Bahreïn

GHADA JAMSHEER,
inculpée pour diffamation.

Ghada Jamsheer, militante des
droits humains, a comparu
devant un tribunal en juin
2005. Elle était inculpée d’outrage
à magistrat ainsi que de diffamation
envers un juge aux affaires
familiales et envers le mari d’une
victime de violences domestiques.
Le premier chef d’inculpation
était lié à des pétitions et à des
articles publiés entre octobre 2002 et juin 2003 par le
Comité de la pétition des femmes, dont Ghada Jamsheer
est la responsable. Constitué en octobre 2002, ce groupe fait
campagne en faveur de la réforme des tribunaux de statut
personnel et de la codification des lois relatives à la famille.
Ghada Jamsheer a nié tous les faits qui lui étaient reprochés
et la plupart des charges qui pesaient sur elle ont été abandonnées
ou classées sans suite. Elle reste cependant inculpée
de diffamation envers un juge.

Pour plus d’informations, consulter la déclaration
publique d’Amnesty International, Bahrain : Ghada Jamsheer at
risk of imprisonment (MDE 11/002/2005), disponible sur :
http://web.amnesty.org/library/Inde...

Abbas Abd Ali et Musa Abd Ali, agressés
pour avoir défendu les droits des
chômeurs.

Dans la nuit du 5 au 6 juillet 2006, Abbas Abd Ali,
membre du Comité des chômeurs et frère de Musa
Abd Ali, l’un des fondateurs de cet organisme, aurait
été agressé près de son domicile. Selon les informations
recueillies, plusieurs voitures ont entouré son véhicule après
qu’il eut décliné son identité. Des hommes en civil l’ont alors
fait sortir et l’ont violemment frappé. Retrouvé inconscient
plusieurs heures plus tard, il a dû être soigné à l’hôpital.
Le 29 novembre 2005 vers 1 heure du matin, des hommes
en civil avaient enlevé Musa Abd Ali près de son domicile et
l’avaient emmené dans un lieu isolé non loin de là, dans le
quartier Al Akr Al Gharbi de Manama. Ils l’auraient alors
frappé, dévêtu et menacé de violences sexuelles, lui
enjoignant de faire cesser les activités du Comité des
chômeurs.

Pour plus d’informations, se référer à la déclaration
publique d’Amnesty International, Bahreïn : des défenseurs des
droits humains menacés (MDE 11/002/2006), disponible sur :
http://web.amnesty.org/library/Inde...

INFORMATIONS GENERALES

Bien qu’aujourd’hui le Royaume du Bahreïn soit une île d’à
peine 691 km2, il a été l’une des capitales culturelles et
scientifiques du monde arabo-musulman du VIe au XVIIIe
siècle. A cette époque, le royaume tirait sa puissance de sa position
stratégique sur les principales routes commerciales de la
région et des richesses que lui rapportent la culture perlière.
Jusqu’à l’invasion des Portugais en 1521, le Barheïn comprenait
également les provinces du Qatlif et de Ahsa (aujourd’hui
en Arabie Saoudite) et s’étire de Basrah à Oman. La domination
portugaise de l’île, quoique brutale, ne dure que jusqu’en 1602.
En prise avec les autres puissances européennes, les Portugais
ne peuvent faire face aux insurrections des Bahreïnis. Le Bahreïn
passe alors sous contrôle perse de 1602 à 1783, ce qui
explique qu’aujourd’hui 70% des Musulmans bahreïnis sont
chi’ites.

En 1783, le clan sunnite Al-Khalifa prend le pouvoir et fait
du Bahreïn un Émirat arabe indépendant de la puissance
perse. Un traité est signé entre les Al-Khalifa et les Britanniques
en 1861. Ce traité place le Bahreïn sous protectorat britannique,
et assure
une protection au
régime sunnite en
cas d’agression.
Les différents
émirs de la dynastie
Al-Khalifa
modernisent le pays
et développent les
infrastructures
pétrolières, ce qui
permet un enrichissement
rapide des
populations.
En 1968, la
Grande-Bretagne
annonce qu’elle ne
souhaitait pas
reconduire les
accords de protectorat
avec les « États
de la Trêve » (Bahreïn, Qatar, Abu Dhabi, Ajman, Dubaï, Fujairah,
Ras al-Khaimah, Sharjah et Umm al-Qaiwain). Ces derniers
projettent alors de s’unir dans une fédération, mais ne parvenant
pas à se mettre d’accord sur les termes et conditions de ce
projet. Le Qatar et le Bahreïn proclament leur indépendance
en 1971.

Afin de préserver le pouvoir du clan Al-Khalifa, de plus en
plus contesté par la majorité chi’ite bahreïnie, l’Émir Isa ibn
Salman Al-Khalifa instaure un régime autoritaire, suspend le
pouvoir législatif de l’Assemblée et fait adopter, par décret,
la loi de Sécurité d’État en 1975. Cette loi autorise les
autorités à arrêter et à emprisonner des personnes
sans qu’elles ne soient jugées, au nom de la sécurité
de l’État. Elle est complétée par une série de mesures
qui banalise des pratiques comme la détention
arbitraire et l’usage de la torture. Les autorités mènent une
politique de répression extrêmement dure à l’égard des
membres de l’opposition Chi’ite. La crise atteint son
paroxysme dans les années 1990, quand l’opposition fait circuler
des pétitions demandant la restauration de l’Assemblée
Nationale et la convocation d’élections législatives. Plusieurs
chefs religieux chi’ites sont arrêtés, ce qui provoque des émeutes
durement réprimées.

Hamad Ben Issa Al-Khalifa succède à son père en 1999,
avec le désir de mettre fin à la crise politique. Il abroge les lois
de Sécurité d’Etat et promet de redonner son pouvoir à l’Assemblée
Nationale. En 2001, il propose l’adoption d’une Charte
Nationale qui rétablit la Constitution de 1973, mais attribue le
pouvoir législatif à une chambre basse démocratiquement élue
(Assemblée Nationale) et une chambre haute, dont les membres
sont choisis par l’Emir. Devant les objections de l’opposition,
l’Emir assure que la chambre haute n’aura qu’un rôle d’expertise-
conseil. La Charte Nationale est adoptée par référendum en
2001, avec 98,4% de votes favorables.
Toutefois, l’Emir promulgue une nouvelle constitution en
2002, où les deux chambres ont autant de pouvoir l’une que
l’autre. Depuis, les principaux groupes d’opposition boycottent
les élections législatives et exigent des amendements à la Constitution
de 2002, afin que l’Assemblée Nationale retrouve la totalité
du pouvoir législatif.

DROITS HUMAINS

Les autorités continuent à arrêter des personnes pour avoir
exprimé leur opinion sur le gouvernement et la famille royale.
Les forces de sécurité font un usage excessif de la force et la
peine de mort continue d’être appliquée.
En avril 2005, le gouvernement a soumis au Parlement une
nouvelle loi antiterroriste qui punit de mort quiconque est
déclaré coupable d’avoir commis ou planifié des actes de terrorisme.
Des défenseurs des droits humains et certains parlementaires
ont dénoncé ce texte comme étant une tentative de restriction
excessive des libertés.

Pour plus d’informations, se référer au Rapport 2006 d’Amnesty
International, disponible sur :
<http://web.amnesty.org/report2006/b...>

PISTES PÉDAGOGIQUES

 Débat sur les liens entre richesse économique et respect
des droits humains

On prétend souvent que le développement économique d’une
région va lui apporter une plus grande stabilité, ce qui
entraîne automatiquement un plus grand respect des droits
humains. Que pensez-vous de cette thèse, à la lumière de ce
qui se passe dans ces pays très riches que sont les Etats du
Golfe et l’Arabie Saoudite ? Pensez-vous que la communauté
internationale est aussi vigilante à l’égard de ces pays qu’à
l’égard de pays plus pauvres ?

