Bangladesh

Les défenseurs des droits humains pris
pour cible.

Des centaines de défenseurs des droits humains au
Bangladesh ont reçu des menaces de mort. Beaucoup
ont été grièvement blessés et continuent de
nécessiter un suivi médical. Plusieurs journalistes engagés
dans la défense des droits humains ont subi des mutilations
aux doigts ou aux mains, de telle sorte qu’ils ne peuvent plus
tenir un stylo.
Depuis l’an 2000, au moins huit défenseurs des
droits humains ont été assassinés par des individus dont
on pense qu’ils sont liés à des bandes criminelles armées ou
aux factions armées de partis politiques. À cause des
menaces persistantes, de nombreux défenseurs des droits
humains ont dû quitter l’endroit où ils vivaient.
Les attaques contre les défenseurs des droits humains se
poursuivent au Bangladesh, quel que soit le gouvernement
au pouvoir. Les gouvernements successifs se sont systématiquement
abstenus de protéger les personnes en
danger, d’enquêter sur les atteintes aux droits humains
et de traduire les responsables présumés en justice.

NAZMUL IMAM

Nazmul Imam est
journaliste pour
le quotidien
national Manavzamin
dans le district de Kushtia.
En 2001, il a écrit
plusieurs articles dans
lesquels il affirmait
qu’un membre du Parlement
était impliqué dans différentes activités illégales
(notamment meurtre, vol qualifié, collecte d’argent provenant
d’un racket, enlèvement contre rançon et comportement
menaçant d’un groupe politique en vue d’obtenir des
voix pendant des élections).
Le 27 mai 2002, Nazmul Imam a été attaqué par au
moins six hommes. Il a reçu cinq coups de couteau ainsi
que des coups, notamment sur l’oeil gauche. Il a déclaré : « Ils
ont découpé une bande de chair de mon pouce et m’ont dit
qu’ils faisaient ça pour que j’arrête d’écrire. »
La police de Kushtia a tout d’abord refusé d’enregistrer
sa plainte. Une enquête a par la suite été ouverte, mais
il semble qu’elle fasse l’objet d’ingérences visant à ralentir le
cours de la justice : au moins trois enquêteurs ont été remplacés
et certaines informations indiquent que l’enquête repart
de zéro à chaque fois.

Pour plus dinformations, se référer à Amnesty Internationa,
Bangladesh : Human rights defenders under attack,
2005, disponible sur :
<http://web.amnesty.org/library/inde...>


INFORMATIONS GENERALES

Au lendemain de la partition de l’Empire des Indes Britanniques
en 1947, l’actuel Bangladesh était une province
du Pakistan. Il n’est devenu indépendant qu’en
décembre 1971, après plus de neufs mois de lutte armée d’une
violence extrême (Guerre de Libération du Bangladesh),
auquel l’Inde a également pris part. S’en suit une longue
période d’instabilité politique où les dictatures s’enchaînent,
rythmées par des coups d’Etat périodiques (1975, 1977, 1982).
Bien que la démocratie soit officiellement réinstaurée
en 1991, le Bangladesh connaît depuis quelques année une
escalade de la violence. Les séries d’attentats à l’explosif, et
l’absence de réaction adéquate du gouvernement ont entraîné
le Bangladesh vers une grave crise des droits humains. Dirigée
par le Bangladesh Nationalist Party (BNP, Parti nationaliste du Bangladesh),
la coalition de quatre partis au pouvoir a, dans un premier
temps, mis en cause l’Awami League (Ligue Awami), principal
parti d’opposition, avant de reconnaître qu’elle était
confrontée à la montée de l’activisme islamiste. Deux groupes
islamistes – le Jamaat ul Mujahideen-Bangladesh (JMB, Assemblée
des combattants
du Bangladesh) et
le Jagrata Muslim
Janata-Bangladesh
(Peuple des musulmans
éveillés du
Bangladesh) ont
été interdits au
mois de février
2005.

La Banque
mondiale a annulé
le financement de
trois projets de
développement en arguant de la corruption des autorités.
Pour la cinquième année consécutive, l’organisation non gouvernementale
Transparency International a désigné le
Bangladesh comme le pays le plus corrompu au monde.
En octobre 2006, le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP) et
ses alliés des formations musulmanes céderont le pouvoir à un
gouvernement intérimaire, qui sera chargé d’organiser des élections
nationales dans un délai de 90 jours. La tâche ne sera pas
aisée. La troisième manche, depuis 1996, de la “bataille des
deux Bégums” (dames de haut rang), qui oppose le Premier
ministre, Khaleda Zia, et Sheikh Hasima, la dirigeante de la
Ligue Awami, le principal parti d’opposition, se disputera sur
fond de montée de l’extrémisme islamiste, mais les courants
politiques dominants devraient rester résolument laïcs.
Le Bangladesh est un des pays les plus régulièrement
inondés, ce qui provoque des milliers de morts, des déplacements
de populations, des maladies… L’eau est également un
enjeu politique et suscite des tensions avec l’Inde.
Avant même la naissance du pays en 1971, les Pakista-
nais appréhendaient le partage des eaux du Gange. La
signature en 1996 du traité des eaux du Gange entre
l’Inde et le Bangladesh a plus ou moins mis fin aux problèmes,
mais l’Inde et le Bangladesh partagent 54 rivières, or
seul le Gange a fait l’objet d’un accord. La décision du gouvernement
indien de construire un immense barrage de 1 500 MW
sur la rivière Barak, sur la frontière qui sépare l’Etat d’Assam du
Manipur, à 100 km au nord de la frontière avec le Bangladesh,
fait craindre à Dacca l’assèchement de deux de ses rivières. Avec
ses 145 millions d’habitants qui s’entassent sur une superficie
deux fois moindre que la France, le Bangladesh n’a pas d’eau à
perdre. (Le Monde du 25 mai 2006)
En avril 2006, des paysans protestant contre des coupures
d’électricité sont sévèrement réprimés par la police. On
compte six morts, parmi lesquels un jeune garçon de 10 ans. Des
témoins ont déclaré que des policiers avaient tiré à balles réelles
avec des AK 47, ainsi que des balles en caoutchouc, et qu’ils
avaient lancé du gaz lacrymogène pour disperser la foule, qui a
répliqué à coups de bâton et de machette. Selon des médias
locaux, environ 300 personnes ont été blessées, dont une
vingtaine de policiers (voir communiqué d’Amnesty du 12 avril
2006).

Le Bangladesh est souvent qualifié d’atelier textile de la
planète. Mais les ouvriers travaillent dans des conditions déplorables
et ne reçoivent qu’un salaire de misère.
Sept usines incendiées, un manifestant tué par la
police, une cinquantaine de blessés... Dacca, capitale du Bangladesh,
et ses faubourgs ont vécu, les 22 et 23 mai, deux journées
noires. Des dizaines de milliers d’ouvriers du textile
s’étaient rassemblés pour réclamer une hausse de salaire de
57 %. Payés 7 takas (10,2 centimes d’euro) par pull-over, les protestataires
en demandaient 11 (16 centimes) et exigeaient de ne
plus travailler 7 jours sur 7, mais seulement 6. (Le Monde du 30
Mai 2006).
Bien qu’il soit toujours parmi les pays les plus pauvres du
monde, il a fait le premier pas sur le chemin du développement
grâce à son ouverture croissante aux échanges internationaux.
Dans ses prévisions pour 2006, le Courrier International
prévoit que la hausse de l’inflation, la cherté du pétrole et l’affaiblissement
de la monnaie locale – pour ne rien dire de la
confusion du climat politique – compliqueront singulièrement
la gestion économique. De nouvelles règles commerciales et une

rude concurrence chinoise contraindront le secteur de la confection
à procéder à des ajustements. La question des exportations
de gaz vers l’Inde, politiquement épineuse, évoluera lentement.
Malgré tout, l’économie tiendra bien le cap. Des inondations
dévastatrices sont certes toujours à craindre, mais la probabilité
d’une catastrophe humanitaire débouchant sur une crise économique
est désormais moindre. Le rôle des investissements étrangers,
notamment dans le secteur énergétique, sera plus important.
L’aide internationale et l’exceptionnel réseau
d’organisations non gouvernementales dont dispose le pays
compenseront les défaillances de l’Etat pour assurer la fourniture
de biens et de services. Le microcrédit continuera de représenter
un mécanisme modèle de création de débouchés pour les
pauvres du monde en développement. (Courrier International
hors série « Le monde en 2006 », décembre 2005).

