prix Nobel d’économie en
1998, a inventé l’expression « femmes
manquantes » pour désigner ce phénomène.
Si la Chine respectait la norme, elle compterait
environ 60 millions de femmes
supplémentaires, selon Isabelle Attané,
auteur d’une enquête sur le sujet (Une Chine
sans femmes ?, d’Isabelle Attané, éd. Perris,
2005).
Pour en savoir plus :

http://www.chineinformations.
com/...

Témoignages

Selon Isabelle Attané, des femmes chinoises
sont toujours maltraitées ou répudiées par
leur mari si elles se montrent « incapables »
d’enfanter un mâle. Un journaliste chinois
témoigne : « À l’hôpital de Taozhu, au Zhejiang,
nous avons rencontré une paysanne qui tenait
une fillette nouveau-née dans les bras. Elle nous a
dit que son mari les avait abandonnées en apprenant
que l’enfant était une fille ! ».

Mme Zhao raconte : « Ma belle-famille est de la
campagne de Haidian. Alors que j’étais enceinte,
une personne du village m’a dit que selon mon
apparence j’allais donner naissance à un fils.
Dans ma belle-famille, on m’appela alors « 
guobao » (trésor du pays) et on ne me laissait rien
faire. Comme j’ai accouché d’une fille par césarienne,
mon mari m’a veillé pendant trois jours
et trois nuits. Une fois sortie de l’hôpital, ma
belle-mère m’insultait sans cesse et je pleurais
presque quotidiennement. Vingt-trois jours après
l’accouchement, elle voulut que mon mari divorce
et se remarie avec une autre jeune femme pour
qu’elle lui donne un fils. J’ai été obligée de quitter
la maison de mes beaux-parents en emportant
ma fille. »


Recherche

Ce type de situation est-elle spécifique à
l’Asie ? Trouvez d’autres exemples dans le
monde, où la préférence pour les garçons
provoque le rejet des filles.

FRANÇAIS / LITTÉRATURE

« Si les hommes et les femmes
pouvaient […] décider du
sexe de leurs enfants,
certains peuples ne choisiraient
que des garçons… »

Amin Maalouf, dans « Le
premier siècle après
Béatrice » (Livre de Poche).

Dans ce roman, Amin
Maalouf imagine un
monde pas si lointain où un médicament
permet aux femmes et aux hommes d’être
sûr de ne concevoir que des garçons. Cette
poudre de perlimpinpin va petit à petit
ravager le monde de Béatrice, la fille du
narrateur. En effet, le déséquilibre des naissances
provoque de nombreux problèmes :
impossibilité de trouver une compagne (ce
qui génère de la violence), sensation d’eugénisme
pour les minorités, accentuation
du fossé entre le Nord et le Sud, entre les
riches et les pauvres…


Recherche

Comparez le roman d’Amin Maalouf avec la
situation en Chine ou dans d’autres pays
asiatiques.

FÉMINISME A LA CHINOISE

La littérature féminine chinoise reflète les
différentes périodes d’ouverture et de repli
qu’a connu la Chine au cours du siècle
passé.

En 1919, lors du mouvement du 4 Mai, la
jeunesse étudiante remet en cause la
société traditionnelle et prône l’émancipation
des femmes. Dans le même temps, les
écrivains abandonnent la langue classique
(wenyan) pour la langue parlée (baihua). La
Chine s’ouvre à la modernité en s’inspirant
de l’Occident. L’écrivaine Ding Ling (1904-
1986) publie dans une revue Le journal de
Mademoiselle Sophie, dans lequel elle
conte les aventures amoureuses et sexuelles
d’une jeune femme. La critique crie au
scandale. Il n’empêche. La Chine, qui à
l’époque pratique encore le mariage forcé
et bande les pieds de ses filles, a engendré
un roman féministe ! (Extrait du dossier
spécial Chine, Lire, avril 2004).

Pour accéder à ce dossier, cliquez ici

D’autres romans écrits par des femmes ont
connu un grand succès (voir plus bas).

Aujourd’hui, dans une société essentiellement
machiste, les thèmes du féminisme
font une percée par le biais de la culture
marchande et de la publicité. Ainsi, sur un
site internet féminin de Pékin, on trouve
un jeu permettant aux femmes de se
choisir un homme imaginaire et de s’en
occuper virtuellement. Ce site est ouvert
aux hommes comme aux femmes, mais il
renverse les rôles traditionnels, les femmes
pouvant établir les règles du jeu de la relation
et l’homme devant en revanche se laisser dompter pour plaire à sa maîtresse.

[Source : Courrier International Hors Série
« La Chine des Chinois », Juin 2005.]

POUR EN SAVOIR PLUS

ROMANS

- Le palanquin des
larmes
de Chow
Ching Lie, Éd. J’ai
lu, 1978

Biographie d’une
femme dans la
Chine de Mao Tse
Tung. Un regard
critique sur la
condition de la
femme qui ne
tombe pas pour autant dans un excès de
féminisme.