Voir les documents d’Amnesty sur l’Arabie Saoudite :
<http://web.amnesty.org/library/fra-...>
et sur les Emirats Arabes Unis :
<http://web.amnesty.org/library/fra-...>

 Introduction à la religion musulmane :
Présenter l’histoire et la philosophie de l’Islam. Expliquer
les différents courants, ainsi que leurs enjeux politiques dans
le Moyen-Orient. Sur les débuts de l’Islam, voir le film
« Le Message » de Moustapha Akkad (1976), disponible en DVD
à la Médiathèque.

Lire : « Le Soleil d’Allah brille sur l’Occident : Notre héritage
arabe » par Sigrid Hunke, Solange de Lalène, et Georges de
Lalène (éd. Albin Michel) : portrait de l’âge d’or de l’Islam et
de son rayonnement sur le monde.

Discuter de l’hypothétique incompatibilité entre islam et
droits humains. Trouver des points de vue différents à l’aide
de ces ouvrages :
 Tahar Ben Jelloun, L’Islam expliqué aux enfants, Seuil, 2002 :
pour une approche générale de la religion islamique, de ses
fondements et de sa richesse.

 Mohamed Charfi, Islam et libertés. Le malentendu historique,
Albin Michel, 1998. L’auteur, professeur de droit à
Tunis, suggère plusieurs pistes pour ancrer l’Islam dans la
modernité.
 Voir aussi le documentaire « Terres d’Islam », dvd disponible
à la Médiathèque (TF1, 52 min., 2005).
n Sur la thématique du pétrole : étudier les techniques
d’exploitation, les alternatives, les enjeux économiques, environnementaux,
géostratégiques, sociaux et politiques (économie
rentière).

Consulter le site de l’Institut Français du Pétrole, disponible
sur :
<http://www.ifp.fr/IFP/fr/decouverte...>

Se référer :
 au dossier Le pétrole : ordre ou désordre mondial ? de la revue
Questions Internationales, n°2, 2003

 au dossier Géopolitique de l’Energie de la Revue Française de
Géopolitique, n°2, Ellipse, 2004

 à la fiche pédagogique Les États du Golfe, la spécificité de ses
migrations liée au pétrole , dans le dossier d’Annoncer la Couleur
Penser l’accueil autrement, 2002. Disponible auprès
d’Annoncer la Couleur : 02/213 12 06. Pour aller plus loin :
L’énergie à petits pas , ouvrage pédagogique pour les jeunes
de 8 à 14 ans, Actes Sud Junior, 2003.

Projeter et étudier :
 l’émission de Carnet d’Histoire Parallèle (Arte) consacrée au
Pétrole du Moyen-Orient. Téléchargement locatif disponible
sur :
<http://www.artevod.com/programDetai...>

 Syriana de Stephen Gaghan (2005), qui propose une réflexion
intéressante sur l’exlpoitation du pétrole et le terrorisme au
Moyen Orient.

Utiliser le jeu de rôle sur le pétrole proposé par Marylène
Michelini, disponible sur :
<http://www.geoeco.ulg.ac.be/lmg/did...>
et la fiche proposée par le site en faveur de la décroissance économique
 :
<http://decroissance07.free.fr/fiche...>

 Faire une présentation historique de la dynastie Al-
Khalifa
(origine géographique et clanique, accession au pouvoir,
politique).

.Se référer à des ouvrages d’histoire générale du Bahreïn et
du Qatar :
 Olivier Da Lage, Gérard Grzybek, Le Jeu des six familles, Autrement,
1985
 Rémy Leveau, Frédéric Charillon, Monarchies du Golfe, La Documentation
française, 2005
 Remy Leveau, Abdellah Hammoudi, Monarchies arabes : transition
et dérives dynastiques,

Documentation française, 2002.

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