DROITS HUMAINS

L’aggravation des violences, souvent imputables à des
groupes islamistes, touche la plus grande partie du pays. Les
principales cibles des attaques sont des défenseurs des droits
humains, des avocats, des juges, des militants de l’opposition et
des membres des groupes minoritaires ; des lieux de culte sont
également visés. La violence contre les femmes reste très
répandue. Au moins trois personnes ont été exécutées en 2005.
Les violences perpétrées contre les groupes minoritaires,
notamment les Hindous, les Chrétiens, les Ahmadis et les populations
tribales des Chittagong Hill Tracts, sont largement
impunies. Ainsi, 22 familles ahmadies viennent encore de
subir des menaces de mort de la part d’un groupe islamiste (voir
communiqué d’Amnesty du 22 juin 2006). En prenant pour cible
la communauté ahmadie, les groupes islamistes cherchent
semble-t-il à contraindre le gouvernement de céder à leur revendication
concernant l’application d’une loi islamique plus
stricte au Bangladesh. Ces groupes espèrent recueillir le soutien
massif des catégories les plus pauvres et les moins représentées
de la société, qu’ils pensent pouvoir séduire en faisant appel à
leurs convictions religieuses.

Pour plus d’information se référer au Rapport 2006 d’Amnesty
International, disponible sur :
http://web.amnesty.org/report2006/b...>

PISTES PÉDAGOGIQUES

 Faire une brève présentation de l’Empire des Indes
Britanniques
(colonisation, partition, présentation des pays
Bangladesh, Bhoutan, Inde et Pakistan).

 Projeter et discuter de l’interview des défenseurs de
droits humains (en anglais), disponible sur
<http://emedia.amnesty.org/banglades...>

 Aborder la thématique du travail des enfants (débat,
présentation des enjeux, du droit des enfants, des pays
concernés).
Vous pouvez utiliser le coffret pédagogique de l’Organisation
Internationale du Travail, disponible sur :
<http://www.ilo.org/iloroot/public/f...>

 Faire une recherche sur la Grameen Bank, lancée par le
professeur d’économie Yunus. Il s’agit d’une des premières
banques à avoir osé prêter de l’argent à des femmes pauvres,
sous forme de mini crédits. Vous pouvez emprunter au CNCD
la vidéo "Grameen Bank, la banque des pauvres". Plus d’infos
sur <http://www.cncd.be/>

 Aborder la thématique du commerce équitable : les
vêtements que nous portons sont souvent importés d’Asie,
mais nous ignorons dans quelles conditions ils sont fabriqués.
Pour mener une réflexion sur le sujet, vous pouvez
contacter la plate-forme « Vêtements propres » et emprunter
une expo ou un film. Voir le site <http://www.vetementspropres.
be/
>

 Littérature
Chercher des citations de Rabindranath Tagore, écrivain,
artiste et philosophe dont la famille était originaire de ce qui
est aujourd’hui le Bangladesh, fut lauréat du Prix Nobel de
littérature en 1913. Prônant l’harmonie entre Hindous et
Musulmans, Tagore exaltait les vies simples et leurs misères.
L’un de ses poèmes est devenu l’hymne national du Bangladesh,
Amar Shona Bangla (Mon Bengale doré).

 Documentaires : projeter et disctuter de :

 Bangladesh : l’eau qui tue, émission TEMPS PRÉSENT (1999),
disponible à la Médiathèque.
 Femmes à contre-courant : les femmes du Bangladesh sont
submergées : de travail, d’enfants, d’humiliations. Leur naissance
est malheur pour leur famille. Et, cependant, au plus
profond de la misère, ces femmes ne sont pas soumises. Elles
se battent, elles se regroupent, elles s’associent. Disponible
au CNCD. Voir <http://www.cncd.be/>

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