Conclusion générale :

Apprendre à lutter à contre-courant pour sauver l’espoir.
Pour le journaliste et essayiste Jacques Attali, on peut établir des liens directs entre les discriminations et le terrorisme. Selon lui, les jeunes qui ont commis des attaques terroristes à New York, Madrid ou Londres n’ont pas été subitement suicidaires ou trop faibles pour obéir à des maîtres diaboliques. « S’ils se sont laissé, beaucoup plus que d’autres, entraîner vers l’extrémisme jusqu’à se donner la mort, c’est d’abord en raison d’une faille très profonde de nos sociétés, qu’il importe de bien comprendre si l’on veut éviter des désastres bien pires encore ».
Ainsi, selon Jacques Attali, il faut remettre en cause la façon dont on applique la valeur qui fonde notre démocratie et notre économie, à savoir la liberté individuelle. Pour lui, pour être légitime, il faut que la liberté soit réelle, « c’est-à-dire que chacun ait les mêmes chances de réaliser ses aspirations. Autrement dit, que le travail paie également pour tous. Or, aujourd’hui, ce n’est manifestement pas le cas. Ni à l’intérieur de nos sociétés, où les plus défavorisés n’ont que très peu de chances d’accéder à l’enseignement supérieur et sont condamnés, au mieux, à des études de second rang. Ni dans le monde, où le travail ne paie pas de la même façon au Bangladesh, au Sénégal et à Bruxelles, et où la liberté de circulation des marchandises, des idées et de l’argent est totale, alors que celle des talents est étroitement surveillée. »
« Nous avons le choix entre deux attitudes : rendre notre modèle de société réellement universel, chez nous et dans le monde, en appliquant scrupuleusement le principe qui lui donne son sens : « À travail égal, salaire égal ». Et, plus généralement : « À talent égal réussite égale ». Ou bien, pour protéger nos acquis, nous bunkériser, dans nos quartiers, contre le plombier polonais et l’adolescent marocain ; et bientôt contre beaucoup d’autres. (...) Il ne nous reste plus qu’à choisir entre l’effort de justice et l’effort de guerre ».212
Mais, avant même de donner à tout le monde les mêmes chances sur le plan professionnel, ne faut-il pas faire un énorme travail d’éducation aux droits humains, en évitant de stigmatiser une communauté en particulier ? Cela implique une réelle prise de conscience de la société comme un ensemble interdépendant, où chaque personne peut se sentir solidaire d’une autre, même si elle n’appartient pas au même « groupe ». La philosophie et les droits humains peuvent nous aider à dépasser la peur et les clivages, à développer l’empathie ou la capacité de se mettre à la place de l’autre pour tenter de comprendre ce qu’il ressent.
Les conflits d’identité et les discriminations ne sont pas une fatalité. Il est toujours possible de chercher des solutions, et de tout faire pour mieux se connaître entre voisins, entre groupes, entre cultures, religions et nationalités. L’histoire nous apprend que les civilisations qui se referment sur elles-mêmes finissent par s’effondrer.
Les États ont le devoir de prévenir les actes terroristes et de punir leurs auteurs, mais cela ne peut se faire en mettant de côté les droits humains. Au contraire, pour faire face à de telles menaces, les gouvernements devraient renforcer la primauté de la loi et le respect des droits humains, chez eux comme dans le monde. Avec l’exemple de la Bosnie, du génocide rwandais, des massacres au Congo, pour ne citer que quelques exemples récents, nous savons les conséquences que peuvent avoir la manipulation du sentiment identitaire et le recours aux discriminations. Nous ne pouvons rester sans réagir.
Partout dans le monde, des personnes luttent contre les discriminations et ont besoin de notre soutien. Elles risquent leur vie et leur sécurité pour défendre l’esprit de la Déclaration universelle des droits de l’Homme : chacun naît égal en droits et ces droits s’appliquent à tous, sans distinction. C’est cet idéal qu’Amnesty tente de faire partager par son combat pour un monde plus juste.

Pistes pédagogiques :
questions a poser a vos eleves (voir liste ci-dessous)
n Quels sont les étiquettes ou les mots péjoratifs
utilisés à l’encontre de ces personnes ?
n Pourquoi utilise-t-on ces mots ou étiquettes ?
n Quels droits sont violés dans le cas d’une discrimination envers ces personnes ?
n Comment réagirais-je si on utilisait ces mots ou étiquettes contre moi ou contre une de mes connaissances ?
n Comment changer le langage pour qu’il soit moins discriminatoire sans être politiquement correct ?

liste de personnes victimes de discriminations
n Personne appartenant à une communauté linguistique
n Personne appartenant à une communauté religieuse
n Personne appartenant à une communauté culturelle
n Personne de statut social élevé/bas
n Gens du voyage
n Homosexuel(le) et/ou transgenre
n Personne présentant un handicap
n Personne porteuse de maladie
n Personne de petite/grande taille
n Personne de corpulence forte ou anorexique
n Personne ayant un visage disgracieux
n Personne appartenant à une minorité visible (Noir, Asiatique, gothique, motard, ...)
n Personne ayant fait de la prison
n Personne âgée
n Jeune
Activité pédagogique :
Première partie : identifier les différents préjugés associés à un groupe de personnes en fonction de leur appartenance, ensuite identifier les droits violés lors de discriminations envers ces mêmes personnes.
Deuxième partie : se mettre à la place de ces personnes et essayer de comprendre et d’imaginer leurs réactions face aux discriminations.
Troisième partie : comment changer le langage pour qu’il soit adapté à la réalité de ces personnes sans tomber dans le politiquement correct.
Vous pouvez également proposer à vos élèves de créer leur propre grille d’analyse en nommant eux-mêmes les groupes susceptibles d’être victimes de préjugés et de discriminations puis de recenser les préjugés et discriminations auxquels sont confrontés ces groupes.

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