Ethiopie

MESFIN WOLDEMARIAM, 75 ans, en prison
pour ses idées.

75 ans, fondateur et
ancien président du
Conseil éthiopien
des droits humains, il est
en détention depuis début
novembre 2005.
Mesfin Woldemariam a
été incarcéré à la suite de
manifestations organisées
par l’opposition pour protester
pacifiquement contre
les fraudes qui auraient
entaché les élections ayant
eu lieu au mois de mai en
Éthiopie.
Il est détenu avec 85 autres personnes, parmi lesquelles
figurent des dirigeants du parti d’opposition « Coalition pour
l’unité et la démocratie (CUD) » – auquel il appartient –, des
journalistes indépendants et des militants qui luttent
contre la pauvreté. Ils sont sous le coup de plusieurs inculpations,
notamment pour « haute trahison », pour avoir « encouragé
et organisé un soulèvement armé » et pour « génocide ». Un
grand nombre de ces accusations sont passibles de la peine
de mort.
Amnesty est préoccupée par l’état de santé de Mesfin
Woldemariam, en particulier à cause de son âge.

Pour en savoir plus, se référer à l’action urgente d’Amnesty
International AU 285/05, disponible sur :
http://web.amnesty.org/library/Inde...

Taye WOLDESMIATE,
militant du droit à l’éducation.

Taye Woldesmiate, Président
de l’Association
des Enseignants Ethiopiens
(ETA), est un défenseur
du droit à l’éducation. Il se
bat pour que tous les enfants
éthiopiens aient un accès égal
à un enseignement de qualité.
Ce combat lui a valu six
années de prison. En 1991, le
régime Derg, la junte militaire
au pouvoir depuis 1974, est
renversé par les rebelles du
Front Démocratique Révolutionnaire du Peuple Éthiopien. La
politique d’éducation change avec le régime.
« Précédemment, les bailleurs de fonds internationaux
avaient fait pression sur l’Éthiopie pour qu’elle modifie son
programme d’éducation. Mais les enseignants s’y opposaient
et le gouvernement de l’époque avait eu l’intelligence de
reporter la décision », raconte Taye Woldesmiate. « Mais la
nouvelle équipe décide de détruire ce programme pour mettre
en place le sien en accord avec le Fonds monétaire international
et la Banque mondiale ».

Résultat : le système éducatif éthiopien
est « démantelé » et « complètement privatisé », explique Taye Woldesmiate.
« Au point que beaucoup d’Éthiopiens n’ont plus les
moyens d’envoyer leurs enfants à l’école ». Pour Taye Woldesmiate,
le gouvernement « avait décidé d’utiliser le système
éducatif pour promouvoir sa politique de découpage ethnique
du pays ». Taye Woldesmiate devient le premier prisonnier
politique éthiopien adopté par Amnesty International. Il est
libéré six ans plus tard, grâce aux pressions de la communauté
internationale. Taye Woldesmiate a reçu le Prix des Droits
Humains et Syndicaux, qu’il partage avec son camarade Assefa
Maru, Secrétaire Général d’ETA, assassiné alors qu’il se rendait à
son bureau.
En 2005, les autorités éthiopiennes l’ont inculpé pour
crime de génocide et haute trahison. Il s’est réfugié aux
États-Unis.

Pour en savoir plus, se référer à Luc Demaret (BIT), Portrait de
Taye Woldesmiate, 2002, disponible sur :
<http://www.ilo.org/public/french/di...>


INFORMATIONS GENERALES

L’image de l’Éthiopie se réduit souvent à celle d’un pays
pauvre et désertique, ravagé par la famine et la
guerre. Pourtant, cette nation d’Afrique orientale possède
une histoire et une culture des plus fascinantes. Seul État
d’Afrique (en dehors du Liberia) à n’avoir jamais connu la
colonisation, mise à part une courte période d’occupation
par l’Italie fasciste de 1936 à 1941, l’Éthiopie est
forte d’une fière tradition de lutte pour conserver son indépendance. Elle se distingue également par un
riche héritage chrétien orthodoxe qu’elle a su préserver
malgré la conversion des pays voisins à l’islam.