Pas de rancoeur mais une force de vivre
inouie qui est écrite avec simplicité. Un
livre très touchant, dans lequel on s’immerge
dès les premières pages. Une
découverte des coutumes chinoises
également.

Une femme lucide, à l’écriture envoûtante.
Voir aussi le film inspiré du roman.

- Le Journal de Ma Yan, Ma
Yan / Pierre Haski, éd.
J’ai Lu.

Cette petite fille
chinoise nous donne
une bonne leçon d’humilité
en nous rappelant
que les choses
fondamentales de la
vie sont l’éducation et l’amour de sa
famille. Elle essaie de se rendre digne de
l’amour de ses parents et surtout de sa
mère qu’elle admire et qu’elle adore,
même si elle ne la comprend pas
toujours bien. Elle crie aussi au monde
entier combien le système chinois est
très injuste pour les filles.

- Chinoises de Xinran, éd. Philippe
Picquier, Poche

Pendant huit ans, de 1989 à 1997,
Xinran a présenté chaque nuit à la radio
chinoise une émission au cours de
laquelle elle invitait les femmes à parler
d’elles-mêmes, sans tabou. Elle en a
rencontré des centaines. Avec compassion,
elle les a écoutées se raconter et lui
confier leurs secrets enfouis au plus
profond d’elles-mêmes. Épouses de haut
dignitaires du Parti ou paysannes du fin
fond de la Chine, elles disent les souffrances
incroyables qu’elles ont enduré :
mariages forcés, viols, famille décimée,
pauvreté ou folie... Mais elles parlent
aussi d’amour.

- Beaux seins, belles fesses de Mo Yan, éd. du
Seuil

D’abord interdit par la censure, ce livre
a ensuite été réédité et a même reçu un
prix. Il aborde à la fois la difficile condition
des femmes et l’affrontement ou la
combinaison des cultures occidentale et
chinoise tout au long du XXe siècle.
Ce qu’en dit l’auteur : « Le titre du livre
exprime la fécondité de cette femme. Avec huit
enfants, filles et garçons, elle est un symbole
de la générosité de la terre chinoise. Au cours
des six premiers chapitres, j’en fais une mère
grandiose, qui endure les souffrances de la
guerre puis de la famine. Mais, ensuite, on
découvre que si cette femme est exceptionnelle,
elle n’incarne vraiment pas une histoire
édifiante : ses enfants ont sept pères différents,
car son mari est impuissant. Or, si elle veut
garder sa place au sein de la famille, il lui
faut avoir des enfants, et notamment des fils.
Elle est donc obligée de coucher avec des
hommes qu’elle n’aime pas. A la sortie de mon
roman, certains ont trouvé que je donnais une
image infamante de la femme chinoise, ce qui
n’est pas mon avis : je dénonçais au contraire
la survie d’un certain féodalisme qui oblige les
femmes à coucher avec d’autres hommes,
simplement pour être mères et conserver une
place au sein de la famille chinoise. »

(Extrait du dossier spécial Chine, Lire,
avril 2004)

- Tu es une rivière, de Chi Li, éd. Actes Sud

À 37 ans, Lala est veuve et élève seule ses
sept enfants. Mère Courage bourrée de
défauts qui la rendent d’autant plus
attachante et palpable, elle réunit la
peur, la honte et la culpabilité héritées
de siècles de soumission au mâle, mais
aussi la conscience de la force que
chacune recèle en elle et que l’avenir
peut être moins sombre.

- La couleur du bonheur de Wei-Wei, éd.
Denoël ou L’Aube poche.

Mei Li raconte à sa petite fille son
mariage forcé et sa vie de femme dans
une Chine en pleine mutation.

ESSAI


Une Chine sans femmes ?
, d’Isabelle Attané,
édi. Perris, 2005.
Si la Chine respectait la norme, elle
compterait environ 60 millions de
femmes supplémentaires. C’est un des
constats effrayants, parmi bien d’autres,
révélés par ce livre. Une enquête
passionnante sur la condition des
femmes en Chine.

FILMS / DOCUMENTAIRES


Epouses et Concubines
, de Zhang Yimou,
d’après les nouvelles de Su Tong. (Lion
d’argent au Festival de Venise)

Chine du Nord, dans les années 20.
Songlian, jeune fille de 19 ans,
contrainte d’abandonner ses études à la
mort de son père, se résigne à devenir la
quatrième épouse d’un riche maître.
Chaque jour, une lanterne rouge est
allumée devant la porte d’une des
épouses, signe des faveurs du maître,
donc du pouvoir qu’elle prend dans la
maison. A travers une initiation aux
rites du clan, le film met en scène,
durant quatre saisons, les intrigues des
femmes pour attirer l’attention du
maître et assurer leur suprématie.

- Pas un de moins (Not one less) de Zhang
Yimou (Lion d’or au Festival de Venise
1999)

Wei, 13 ans, remplace son instituteur
Gao, qui doit s’absenter pendant un
mois. Wei ne sera payée que si sa classe
reste au complet. Un jour Zhang, un
petit garçon ne répond pas à l’appel.
Wei met tout en oeuvre pour le
retrouver.

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