4.2. La violence congugale.

4. 2) La violence conjugale

“ La violence commence où la parole s’arrête ”
Marek HALTER.

Par violence conjugale, il faut comprendre “violence dans le couple”, peu importe si ce couple est marié ou non, hétérosexuel ou homosexuel...
Nous détaillerons ici particulièrement les formes de violences conjugales contre les femmes, qui sont de loin les plus fréquentes, bien que les hommes puissent également en être victimes. Les actes de violence contre les femmes dans le couple peuvent être verbales, physiques, psychologiques, sexuelles et économiques

Les violences verbales :

Les violences verbales s’entendent dans la voix, le ton. Elles se caractérisent par des cris, des hurlements. Elles créent un sentiment d’insécurité, de peur et instaurent une profonde détresse psychologique. Cette forme de violence est malheureusement plus fréquente qu’on ne le pense.
Ces violences installent la peur de mal faire, la crainte de ne pas répondre aux attentes, des sentiments d’anxiété et d’insécurité.

Les violences psychologiques :

Les violences psychologiques sont une dévalorisation systématique de la personne par des attitudes ou des propos méprisants, par l’humiliation ou par le chantage. Elles instaurent un contrôle constant qui se manifeste par exemple à travers une attention excessive à l’apparence du/de la personne,( son habillement, sa coiffure, son maquillage, etc.). Les violences psychologiques ont un effet négatif sur l’estime de soi de la victime ; elle est renvoyée à une image d’incompétence, de nullité, à force d’être insultée ou ignorée. La victime perdra confiance en elle, l’équilibre mental de la victime se détériore progressivement. Peu à peu s’installent le doute de soi, le désespoir, une acceptation passive. La victime s’isole, s’enferme dans sa honte, ne prend plus d’initiative. Dès lors, elle risque de devenir plus vulnérable aux autres formes de violence.
Les violences psychologiques sont difficiles à déceler car elles passent souvent inaperçues et ne sont pas considérées comme une forme de violence. Pourtant, leurs conséquences sont désastreuses, elles détruisent l’estime et la confiance en soi.

Les violences physiques :

Les violences physiques font référence aux coups et blessures. L’agresseur utilise cette forme de violence quand la victime manifeste encore trop d’indépendance à son goût, quand il n’a pas réussi à contrôler tous ses comportements. Il passe à la brutalité et à la contrainte physique : gifles, coups de poings, coups de pieds, sévices, strangulations. Le recours aux objets domestiques est fréquent lors de l’agression : brûlures par cigarette, coups portés au moyen d’une ceinture, utilisation ou menace d’une arme telle que couteau, outils...

Les violences économiques :

Les violences économiques se traduisent par une privation d’accès aux ressources financières propres et/ou aux ressources du ménage. Au quotidien, elles se manifestent par le fait de tout décider en choisissant toutes les dépenses, en refusant d’impliquer la victime au niveau du budget, en contrôlant ses revenus, en lui reprochant ses moindres dépenses, voire en l’empêchant de conserver un emploi ou d’encaisser son salaire. Contracter des dettes, mettre le ménage en situation d’endettement est également une façon de déposséder la victime de toute autonomie financière et de l’empêcher de quitter l’agresseur.

Les violences sexuelles :

Les violences sexuelles sont une atteinte à l’intégrité sexuelle par des pratiques forcées ou par le viol. Ces violences peuvent prendre la force d’activités humiliantes accomplies de force telles qu’avoir des rapports sexuels avec d’autres partenaires, se prostituer, etc.

Source : Céline COX, Géraldine HARDY, Liliane LEROY, Outils d’animation pour des relations amoureuses égalitaires, Service d’études des Femmes Prévoyantes Socialistes, avril 2003.

JEU
Classez ces différentes formes de violence conjugale dans leur catégorie :

  Ton copain ou ta copine t’espionne lorsque tu sors avec des amis(e)s

  Ton copain ou ta copine t’insulte et te ridiculise, parce que ton look ne lui plaît pas

  Ton copain ou ta copine t’oblige à accepter des pratiques sexuelles dont tu n’as pas envie

  Ton copain ou ta copine te prend ton argent pour ses propres besoins

  Ton copain ou ta copine casse tes disques préférés pour se venger de quelque chose que tu lui as fait

  Ton copain ou ta copine t’humilie devant tes amis, en te disant que tu n’es bon(ne) à rien

  Ton copain t’encourage à prendre de l’alcool ou de la drogue pour partager le même feeling

  Ton copain ou ta copine fouille sur ton GSM pour vérifier tes messages

Proposez à vos élèves d’imaginer des scènes pour illustrer chaque type de violence, en inventant des dialogues.

Pour aller plus loin :

Le groupe “Femmes solidaires contre la violence” a réalisé avec le GSARA une cassette vidéo comprenant huit scènes mettant en exemple différents types de violence chez un public jeune dans leur relation de couple. Cette cassette est destinée à une animation avec des élèves du secondaire. Pour plus d’informations :

DEBAT

Faites réagir vos élèves à ces différentes phrases. Vous pouvez intervenir à l’aide des arguments proposés.

“La jalousie est une preuve d’amour”.
La jalousie est un sentiment d’insécurité qui démontre un manque de confiance en soi. Elle peut déboucher sur une possessivité maladive.

“S’il la frappe, c’est qu’elle l’a cherché ! Souvent les femmes provoquent et s’étonnent après de recevoir des coups”.
Il existe beaucoup de situations différentes dans lesquelles on entend ce genre de phrases. Proposez aux élèves de trouver des exemples.
Veillez à ce que chacun puisse s’exprimer.
Terminez le débat par l’unique conclusion acceptable : personne ne mérite d’être frappé. Qu’il y ait provocation ou non, rien n’excuse la violence. Elle ne règle pas les problèmes et elle réduit souvent la victime au silence.

“Les filles peuvent aussi se montrer violentes envers les garçons !”
Evidemment, la violence n’est pas exclusivement masculine. Donc, la condamnation de la violence doit s’appliquer à toutes les situations, qu’elles qu’en soient les auteurs et les victimes.
Mais dans une écrasante majorité des cas, ce sont les hommes qui sont violents envers les femmes et non l’inverse.

“Certaines filles déclarent avoir été victimes de viol alors qu’elles étaient consentantes !”
Il peut arriver que des femmes fassent de fausses accusations de viol, pour attirer l’attention ou pour se venger. Comme dans toute affaire criminelle, c’est à la police et à la justice qu’il revient de vérifier le témoignage de la personne qui se prétend victime, quitte à poursuivre cette dernière en cas de faux témoignage ou de diffamation. Mais il vaut toujours mieux prendre la peine de porter une affaire à la connaissance de la police que de se taire, car c’est la seule façon d’alléger la souffrance des victimes et d’éviter de nouvelles violences.

"Les femmes victimes de violences restent parfois avec l’homme qui les bat parce qu’elles aiment ça."
Non, si elles restent, c’est parce qu’elles ont l’espoir d’un changement, ou parce qu’elles ont peur de se voir retirer les enfants, ou parce qu’elles n’ont pas les moyens économiques pour se débrouiller toute seule, parce qu’elles ont peur des représailles, d’un chantage au suicide, parce qu’elles ne connaissent pas bien leurs droits, craignent la réprobation de leur entourage...

Pour en savoir plus

www.ifeelgood.be : ce site des mutualités socialistes propose notamment un jeu intéractif pour les jeunes : “ Teste ton couple ”.
Vous trouverez dans le chapitre 9.1 une liste d’associations qui peuvent vous aider à approfondir ces questions.

Le cycle de la violence

Au quotidien, on s’énerve parfois pour des petites choses anodines. Dans les couples qui sont sujets à la violence, ces tensions s’accumulent car elles sont difficilement verbalisées. Petit à petit, la tension monte puis la phase d’explosion surgit. L’explosion de la violence apparaît souvent dans des moments de stress pour l’agresseur, comme par exemple lors d’une perte d’emploi, une mise au chômage ou an contraire un surcroît de travail, des difficultés financières, une maladie, les décès d’une personne importante, la naissance d’un enfant, etc.

- Phase de construction des tensions

Lors de cette première phase, l’agresseur subit des frustrations dans différents domaines de sa vie. Il éprouve des difficultés à les verbaliser et à s’en défaire. Progressivement, l’agresseur commence à menacer la victime en exprimant parfois directement de la battre. L’incompétence de la victime devient le prétexte de la violence.

- Phase d’explosion

L’agresseur passe à l’acte, il ne contient plus ses frustrations, il explose. Cela peut aller très loin et
mettre très gravement en danger la vie du- de la partenaire.

- Phase d’accalmie

Après cet incident grave et passé l’état de choc, la victime traverse une phase d’ambivalence, partagée entre la colère, l’envie de se protéger, d’être respectée et le désir de pardonner à son/sa partenaire.
L’agresseur prend conscience qu’il pourrait perdre son/sa partenaire, or il a besoin de sa victime pour combler ses besoins affectifs, nourrir son image personnelle et conserver sa position de domination. Il va alors utiliser différentes stratégies pour éviter cette séparation. La victime en arrive à se sentir responsable des comportements violents de son- sa partenaire.

- Phase de “lune de miel”

L’agresseur se sent mal et il tente de faire oublier les événements passés. Il s’excuse, avoue qu’il a dépassé les limites et promet que ça n’arrivera plus jamais. Durant cette phase de “Lune de miel”, il se montre chaleureux et attentif envers son- sa partenaire, lui fait des cadeaux. La victime en arrive à croire que la violence est un épisode isolé qui ne se reproduira plus.
Cette phase peut durer plusieurs jours, semaines, mois, voire des années. Les victimes ne perçoivent pas le cycle de la violence. Elles vivent chaque agression comme un épisode isolé. Cette dernière phase terminée, dès qu’il y aura d’autre stress de la vie quotidienne, le cycle recommencera. Plus le cycle se répète, plus la période de rémission se réduit.

Source : Céline COX, Géraldine HARDY, Liliane LEROY, Outils d’animation pour des relations amoureuses égalitaires, Service d’études des Femmes Prévoyantes Socialistes, avril 2003.

Qui sont les hommes qui battent leur femme ?

On a parfois tendance à croire que les hommes violents sont issus de milieux défavorisés. Selon un rapport du Conseil de l’Europe, au contraire, “ l’incidence de la violence domestique semble même augmenter avec les revenus et le niveau d’instruction ”. Ce rapport montre par exemple que, aux Pays-Bas, “ presque la moitié de tous les auteurs d’actes de violence à l’égard des femmes sont titulaires d’un diplôme universitaire ”. En France, selon les statistiques, l’agresseur est en majorité un homme bénéficiant par sa fonction professionnelle d’un certain pouvoir. On remarque une proportion très importante de cadres (67 %), de professionnels de la santé (25 %) et d’officiers de la police ou de l’armée. Mais la pauvreté constitue aussi un facteur de violence, comme on peut le lire au chapitre 3.5. Enfin, la violence contre les femmes est parfois plus difficile à détecter dans certains milieux sociaux ou religieux, plus fermés sur eux-mêmes.

Source : Ignacio RAMONET, Violences mâles, Le Monde Diplomatique, juillet 2004.

En fait, il n’existe pas de profil type d’auteur de violence, pas plus qu’il n’existe de profil type de victime !

En Belgique, les hommes violents peuvent ou doivent (en cas de décision judiciaire) être suivis par un service spécialisé, comme l’asbl "Praxis" à Liège.

DEBAT

Pensez-vous que les hommes violents ont des traits communs ? Lesquels ? Pourquoi deviennent-ils violents ?

CHANSON

Découvrez les paroles de “ Classée sans suite ”, sur “ Cité des Etoiles ”, le nouvel album du chanteur de ZEBDA, MAGYD CHERFI.
Que raconte cette chanson ? Pourquoi Minnie ne veut-elle pas montrer aux autres ce qui lui arrive ? Expliquez le titre de la chanson.

Classée sans suite (M. CHERFI / M. CHERFI, Imhotep) Edition : LKP/HIJACK

Elle dit qu’elle est tombée seule dans l’escalier
Elle dit “ j’ai glissé ” et remet son tablier
C’est son seul habit qu’elle a vite recousu
Elle demandait pas la lune elle ne l’a pas eu

Elle dit qu’elle s’est cognée la tête contre un placard
Et qu’elle a glissé dans le couloir
Et puis les hommes à qui elle a rendu visite
Et puis les hommes ont dit... mais tu connais la suite

Minnie

Et du mercurochrome elle en a des flacons
Elle dit c’est un pot de fleur qu’est tombé du balcon
Elle s’est mis un foulard, un foulard on s’y fait
Un foulard non ! c’est pas le chat qui l’a griffé

Elle est bien chez elle alors pas de sortie
Pour moins que ça d’autres seraient déjà parties
Et puis les états d’âme ça fait des amis
Mais les amis c’est bon pour ceux qu’ont des amis
Minnie

Si tu connais les hommes tu connais la suite
Mais tu les connais y z’ont dit classée sans suite

Minnie sourit on l’aurait cru si ce n’était
Qu’elle porte n’importe quoi des pulls en plein été
Une trace et Minnie se maquille à l’arrache
C’est pas qu’elle veut m’ais faut pas que les gens sachent

Ca l’a rend pas plus jolie plus heureuse mais
A quoi sert d’être belle quand on sort jamais
Elle a mal et c’est pas pour ça qu’elle fait la malle
Elle a mal et c’est pas ce qui fait le plus mal

Minnie

Si tu connais les hommes tu connais la suite
Mais tu les connais y z’ont dit classée sans suite

Minnie a mis ses deux poings serrés entre ses dents
Mais Minnie n’a pas de caries c’est évident
Et puis quoi se dit-elle si on croit que j’suis morte
Non ! Y’a personne qui vient frapper à ma porte

Puis elle a la tête enfoncée dans l’oreiller
Le petit ! Il dort ! Faut pas le réveiller
Y se réveille et pour pas qu’il devienne un salaud
Elle fait un sourire et se remet au boulot

Minnie

Si tu connais les hommes tu connais la suite
Mais tu les connais y z’ont dit classée sans suite

Viol conjugal.

Fariba est afghane (le nom a été changé). A l’âge de huit ans, elle a été donnée en mariage à un homme de quarante-huit ans. Elle a, semble-t-il, subi des sévices sexuels de la part de son époux. Un proche de la fillette a saisi de son cas des responsables gouvernementaux ; Fariba a été retirée de la maison de son mari et placée dans un orphelinat. Aucune inculpation pénale n’a été prononcée contre le père de la fillette ou son époux, et le divorce ne lui a pas été accordé.

De nombreuses femmes estiment ne pas pouvoir refuser les rapports sexuels avec leur mari, et dans certains pays, les lois ne reconnaissent pas la notion de viol conjugal : en se mariant, une femme est donc sensée avoir donné un consentement permanent aux rapports sexuels. Ainsi, selon l’article 375 du code pénal indien, “un rapport sexuel entre un homme et sa femme, âgée de quinze ans au moins, ne constitue pas un viol.”

En Belgique, le viol dans le couple est condamné par la loi depuis 1993, mais peu de femmes sont au courant du fait qu’elles peuvent porter plainte, ou ne le font pas par crainte de représailles.

DEBAT

La femme doit-elle être considérée comme “appartenant” à son mari ? Qu’est-ce que cela signifie ?

Pour en savoir plus :

  "La violence nuit gravement à l’amour", brochure pour les jeunes éditée par la Communauté française, Direction de l’égalité des chances, disponible au 0800/ 20 000 ou à l’adresse egalite@cfbw.be

  Collectif liégeois contre les violences familiales et l’exclusion www.cvfe.be

  Ça se discute. Viol ou agression sexuelles ? Dossier comprenant définitions et explications.
www.casediscute.com/2003/008_viol/dossier/dossier_01.shtml

  La violence conjugale, c’est quoi au juste ? Site québecois.
http://iquebec.ifrance.com/rosess/Violence_Conjugale.htm

  Je suis victime de violence domestique. Que faire ? Site suisse
http://www.prevention-criminalite.ch/display.asp?menu=01070400&language=FR

  Viol et contrainte sexuelle : définition, informations et conseils. Site suisse.
http://www.viol-secours.ch/informations/info_violence_sexuelle_viol.htm

  Vous êtes victime de violences au sein de votre couple ... ” Site très complet sur les différents types de violences. Site français. http://www.sosfemmes.com/violences/violences_menu.htm

  Violence conjugale : législation comparée entre différents pays européens
http://www.senat.fr/lc/lc86/lc86.html

  Solidarité Femmes. Le piège de la violence conjugale. Site suisse.
http://www.noogo.com/solidarite/piege.htm

  Site créé par Natalie CONSTANTIN, qui a été longtemps victime. Forum.
http://www.violence-conjugale.fr.st/

  Nathalie ZEBRINSKA La guerre secrète, Vaincre la violence conjugale,, L’Harmattan, 2003.

  Ignacio RAMONET, Violences mâles, Le Monde Diplomatique, juillet 2004.

  Elisabeth KULAKOWSKA, Brutalités sexistes dans le huis-clos familial, Le Monde Diplomatique, juillet 2002.

  La campagne du ruban blanc : Jean-Paul GRAVER, Des hommes opposés aux violences masculines à l’égard des femmes,
www.eurowrc.org/01.eurowrc/06.eurowrc_fr/belgique/03belgique.htm

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