Colombie


Soraya Gutierrez Arguello et sa fille, menacées.

Soraya Gutierrez
Arguello, 38
ans, est une avocate
qui défend les victimes
de violations des
droits humains. Elle
est la présidente de
l’Association d’Avocats
José Alvear
Restrepo
(http://www.colectivodeabogados.
org/
),
une ONG qui promeut
les droits humains et
lutte contre l’impunité
au moyen d’actions
juridiques. Elle a déjà
défendu des victimes
de sévères violations
des droits humains,
notamment des victimes
de massacres
commis par les forces
de sécurités colombiennes ou par les groupes paramilitaires,
souvent leurs complices pour les « sales » besognes ,
comme le massacre « Alaska » dans lequel 24 personnes ont
péri.

Soraya a mené la campagne nationale contre l’adoption
de la « Loi pour la justice et la paix », une loi controversée qui
accorde l’impunité et des récompenses financières aux paramilitaires
qui remettent leurs armes.
La Colombie est un des endroits les plus dangereux au
monde pour les défenseurs des droits humains : en 2004 seulement,
plus de 26 d’entre eux furent assassinés. Soraya a survécu
à une tentative d’assassinat en 2003.
Soraya et sa fille de sept ans ont reçu de nombreuses
menaces de mort : en mai dernier, elles ont trouvé, dans
leur boîte aux lettres, une poupée mutilée couverte de vernis
à ongle rouge. Une note accompagnait la poupée : « Tu as une
très belle famille – prends garde qu’elle ne soit pas sacrifiée ».

Pour plus d’informations se référer à l’article Front Line
annonce la liste des finalistes pour son prix 2006, disponible sur :
<http://www.frontlinedefenders.org/f...>
Consulter également l’action urgente d’Amnesty International,
AMR 23/024/2003, disponible sur :
<[http://web.amnesty.org/library/Index/FRAAMR230242003?op
en&of=FRA-COL]>


INFORMATIONS GENERALES

Les Espagnols s’installent dans les territoires formant l’actuelle
Colombie au milieu du XVIe siècle. En 1549, ils proclament
la création d’une colonie espagnole ayant pour
capitale Santa-Fé de Bogotá. En 1717, la Colombie est intégrée à
la Vice Royauté de Nouvelle-Grenade qui comprend également
les territoires de l’actuel Venezuela, Panama et Équateur. La présence
d’or en Colombie fait rêver beaucoup de colons, mais
ceux-ci s’enrichissent surtout grâce à l’exploitation des populations
autochtones et des esclaves africains.
En 1810, les provinces de la Vice Royauté décident de
rompre avec leur métropole. Mais la répression espagnole
est sanglante et il faut attendre les victoires de Simón Bolivar
sur les troupes coloniales pour que soit proclamée l’indépendance
de la Colombie en 1813. Le Libertador crée, en 1819, la
Fédération de la Grande Colombie, comprenant l’ensemble
des anciennes provinces de la Vice-Royauté.
Bolivar rêvait
d’une Amérique
Latine indépendante
et unie. Il
libère également
le Pérou et la
Bolivie. Mais son
rêve d’unité ne
lui survit pas. En
1830, il meurt en
exil, et quelque
temps plus tard,
la Fédération
est dissoute
après la sécession
de l’Equateur
et du Venezuela.

La Colombie prend le nom de République
de Nouvelle-Grenade, puis d’États-Unis de Colombie en 1863 et
enfin République de Colombie en 1886.
C’est de cette époque que date la formation des deux principaux
partis de Colombie, tous deux reprenant la vision politique
d’un homme de la Grande Colombie. Les disciples de Bolivar
forment le noyau dur du Parti Conservateur Colombien
(PCC), fondé en 1849. Ils militent en faveur d’un État centralisé,
d’une alliance avec l’Eglise Catholique et d’un suffrage restreint.
Les libéraux, quant à eux, sont influencés par Francisco
de Paula Santander. Général dans l’armée bolivarienne, ancien
ami du Libertador, Santander a été le Vice-Président de la Grande
Colombie. À ce titre, il exerce le pouvoir lorsque Bolivar est
parti sur le front. Il met en place une politique libérale, cherchant
à instaurer le libre-échange économique et une plus
grande liberté de circulation des personnes. Les libéraux, qui
fondent le Parti Libéral Colombien (PCL) en 1846, veulent un
État décentralisé, fédéral, laïque, et un suffrage élargi.
Depuis leur création, ces deux partis se partagent le pouvoir
alternativement et démocratiquement. En deux siècles,
la Colombie n’a connu que trois coups d’État (ce qui est
relativement peu pour la région) : en 1830 lors du
démembrement de la Grande-Colombie, en 1953 et en
1957. Cela pourrait laisser penser que la vie politique
colombienne est relativement stable. Pourtant, elle est plutôt
caractérisée par son extrême violence.

Les partisans des deux partis s’affrontent dans des guerres
civiles nombreuses (52 au XIXe siècle) et violentes. La Guerre
des 1000 jours (1899-1902) a fait plus de 100 000 victimes, et
la Violencia (1948, fin des années 50), 300 000 !
La Violencia est lancée après l’assassinat du chef de file du
PCL, Jorge Eliécer Gaitán. Les réformes agraires et sociales en
faveur des plus défavorisés et les projets de nationalisation des
grandes entreprises agricoles préconisées par Gaitán lui assuraient
le soutien des masses colombiennes, tant et si bien qu’il
était donné favori aux élections présidentielles de 1950. Les circonstances
de son assassinat restent floues. Certains font état
d’un complot fomenté par la CIA qui voyait d’un mauvais oeil ses
réformes sociales. D’autres attribuent la responsabilité de l’affaire
au gouvernement colombien de l’époque.
En 1958, pour mettre fin aux révoltes populaires qui suivirent
cet assassinat, les présidents du PCL et PCC décident de
mettre en place un gouvernement d’union, le Front National,
où les deux partis dirigeraient le pays ensemble. Ce régime accumule
les contradictions politiques et est de plus en plus critiqué
par la société civile pour sa politique de répression.
En 1974, le Front National n’existe plus en tant que tel, mais
des membres de l’opposition continuent d’être représentés au
Gouvernement. Le pouvoir est contesté par plusieurs mouvements
de Guérilla, comme les FARC-EP (Fuerzas Armadas Revolucionarias
de Colombia – Ejercito del Pueblo, Forces Armées Révolutionnaires
Colombiennes – Armée du Peuple), l’ELN (Ejército de
Liberación Nacional, Armée de Libération Nationale) ou le M-19
(Movimiento del 19 de Abril, Mouvement du 19 avril).
Chacun de ces mouvements se revendique comme étant le
défenseur des paysans démunis et s’oppose à l’influence
des États-Unis en Colombie. Pour trouver les fonds nécessaires
à leurs activités, ils se livrent à des enlèvements de ressortissants
étrangers, à des extorsions et à des « protections spéciales »
accordées aux trafiquants de drogue.

A leur création en 1964, les FARC-EP étaient la branche
armée du Parti Communiste Colombien, avec lequel elles rompent
dans le courant des années 90 pour fonder leur propre
parti, le Parti Communiste Clandestin Colombien, d’obédience
marxiste-léniniste. Les FARC-EP comptent environ 20 000 partisans,
dont 20 à 30% ont moins de 18 ans. Elles sont présentes
sur une grande partie du territoire, et tout particulièrement
dans les jungles du Sud-Ouest. Ingrid Betancourt, ancien
membre du Sénat colombien et candidate aux élections présidentielles
sous la bannière d’un parti écologiste qu’elle a créé, a
été enlevée par les FARC-EP en 2002 et n’a toujours pas été libérée,
malgré les pressions de la communauté internationale. Elle
est l’une des 3000 personnes enlevées par les FARC-EP.
Les FARC-EP, l’ELN et le M-19 ont été inscrites sur la liste des
organisations terroristes par l’Union Européenne et les États-
Unis.
Le gouvernement colombien reçoit d’importants soutiens
financiers et miliaires de la part des puissances occidentales
dans sa lutte contre la guerilla et les narcotrafiquants.
Le « Plan Colombie » encore appelé le « Plan pour la Paix, la
Prospérité et le Renforcement de l’État », est un programme
d’aide militaire et économique mis en place par les autorités
états-uniennes et colombiennes en 1999. Il est fortement critiqué
par Amnesty International et les autres ONGs de droits
humains, car il ne prend en compte ni les spécificités politiques
de la Colombie, ni les causes profondes du conflit. Il risque plus
de contribuer à une escalade de la violence et au maintien de
l’impunité que de favoriser l’instauration d’une paix viable.
En juillet 2005, le président Álvaro Uribe a promulgué la Loi
pour la justice et la paix. Ce texte, qui établit un cadre juridique
pour la démobilisation des formations paramilitaires
et des groupes d’opposition armés, n’est pas
conforme aux normes internationales relatives au droit
des victimes à la vérité, à la justice et à des réparations, et
menace d’aggraver l’impunité en Colombie.
Parallèlement, les efforts déployés pour négocier un échange
de prisonniers avec les FARC-EP n’ont pas donné de résultats
concrets, mais des pourparlers en vue de l’ouverture de négociations
de paix avec l’ELN ont repris au mois de décembre 2005.
Réélu en juillet 2006, soutenu par les élites économiques qui
apprécient sa politique de stabilisation forte et les liens qu’il
entretient avec les puissances occidentales, Alvaro Uribe devrait
poursuivre son programme de répression armée.

PISTES PÉDAGOGIQUES

 Comparer les grands mouvements de guérilla colombiens
avec les groupes paramilitaires
(similitudes et
différences dans leurs relations au pouvoir en place, dans leur
idéologie, etc.)

Consulter :

 le dossier Paramilitarisme du Réseau d’Information et de Solidarité
avec l’Amérique Latine (RISAL), disponible sur :
http://risal.collectifs.net/mot.php...>
 la page History of the Colombian Conflict (1928—1973), disponible
sur :
<http://www.icdc.com/~paulwolf/colom...>

Se référer à :

 Charles Bergquist, Violence in Columbia, 1990-2000 : Waging
War and Negotiating Peace
, SR Books, 2002.
 Grace Livingstone, Inside Colombia : Drugs, Democracy, and War,
Rutgers
University Press, 2004.

 Discuter des enjeux que soulèvent les enlèvements, une des
armes privilégiée des rebelles dans les conflits asymétriques.
Quelle attitude doit avoir l’État des ressortissants enlevés ?

Présenter certains cas, en Colombie, en Iraq ou ailleurs
(Glen Heggstad, Ingrid Betancourt, Florence Aubenas, etc.)
Lire et étudier, Gabriel Garcia Marquez, Journal d’un enlèvement,
Poche, 1999.
Ingrid Betancourt, La rage au coeur, Pocket, 2002.

Ecouter et étudier la chanson de Renaud, Dans la Jungle,
2005.

Voir le site <www.Aeropostale-3000.org> : il propose une
action de solidarité avec les 3000 « séquestrés » de Colombie,
dont Ingrid Betancourt, ainsi que plein d’informations.

 Commander à Amnesty le numéro de Libertad consacré à la
Colombie. Cette revue est destinée aux professeurs d’espagnol.
Contacts : <abougault@aibf.be>

 Voir le dossier « Lettres de Colombie » : un dossier pédagogique
de 32 pages sur les thèmes suivants : la recherche d’un
fils disparu, une télévision solidaire, un syndicat en exil, journalisme
et menace, parodie de démocratie, victime de mines
antipersonnel... Disponible au CNCD. Voir : <www.cncd.be>


 Cinéma : projeter et étudier
 :
 Maria pleine de grâce, Joshua Marston (2004), sur les « femmesmules
 » transportant de la cocaïne de la Colombie aux États-
Unis. Disponible à la médiathèque.
 Les condors ne meurent pas tous les jours, Francisco Norden
(1984), traite de la « Violencia ». Disponible à la médiathèque.

 Peinture : réaliser un exposé sur le peintre colombien Fernando
Botero.
Consulter Ciudad Botero, disponible sur : <http://www.elcolombiano.
com/proye...
>

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