I.5.3. En Afrique du sud : l’apartheid

En Afrique du Sud, en 1909, le SOUTH AFRICA ACT proclame l’union des quatre colonies (Cap, Natal, Orange et Transvaal). Les Boers ou Africaners, immigrés blancs, peuvent dès lors faire valoir leurs conceptions traditionnelles en matière de relations raciales. Après la Seconde guerre mondiale, les Afrikaners arrivent au pouvoir et font inscrire dans la législation l’apartheid (séparation en langue afrikaans). Cette politique, fondée sur la suprématie politique de la communauté européenne, impliquait la séparation des zones d’habitats pour préserver la culture européenne face aux différents groupes raciaux. En 1950, chaque citoyen devait être en possession d’une carte d’identité mentionnant sa race.
Le Dr Malan, chef du gouvernement sud-africain en 1948, justifiait l’apartheid en ces termes : « La différence de couleur n’est que la manifestation physique du contraste qui existe entre deux modes de vie inconciliables, entre la barbarie et la civilisation, entre le paganisme et le christianisme... Il en était ainsi à l’origine et dans l’ensemble il en est ainsi maintenant ».58
Cette politique, ouvertement raciste, prétend officiellement et institutionnellement assurer le « développement séparé » des communautés, sans que l’une exploite une autre, selon les mots de son théoricien, le docteur Hendrik Verwoerd.54
Toute la vie quotidienne est rigoureusement codifiée par un ensemble de lois extrêmement précises pour chaque communauté, allant jusqu’aux bancs publics assignés à tel groupe racial. Tout citoyen devait détenir une carte d’identité précisant sa « race ».
Les mariages interraciaux sont interdits et les relations sexuelles entre Blancs et autres races étaient punies d’une peine pouvant atteindre sept ans de prison.55
L’habitat, l’enseignement, les mouvements de personnes, l’emploi, etc. sont réglementés de façon à séparer les groupes.
Seuls les Blancs bénéficient des garanties d’un régime démocratique. Ils sont les seuls à pouvoir siéger au Parlement. Les Asiatiques et les métis constituent le milieu de l’échelle au bas de laquelle se trouve la population noire.56
Des États ethniques, les Bantoustans (ou Homeland), sont créés sur les terres ancestrales. Économiquement peu viables, ils enferment des populations entières dans des îlots privés de richesse naturelle et d’industrie, sans accès au commerce international. Dans ces enclaves noires autonomes, les Africains jouissent de leurs droits politiques.
Le système engendre des frustrations, bien sûr chez les Noirs et autres groupes désavantagés, mais aussi chez certains Blancs libéraux, notamment à travers l’ANC (African National Congress). Le régime contesté réagi de manière souvent violente, au mépris des idéaux démocratiques qui le fondent.57 Le système de l’apartheid, en contradiction totale avec les principes des Nations Unies, a pu néanmoins jouir d’une grande complaisance des États occidentaux jusqu’aux sanglantes émeutes de Soweto en 1976. Leur écho international a enfin forcé l’Europe et les États-Unis au boycott économique de ce pays et à la cessation des livraisons d’armes.
Soweto a marqué le début du mouvement irrésistible de désintégration de l’apartheid. Il faudra tout de même attendre 1994 pour voir disparaître ce système de domination politique d’une minorité blanche sur la population majoritaire noire.58

RECHERCHE
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Film
Une saison blanche et sèche, réalisé en 1989 par Euzhan Palcy, avec Donald Sutherland et Marlon Brando.
Johannesburg, 1976. Ben du Toit, professeur d’histoire, Afrikaner bien-pensant, va tout -à-coup se révolter et prendre position lorsque son jardinier noir, Gordon et son jeune fils Jonathan, vont être arrêtés, torturés et tués au nom de l’apartheid.

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