Cuba

Juan Carlos González Leiva, détenu à domicile et harcelé.

Juan Carlos González Leiva, président
de la Fondation cubaine des
droits de l’Homme (Fundación
Cubana de los Derechos Humanos), a
été condamné en 2004 à une peine
d’assignation à résidence dans la province
de Ciego de Ávila. Suite à cette
condamnation, il a été victime de
nombreuses intimidations et d’actes
de harcèlement. Il a déjà été détenu
deux ans pour ses activités de défenseur
des droits humains.

Des haut-parleurs placés autour des portes et fenêtres de
sa maison diffusent de la musique jour et nuit, l’empêchant
ainsi de dormir. Mme Tania Maseda Guerra, membre de la
Fondation, et M. Luis Esteban Espinosa, journaliste indépendant,
venus le rejoindre en signe de soutien, subissent également
ces nuisances.
Une centaine de personnes rôdent par ailleurs en permanence
autour de sa maison et commettent des actes de vandalisme
ou menacent d’entrer dans la maison et de brûler ses
occupants.

De plus, de nombreux militants et proches de M. González
Leiva, qui tentent régulièrement de lui venir en aide à son
domicile, dont Mme Yodalis Calderín Nuñez, sa nièce, M. Luis
Esteban Espinosa et le psychologue Antonio Legón Mendoza,
ont été bousculés ou frappés par ces individus.
En outre, le gouvernement cubain a empêché M. Agustín
González, père de M. González Leiva, de quitter Cuba, bien
qu’il ait obtenu un visa pour se rendre aux Etats-Unis.

Source : L’Observatoire de la FIDH et de l’OMCT, Bulletin
°37, disponible sur :
<http://www.protectionline.org/artic...>

INFORMATIONS GENERALES

Christophe Colomb découvre Cuba en 1492. Habitée
par une centaine de milliers d’indiens, l’île devient
officiellement une colonie espagnole en 1511. Si les
réserves d’or sont rapidement épuisées, les colons prospèrent
grâce au commerce de la canne à sucre et du tabac, et à
l’exploitation des populations locales puis des esclaves venus
d’Afrique.
Au cours du XIXe siècle, les Cubains, comme leurs voisins
d’Amérique Latine, s’opposent de plus en plus fréquemment
aux forces de leur métropole dans leur désir d’indépendance.
En 1868, Carlos Manuel de Céspedes annonce la libération
de ses esclaves et appelle ses compatriotes à se soulever
contre les autorités espagnoles. Ainsi commence la
longue lutte pour l’indépendance de Cuba. Elle s’étale de
1868 à 1902 et comprend trois guerres.

La République de Cuba est instituée en 1902, mais l’influence
des Etats-Unis reste considérable dans de nombreux
domaines. Le texte de l’Amendement Platt est adopté par le
Congrès américain et annexé à la Constitution cubaine. Il prévoit
l’attribution aux Etats-Unis d’un droit d’ingérence dans les
affaires cubaines, en matière de défense, de politique sociale et
de politique économique. Il stipule également que Cuba doit
leur céder certaines parties de son territoire, afin qu’ils puissent
y établir des bases (Guantanamo) ou des dépôts de charbon. De
fait, les Etats-Unis contrôlent la plupart des ressources de l’île et
les principaux dirigeants politiques, en soutenant systématiquement
les dictateurs qui leur sont favorables et protègent leurs
intérêts.

L’économie cubaine repose principalement sur l’exportation
de produits dérivés de la canne à sucre et du tabac. Cette ouverture
à l’international rend l’île particulièrement vulnérable aux
fluctuations de l’économie mondiale. Elle est touchée de plein
fouet par la crise de 1929. Les mouvements sociaux se multiplient,
tout comme le caractère autoritaire et répressif des régimes en place.
Face à ces troubles, les Etats-Unis se désengagent partiellement
de la région et abrogent l’amendement Platt en 1933. Ils
parviennent tout de même à conserver leur souveraineté sur la
Baie de Guantanamo pour une « durée illimitée » et continuent
à influer officieusement sur la politique cubaine.
C’est de cette époque que date l’entrée de Fidel Castro dans
la vie politique, et avec lui, l’émergence du mouvement révolutionnaire
cubain. Exilé au Mexique, il fait la rencontre de l’argentin
Ernesto Che Guevara, et forme en 1955 le Mouvement
du 26 juillet (M-26-7), un mouvement rebelle nationaliste dont
l’objectif est de destituer le dictateur Batista et mettre un
terme à l’ingérence des Etats-Unis dans les affaires cubaines.
L’opération est un échec qui entraîne la mort, la torture ou l’emprisonnement
de la totalité des assaillants.

