Iran

Sayed Ali Akbar Mousavi Khoini, détenu pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression
et plaidé la cause des femmes.

Sayed Ali Akbar
Mousavi Khoini
aurait été arrêté
en juillet 2006 lors
d’une manifestation
pacifique organisée à
Téhéran, la capitale,
en faveur de réformes
juridiques visant à
mettre fin aux discriminations dont les femmes font l’objet
en Iran. Au moins 69 autres personnes ont été appréhendées,
mais Sayed Ali Akbar Mousavi Khoini est le seul à n’avoir pas
été libéré. Amnesty craint qu’il ne soit torturé ou soumis à
d’autres formes de mauvais traitements.
Ancien leader étudiant et membre du Majlis-e Shoura-e
Islami (Assemblée consultative islamique, le Parlement iranien),
Sayed Ali Akbar Mousavi Khoini est aujourd’hui à la
tête de l’Association des anciens élèves d’Iran (Sazman-e
Danesh Amukhtegan-e Iran-e Eslami [Advar-e Tahkim-e Vahdat]),
qu’il a contribué à créer en 2000. Cette organisation,
qui rassemble des diplômés d’universités iraniennes, joue un
rôle particulièrement actif dans la promotion de la démocratie
et du respect des droits humains en Iran. Lors de son mandat
au Parlement, Sayed Ali Akbar Mousavi Khoini était un
fervent défenseur des droits fondamentaux : il a attiré l’attention
sur des étudiants emprisonnés et des prisonniers d’opinion,
notamment en inspectant des prisons et des centres de
détention illégaux.

Il aurait été battu par des responsables des forces de sécurité,
mais aussi pendant sa détention. Quatorze jours après
son arrestation, Sayed Ali Akbar Mousavi Khoini aurait été
autorisé à recevoir la visite de ses proches et d’un de ses avocats,
qui aurait indiqué que son client était notamment
inculpé pour une déclaration qu’il aurait faite à l’agence de
presse Mehr, à Téhéran. Amnesty International ne dispose
pas d’informations complémentaires concernant cette déclaration.
D’autres sources indiquent qu’il est accusé d’« avoir
diffusé des informations mensongères ».
Avant sa participation à la manifestation en faveur des
droits des femmes, des membres des forces de sécurité
auraient téléphoné à Sayed Ali Akbar Mousavi Khoini et lui
auraient fermement déconseillé de soutenir ce mouvement
ou d’y participer.

Pour plus d’informations, se référer à l’Action Urgente
d’Amnesty International, AU :181/06, disponible sur :
http://web.amnesty.org/library/Inde...


INFORMATIONS GENERALES

Installé entre les mondes arabe, turc, indien et russo-européen,
l’Iran est l’héritier de l’Empire perse. Cette vieille civilisation
a été l’une des plus puissantes et des plus riches vers
500 ans avant notre ère, s’étendant sur tout le Moyen-Orient. Le
pays était connu en Occident sous le nom de Perse —provenant
du nom de la province iranienne de Pârse— jusqu’en 1935, date
à laquelle Reza Shah, le fondateur de la dynastie Pahlavi,
demanda à tous les pays liés diplomatiquement d’utiliser le
nom par lequel les Iraniens ont toujours appelé leur pays : Iran.
L’Iran dispose d’une grande richesse pétrolière (11,1% des
réserves mondiales) et en gaz (14% des réserves mondiales). Près
de la moitié des habitants sont persans, mais l’Iran compte
deux fortes minorités non persanes, les Azeris et les Kurdes,
ainsi que des Arabes, des Turkmènes, des Baloutches... La quasitotalité
des Iraniens sont musulmans chiites, alors que dans le
monde, 90 % des musulmans sont sunnites.

Iran veut dire « le pays des Aryens », ce qui en sanskrit signifie
« noble ». Les Aryens étaient les ancêtres des Perses. Les Iraniens
parlent le Farsi, une langue persane très différente de
l’arabe. La moitié de la population de l’Iran a moins de 30 ans.
Après la seconde guerre mondiale, le pays est dirigé d’une
main de fer par le Shah Mohammad Reza Pahlavi, le fils de Reza
Shah. Le Shah installe un régime pro-occidental et capitaliste.
Le régime du Shah est très strict, avec ses des lois de censure et
sa fameuse police secrète, la SAVAC, qui emprisonne des centaines
d’opposants politiques. En 1979, deux mouvements s’allient
pour chasser le Shah du pouvoir : les islamistes et les
marxistes. Cette alliance momentanée est rapidement suivie
d’une deuxième révolution, la Révolution Islamique, qui voit
l’ascension au pouvoir de l’Ayatollah Khomeiny, provoquant la
disparition du régime du Chah au profit d’une république islamique.

L’Iran est alors coupé de toutes relations diploma-
tiques avec l’Occident, mais aussi avec ses voisins russes
et arabes (hormis la Syrie). Un isolement que la prise en
otage de l’ambassade américaine (pendant 404 jours !) et
les huit années de guerre avec l’Irak accentuent encore davantage.
La consolidation du régime islamique se fait par la terreur
et l’élimination des opposants. Les islamistes iraniens cherchent
à étendre la révolution, n’hésitant pas à recourir au terrorisme
international. Dans le conflit qui a suivi l’invasion du Koweït
par l’Irak, l’Iran est resté prudemment neutre. Il a ainsi profité
de la défaite de son grand ennemi et rival irakien.
Il faut attendre la disparition de l’Imam Ruhollàh Khomeiny,
le guide de la révolution, en 1989 et la prise du pouvoir
par les modérés pragmatiques du président Rafsandjani pour
voir le pays sortir un peu du carcan où il s’était enfermé. Durant
la présidence de Khatami, de 1997 à 2005, une certaine ouverture
se fait sentir, avec des hauts et des bas. Mais la situation
politique se crispe rapidement entre partisans des réformes et
les représentants de la ligne dure… Les manifestations étudiantes
de juillet 1999 sont sévèrement réprimées, tout comme
les journalistes usant un ton trop critique.

En juin 2005, l’élection à la présidence de Mahmoud
Ahmadinejad, ancien membre des forces spéciales des gardiens
de la révolution, a achevé la marginalisation des réformateurs
dans le processus politique et a entraîné la concentration des
pouvoirs entre les mains du Guide suprême, l’ayatollah Sayed
Ali Khamenei. Mahmoud Ahmadinejad est entré en fonction en
août. Il se fait remarquer sur la scène internationale par un durcissement
du discours antisioniste, et par son intransigeance sur
le dossier du nucléaire. En août 2005, l’Iran annonce la reprise
de l’enrichissement de l’uranium à des fins civiles, alors que le
pays est soupçonné de fabriquer la bombe nucléaire.

DROITS HUMAINS

Répression des minorités

Les membres des minorités ethniques et religieuses sont souvent
victimes de discriminations, notamment dans la distribution
des ressources ainsi que dans l’accès au logement, à l’eau et aux
réseaux d’assainissement. L’Iran a pratiqué une politique d’assimilation,
notamment en imposant des noms perses aux minorités.
Des incidents violents éclatent régulièrement entre les minorités
arabes, azéris, kurdes, chrétiennes ou laïques et la police,
menant à des vagues d’arrestations et à des tortures à l’encontre
de plusieurs manifestants. Les minorités religieuses les plus
réprimées sont les Chrétiens, les Juifs et la communauté des
Baha’is.

PEINE DE MORT

Au moins 94 personnes ont été exécutées en 2005. Huit d’entre
elles – peut-être davantage – étaient âgées de moins de dix-huit
ans à l’époque des faits qui leur étaient reprochés. De très nombreux
autres prisonniers, dont au moins 11 étaient des mineurs
délinquants, ont été condamnés à mort. Les chiffres réels étaient
probablement beaucoup plus élevés. Comme les années précédentes,
la peine capitale était prononcée pour des infractions
formulées en termes vagues, telle la « corruption sur la terre ».
À la suite de protestations dans le pays et à l’étranger, les sentences
capitales de plusieurs femmes ainsi que d’hommes âgés
de moins de dix-huit ans à l’époque des faits qui leur étaient
reprochés ont été suspendues ou annulées.


LIBERTÉ D’EXPRESSION ET D’ASSOCIATION

La liberté d’expression et d’association reste soumise à des restrictions
sévères. Des journalistes et des blogueurs ont été emprisonnés
et certains journaux ont été fermés.


DROITS DES FEMMES

Les femmes iraniennes sont toujours victimes de lois discriminatoires,
notamment dans le domaine du logement. Elles sont fréquemment
victimes de violences, dans la sphère privée et
publique, et il n’existe quasiment pas de structures d’accueil
pour les aider. Des peines très sévères sont appliquées aux
femmes jugées coupables de déviances : lapidations et coups de
fouets en cas d’adultère ou de relations extra-conjugales. La jeunesse
féminine est cependant très cultivée et accède de plus en
plus à des postes importants.

Pour plus d’information, se référer à :
http://web.amnesty.org/report2006/i...

PISTES PÉDAGOGIQUES

 Faire une rapide présentation sur l’histoire de l’Iran (l’Empire
Perse, l’islamisation de l’Iran, la période moderne, la
Révolution puis la République Islamique). Vous pouvez vous
baser sur l’excellente bande-dessinée «  Persepolis » de
Marjane Sartrapi
(4 tomes, éd. l’Association). L’auteur y
raconte la vie de sa famille et son histoire personnelle, entre
l’Iran et l’Europe.

 Introduction à la littérature persane.
 Etude d’un poème de Hafiz, grand poète persan de Shiraz.

Exemple :
Allons ! Faisons jaillir des fleurs, versons du vin délicieux,
Crevons le plafond de l’Univers, entamons de nouveaux dsseins.
Si la tristesse rassemble ses troupes pour verser le sang desamoureux,
Moi et l’échanson, nous nous allierons et éradiquerons ses
essaims !

Extrait disponible sur :
http://khayyami.free.fr/francais/ar...

. Autre grand personnalité perse : Omar Khayyam, mathématicien,
astronome, philosophe, médecin, et poète. Il est
l’auteur de nombreux quatrains (les Rubayat) dans lesquels il
chante son amour pour le vin, sa pensée spirituelle, sa philosophie
et ses plaisirs. Lire à ce sujet le très beau roman
d’Amin Maalouf, Samarcande, Collection Livre de Poche, 1988.

 Voir et étudier des films iraniens comme :

. Le Cercle, de Jafar Panahi, sur la condition de la femme
dans la société iranienne.

. Bashu, de Bahram Beizai, qui suit la vie d’un jeune orphelin
lors du conflit irako-iranien. Dossiers pédagogiques sur
ces deux films disponibles aux Grignoux
(www.grignoux.be).

. Le Goût de la cerise, de Abbas Kiarostami (palme d’or à
Cannes en 1997).

 Faire le portrait de Shirin Ebady, prix Nobel de la paix en
2003.

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