Selon les légendes chrétiennes locales, la dynastie salomonide
du Royaume d’Aksoum –Aksoum, qui est aujourd’hui la
métropole religieuse de l’Eglise Copte Ethiopienne- fut fondée
par Ménélik, fils de Salomon et de la Reine de Saba. Au XVe
siècle, une monarchie absolue dirigée par le Négus (empereurroi
éthiopien) est instaurée. Hailé Sélassié, au pouvoir de 1930 à
1936 et de 1941 à 1974, fut le dernier représentant de la dynastie
salomonide (rétablie en 1889) et le dernier Négus. Il est renversé
par le coup d’État de la junte militaire Derg en septembre 1974.
Mengistu Hailé Mariam, surnommé le « Négus rouge » en
raison de ses vues prosoviétiques puis marxiste-léninistes à partir
de 1987, devient Président du Conseil des ministres et du
Conseil militaire –les plus hautes instances de l’Etat- en 1977.
Ses positions idéologiques lui valent d’être soutenu par Cuba
et l’URSS, notamment lors des conflits civils avec les provinces
sécessionnistes (Erythrée, Oromia et Ogaden), qui, elles, reçoivent
l’aide des puissances occidentales. Mais le régime de Mengistu
Hailé Mariam est trop dépendant des subsides des pays de
l’Est : il s’effondre avec l’URSS en 1991 et le pouvoir passe aux
mains d’une coalition de rebelles dirigée par le chef Tigréen
Meles Zenawi.

Ce dernier accorde l’indépendance à l’Érythrée en 1993,
mettant fin à plus de trente ans de guerre civile. Toutefois, le
conflit reprend en 1998 à cause d’un différent frontalier. Il dure
jusqu’en juin 2000, date à laquelle un cessez-le-feu est conclu
sous l’égide de l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine). Cette
guerre a fait entre 50 000 et 100 000 victimes.
Depuis 2000, le Conseil de sécurité des Nations unies a
exhorté l’Éthiopie à respecter l’accord sur le tracé de la frontière,
en particulier sur l’attribution à l’Érythrée de la ville de
Badme. L’Érythrée a sollicité l’intervention des Nations unies
afin de contraindre son voisin à exécuter la décision relative à la
frontière.
En octobre 2005, l’Érythrée a interdit les survols d’hélicoptères
et les autres formes de déplacement de la Mission des
Nations unies en Éthiopie et en Érythrée (MINUEE), qui
administre une zone tampon le long de la frontière. Les deux
pays se sont réarmés et ont déployé des troupes à proximité de
la frontière fin 2005. Le Conseil de sécurité a menacé de sanctions
les deux parties si elles entamaient une nouvelle guerre.
Bien que pacifiée en apparence, l’Éthiopie reste un pays
instable, soumis à de fortes tensions éthniquo-régionales.

DROITS HUMAINS

Pendant la période préélectorale de 2005, des candidats et des
sympathisants de l’opposition ont été arrêtés, battus et
victimes d’actes d’intimidation. À la suite de manifestations
dénonçant une fraude électorale présumée et au cours desquelles
des soldats ont tué au moins 42 personnes, quelque
9 000 sympathisants de l’opposition et manifestants ont été
arrêtés en juin 2005 et détenus pendant plusieurs semaines.
En novembre 2005, la police a tué plus d’une quarantaine de
personnes lorsque des manifestations pacifiques ont dégénéré.
Plus de 10 000 partisans de l’opposition ont été arrêtés à la
suite de ces événements. Dix députés nouvellement élus, 15
journalistes et plusieurs défenseurs des droits humains figuraient
parmi 86 détenus qui ont par la suite été inculpés de trahison
et de génocide, entre autres infractions.

