I.5.1.3. Au Rwanda
Le génocide tutsi

La population du Rwanda et du Burundi (dans la région des Grands Lacs de l’Est africain) est formée de deux ethnies : les Hutu et les Tutsi. Accentué durant la colonisation belge, le clivage ethnique se traduit après l’indépendance par des meurtres collectifs entre les deux ethnies, dès 1959, puis en 1963 et en 1972. Dès 1962, l’Etat rwandais assure son pouvoir en renforçant ce clivage ethnique sur fond de crise sociale et économique.
En 1994, une faction extrémiste du gouvernement et de l’administration de l’Etat rwandais, dirigé par des Hutu, fait massacrer des opposants politiques hutu et des intellectuels tutsi. Puis commence la mise à mort systématique des Tutsi qui forment environ 10% de la population du Rwanda. La tuerie est orchestrée par les milices de la garde présidentielle mais la population civile hutu (hommes et femmes) y collabore. Un carnage organisé, qui fait 800 000 morts et un million de réfugiés. Les tueurs se cachent souvent parmi les réfugiés entassés dans des camps au Congo et en Tanzanie.43
Selon Amnesty International, onze ans après le début du génocide au Rwanda, le génocide, la guerre et le sida ont contribué à l’apparition d’une génération d’enfants orphelins vivant dans la plus grande pauvreté et vulnérables à toutes formes d’abus et d’exploitation.
Dans un nouveau rapport sur le Rwanda disponible en français et intitulé Rwanda : Vouées à la mort , les victimes de viol atteintes par le VIH/SIDA (index AI : AFR 47/007/2004), Amnesty International décrit à quel point les survivants du génocide et du conflit de 1994 sont restés marqués et traumatisés par ce qui s’est passé ; souvent marginalisés, ils ont peu accès aux soins médicaux.
Les femmes ayant été victimes de viol (s) restent les plus marquées par le génocide. Les Nations Unies estiment qu’entre 250 000 et 500 000 viols ont été commis. Beaucoup de femmes vivent aujourd’hui après avoir été contaminées par des maladies sexuellement transmissibles, notamment par le virus du sida ; elles n’ont que très peu d’espoir de pouvoir recevoir des soins médicaux ou d’obtenir une quelconque réparation. 80% de ces femmes ayant survécu à des viols souffriraient toujours de traumatismes graves.
Bien que l’accès aux soins médicaux se soit amélioré, la grande majorité de ces femmes ne peut qu’espérer en la prise en charge de leurs enfants après leur mort. Dans ce rapport, Amnesty International lance un appel au gouvernement rwandais pour qu’avec l’aide de donateurs internationaux, il favorise l’accès aux soins médicaux de toutes les personnes ayant subi des violences sexuelles ou autres.
« Mon premier mari a été tué durant le génocide. J’avais un bébé de trois mois, mais j’ai quand même été violée par les miliciens... Depuis que je sais que j’ai été contaminée par le VIH, mon [deuxième] mari a dit qu’il ne pouvait plus vivre avec moi. Il a demandé le divorce et m’a laissée avec trois enfants, je ne sais pas comment faire pour payer la nourriture, le loyer, l’école... mon plus grand souci est de savoir ce qu’il va advenir de mes enfants après ma mort », a raconté une survivante des viols à Kigali.
Pour en savoir plus

  Sur le site d’Amnesty International : http://www.amnestyinternational.be/, vous trouverez plusieurs articles sur le sujet.

  Sur le site de Résistances : www.resistances.be/ibuka00.html, vous trouverez un dossier complet sur le génocide du Rwanda.
Bibliographie

  Ancien reporter à Libération, Jean Hatzfeld a quitté le journalisme pour se pencher sur le génocide rwandais. Après Dans le nu de la vie44, dans lequel il rapportait les récits des rescapés tutsis, il sort un nouvel ouvrage consacré cette fois aux tueurs des marais, Une saison de machettes,45 Jean Hatzfeld raconte ses entretiens avec les auteurs du massacre.

  Dans Histoire d’un génocide, Emmanuel Goujon écrit le drame du génocide rwandais. A travers de courtes nouvelles, l’auteur explore les sensations humaines, rapporte le récit des victimes et des survivants. Sans manichéisme aucun, il donne aussi un visage et une histoire à ces hommes devenus assassins et tombés dans la folie fratricide. Un livre pour comprendre.
FilmS

  Loin du Rwanda, réalisé par Hubert Sauper. L’histoire : 100 000 Hutus, ethnie génocidaire, ayant fui le Rwanda après le génocide de 1994 par crainte de représailles, sont retrouvés, par hasard, par les Nations Unies en pleine forêt vierge congolaise. Après trois ans d’exode. Harassés de fatigue, décimés par la maladie et la famine, cibles des différents groupes armés de la région, parmi lesquels les ex-Forces armées rwandaises, les milices Interahamwe ou banyamulengues. Nous sommes en pleine chute du régime Mobutu. Les troupes zaïroises sont en déroute sous la pression des troupes du « Libérateur » Kabila.

  Quelques semaines avant la onzième commémoration du génocide des Tutsis, un film britannique, « Hôtel Rwanda », est présenté au cinéma. Ce film du réalisateur Terry George est une œuvre qui devrait marquer plusieurs générations.

  Après, un voyage dans le Rwanda (2005 - Denis Gheerbrant, France). Dix ans après le génocide ayant déchiré le Rwanda, le cinéaste Denis Gheerbrant est parti seul dans ce pays qui tente toujours de se reconstruire. Il y rencontre les survivants et les orphelins, créant avec eux un lien indicible, dans lequel il entrevoit quel fut le sort de cette région d’Afrique.

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