En 1956, 82 membres du M-26-7 embarquent sur le yacht
Granma pour rejoindre les cotes cubaines, lancer un mouvement
d’insurrection et destituer le dictateur Batista. À peine arrivés,
les rebelles sont surpris par les troupes de l’armée cubaine. Les
rares survivants (une ou deux douzaines dont Fidel Castro et
Ernesto Che Guevara) se réfugient dans les montagnes, se
regroupent et recrutent parmi les paysans auprès desquels ils
trouvent un soutien certain contre les troupes du gouvernement.
Bien que moins nombreuses et moins bien équipées, les forces rebelles remportent plusieurs victoires
décisives (Bataille de la Plata) contre l’armée.
Batista s’enfuit en 1959, alors que Fidel Castro et Che
Guevara prennent la tête du nouveau gouvernement cubain.
Fidel Castro fait nationaliser les raffineries sucrières et
pétrolières, lance une réforme agraire consistant à confisquer
les terres des grands propriétaires terriens et des compagnies
américaines (United Fruit Compagny) et à les redistribuer aux paysans
plus démunis. Cette politique accroît les tensions avec les
Etats-Unis, alors en pleine Guerre Froide. Ils décrètent un
embargo commercial sur Cuba en 1960. En 1961, les deux
pays rompent leurs relations diplomatiques suite au débarquement
de la Baie des Cochons. Décidée par les autorités américaines,
l’opération prévoyait l’invasion de Cuba par des troupes
anticastristes entraînées par la CIA. Les autorités cubaines ayant
été informées du débarquement, les troupes anticastristes ne
bénéficièrent pas de l’effet de surprise escompté et l’opération
échoue. Cette crise accélère la soviétisation du régime de Castro
qui compense la perte des aides et des liens commerciaux américains
par une multiplication des échanges et des partenariats
avec l’URSS.

Les tensions entre les États-Unis et Cuba atteignent leur
paroxysme lors de la crise des missiles de 1962. Suite à la tentative
d’invasion des Américains en 1961, la défense de Cuba était
devenue un enjeu stratégique pour les Soviétiques, et Castro sut
en jouer avec habileté. Il accepte secrètement de faire de Cuba
une base avancée de l’URSS lorsqu’il autorise l’installation de
missiles balistiques soviétiques à moyenne portée sur le territoire
cubain. Les États-Unis en sont informés et mettent en place
un blocus naval autour de l’île. Beaucoup s’inquiètent de ce que
la crise ne dégénère en conflit nucléaire. Après de longues et difficiles
négociations, l’URSS accepte de retirer ses missiles à la
condition expresse que les Etats-Unis s’engagent à ne pas envahir
Cuba et à retirer leurs missiles nucléaires de Turquie.
Quoiqu’ils aient officiellement renoncé à envahir Cuba, les
Etats-Unis continuent d’oeuvrer à la destitution de Castro, que ce
soit par des missions secrètes de la CIA, ou en cherchant à étouffer
le régime économiquement. Dans ce contexte, la République
Soviétique de Cuba dépend de l’aide et de la protection de
l’URSS pour sa survie.

L’effondrement du bloc soviétique en 1991 plonge Cuba dans
une période de crise aigue. L’île a perdu son principal client et
bailleur de fonds, et se retrouve isolée sur la scène internationale.
Cette marginalisation s’accroît encore lorsqu’en 1996 le
Congrès américain vote la loi « Helms-Burton ». Celle-ci a pour
objectif de précipiter la chute du régime castriste en renforçant
l’embargo. Très critiquée par l’Union Européenne, elle prévoit
des sanctions économiques contre les compagnies non américaines
qui commerceraient avec Cuba.
La situation sociale continue de se détériorer, ce qui aboutit
à une multiplication des mouvements de contestation et, in fine,
à un durcissement du régime. Les dissidents sont incarcérés et
passés sous silences.
Aujourd’hui très malade, Fidel Castro, 80 ans, a officiellement
transmis ses prérogatives présidentielles à son frère,
Raoul Castro, 75 ans, le 1er août 2006. Cette passation de pouvoir
et l’état de santé actuel du Líder Maximo conduit les analystes
et les politiciens à s’interroger sur le futur de Cuba, un
futur « après Castro ».


DROITS HUMAINS

Au niveau international, la préoccupation suscitée par l’absence
de progrès dans le domaine des droits civils et politiques ne
cesse de croître. En avril 2005, dans un contexte fortement
influencé par des enjeux politiques, la Commission des droits de
l’homme [ONU] a une fois encore condamné le bilan cubain en
matière de droits humains.
Les autorités maintiennent sous étroite surveillance ceux qui
se montrent critiques à l’égard du régime, et elles gardent en
détention plusieurs défenseurs des droits humains et opposants
politiques. Des militants des droits humains, des opposants
politiques et des syndicalistes sont la cible d’actes de harcèlement
et d’intimidation souvent imputables aux Brigades d’in-
tervention rapide, des groupes quasiment officiels qui agissent
en collusion avec des membres des forces de sécurité.
La liberté d’expression et d’association est toujours
menacée. Tous les médias autorisés sont sous le contrôle des
autorités et les médias indépendants demeurent interdits. Les
journalistes indépendants qui publient des articles à l’étranger
s’exposent à des manoeuvres d’intimidation et de harcèlement,
et peuvent être emprisonnés.
Malgré ces menaces, en mai 2005, l’Asamblea para promover la
sociedad civil (Assemblée pour la promotion de la société civile),
une coalition de plus de 350 organisations non gouvernementales
(ONG) indépendantes, a organisé le plus grand rassemblement
d’opposants jamais observé à Cuba.
Plus de 30 prisonniers se trouvaient encore en 2005 dans le
quartier des condamnés à mort, même si aucune exécution n’a
eu lieu.

Pour plus d’informations, se référer au Rapport 2006 d’Amnesty
International, disponible sur :
<http://web.amnesty.org/report2006/c...>

PISTES PÉDAGOGIQUES

 Faire une présentation critique d’Ernesto Che
Guevara
et de l’engouement qu’il suscite.

Lire et étudier :
 Ernesto Guevara, Voyage à motocyclette, Mille et une nuits,
2001.
 Pierre Kalfon, Che, Points, Seuil, 1997.

Projeter et étudier les films (disponibles à la médiathèque) :
 Carnets de Voyages, Walter Sallers (2004).
 Fidel & Che, David Attwood (2002)

Écouter et étudier : La mort du Che, Bernard Lavilliers, in
Carnet de Bord, Barclay, 2004.

 Réaliser un exposé sur l’embargo des Etats Unis sur
Cuba et ses conséquences.

Bibliographie sommaire : Les effets de l’embargo des États-Unis
contre Cuba et les raisons de l’urgente nécessité de sa levée
, une présentation écrite par Rémy Herrera (CNRS, France) et proposée
par le Centre Europe Tiers Monde à la 55e session de Sous-
Commission de l’ONU en 2003, disponible sur :
<http://www.alternatives.ca/article8...>

 Isabelle Vagnoux, Socialismo o Muerte : Vingt-cinq ans de turbulences
entre les États-Unis et Cuba
(1968-1993), Revue française
d’études américaines, n°61, 1994, 267-280.

 Peter Schwab, Confronting the US Embargo, St Martin’s Press,
1999.

  Introduction à la musique cubaine
Projeter et étudier, Buena Vista Social Club, Wim Wenders (1999).
Consulter l’article de Wikipedia consacré à la salsa, disponible
sur :
<http://fr.wikipedia.org/wiki/Salsa>

 Faites une recherche sur la religion à Cuba : malgré
le régime communiste, l’église catholique est restée assez présente
dans le pays et côtoie d’autres rites plus traditionnels.

 Cinéma / documentaires ; Fraise et chocolat de Tomás
Gutiérrez Alea, Cuba, 1994. Un très beau film qui aborde à la
fois le thème de la liberté et le thème de l’homosexualité.
Liste d’attente de Juan Carlos Tabio (2000) : un beau film sur
la débrouille à Cuba. Disponibles à la médiathèque.

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