Des civils ont été tués ou arrêtés de manière arbitraire
dans le cadre des conflits armés dans la région d’Oromia et en
territoire somali ; des milliers de personnes demeurent en
détention sans inculpation ni jugement. Amnesty International
considère plusieurs militants de l’ethnie oromo comme des prisonniers
d’opinion. Des journalistes et des défenseurs des droits
humains ont été incarcérés et menacés de poursuites judiciaires
pour avoir critiqué le gouvernement. Des condamnations à
mort ont été prononcées mais aucune exécution n’a eu lieu.
Une bonne nouvelle malgré tout : les mutilations génitales
féminines sont désormais reconnues comme une infraction
pénale punie d’une peine pouvant aller jusqu’à dix années d’emprisonnement. La pratique traditionnelle consistant à enlever
une jeune femme afin de l’épouser est devenue passible
d’une sanction plus lourde (dix ans de prison au maximum
contre trois années auparavant) ; dans la nouvelle version du
texte, l’infraction peut être sanctionnée en tant que viol, supprimant
ainsi l’impunité dont jouissaient auparavant les auteurs
présumés d’un viol qui épousaient leur victime.

Pour plus d’informations, se référer au Rapport 2006 d’Amnesty
International, disponible sur :
<http://web.amnesty.org/report2006/e...>

PISTES PÉDAGOGIQUES

 Rechercher des informations sur le droit à l’éducation.
Pour plus d’informations se référer au site de l’Internationale
de l’éducation : <http://www.ei-ie.org/fr/index.php> ou à celui
de l’Unicef : <http://www.unicef.be>.

 Étudier les conflits ethnico-régionaux d’Éthiopie
(Oromo, Ogaden, Erythrée). Pour plus d’informations se référer à :
. Berhanou Abede, Histoire de l’Éthiopie d’Axoum à la Révolution,
Maisonneuve & Larose, 1998.

. Marc Fontrier, La chute de la junte militaire éthiopienne,
L’Harmattan, 1999.

. Commission française des Affaires Étrangères, La corne de
l’Afrique, nouvel enjeu stratégique, 2003, disponible sur :
<http://www.senat.fr/rap/r02-200/r02...>

 Introduction à la paléoanthropologie. Présenter les
grandes étapes de l’évolution de l’Homme, en passant par
Lucy qui a été découverte en Ethiopie en 1974. Visionner le
film L’Odyssée de l’Espèce et consulter le site internet qui lui est
consacré sur : France 5, <http://www.france5.fr/odyssee/>
Se référer au site Ma préhistoire, disponible sur :
http://ma.prehistoire.free.fr/accue...

 Faire un exposé sur les Juifs éthiopiens (Falashas ou Beta
Israël) et leur retour en Israël dans les années 1970/80. Se référer
à : Lisa Anteby-Yemini, Les Juifs éthiopiens en Israël : les paradoxes
du paradis, CNRS Éditions, 2004. Projeter et étudier le
film Va, Vis et deviens, de Radu Mihaileanu, 2005.

Littérature : lire et étudier :

. Fabienne Le Houerou, Éthiopie- Érythrée, frères ennemis de la
Corne de l’Afrique, L’Harmattan, 2000 : une série de témoignages
éclairants sur un conflit qui oppose les 2 pays depuis
plus de 30 ans.

. Raymond Depardon et Jean-Claude Guillebaud, La Porte
des larmes, retour vers l’Abyssinie, Seuil, 1996 : l’Éthiopie vue par
l’un des plus grands photographes français.

. Jean-Christophe Rufin, L’Abyssin, relation des extraordinaires
voyages de Jean-Baptiste Poncet, ambassadeur du Négus auprès de sa
majesté Louis XIV, Gallimard, 1997 : un roman historique qui a
pour toile de fond l’Abyssinie du XVIIe siècle.

2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit