Soudan

Dr. Mudawi, prix Frontline 2005.

Le Dr. Mudawi a décrit les « maisons fantômes » dans lesquelles
les prisonniers, et notamment les défenseurs
des droits humains, sont détenus illégalement et
torturés. En octobre 2005, il n’avait pu venir chercher le prix
de l’ONG Frontline remis par Mary Mc Aleese, Présidente de
la République d’Irlande, car il avait été arrêté au Soudan,
son pays d’origine, quelques heures seulement avant son
départ pour l’Irlande. Il a été liberé le
16 mai 2006.
Il est le Président de l’Organisation
pour le Développement
Social du Soudan (SUDO,
<http://www.sudosudan.org/>). SUDO
est une organisation bénévole créée
pour promouvoir un développement
durable et le respect des
droits humains. Cette organisation
est engagée dans des activités humanitaires
parmi lesquelles des secours
d’urgence dans le nord, le sud et
l’ouest du Darfour tout comme l’enseignement
des droits humains et
des projets de développement dans l’ensemble du pays. Le
docteur Mudawi est un ingénieur de 49 ans qui a participé
au design et à la fabrication de systèmes d’alimentation en
eau. Il est aussi un maître de conférence à la Faculté d’ingénierie
et d’architecture de Khartoum.

Pour plus d’informations, se référer à l’Action d’Amnesty
International du 17 mai 2005, disponible sur :
http://www.amnestyinternational.be/...

INFORMATIONS
GÉNÉRALES

>
Situé en Afrique du Nord-Est, le Soudan est le plus
grand pays du continent. Le Nil Blanc et le Nil Bleu
qui se rencontrent à Khartoum constituent les véritables
axes du pays et assurent la continuité entre les zones
tropicales du Sud et le désert du Nord. Les principales exportations
du pays sont le coton, la gomme arabique et l’arachide.
La première guerre civile au Soudan oppose, entre 1955
et 1972, le gouvernement à des rebelles sudistes de l’ethnie
dinka réclamant l’indépendance de leur région. Les accords
de paix de 1972 mettent fin à cette première guerre civile
en offrant une large autonomie aux provinces du Sud. Mais
les rivalités ethniques, territoriales et religieuses qui fragmentent
profondément le Soudan ne s’apaisent pas pour
autant.

Au début des années 1980, le président Nemeyri, à la tête
d’une dictature militaire à tendance islamiste, reprend le
contrôle de régions du Sud où sont découverts des gisements
de pétrole. Dans le même temps, l’établissement de lois
islamistes entraîne le regroupement de combattants
chrétiens. En juillet 1983, des officiers déserteurs, dont le
colonel dinka John Garang, fondent l’Armée de Libération du
Peuple Soudanais (SPLA). Le Soudan replonge dans la guerre.
En 1989, le groupe de militaires islamistes qui a pris le pouvoir a instauré la charia (code pénal islamique).
Cette guerre, d’origine religieuse s’est déplacée aujourd’hui
sur le terrain de la course au pétrole. En juillet 2002, un
accord de paix entre le gouvernement de Khartoum et la rébellion
du SPLA est signé à Nairobi, sous les auspices des Etats-Unis.
Mais les combats reprennent dès septembre.
Un Accord de paix global a été signé le 9 janvier 2005,
mettant fin à des décennies de guerre civile entre le nord et le
sud. La paix a généralement été respectée, même si certaines
milices du sud exclues de l’accord ont continué à se battre. Le
groupe politique armé ougandais Lord’s Resistance Army (LRA,
Armée de résistance du Seigneur) a renforcé sa présence dans le
sud du Soudan et multiplié les attaques contre les civils et,
parfois, le personnel des organisations humanitaires. On
s’attendait à ce que plus de trois millions de personnes déplacées
et 500 000 réfugiés rentrent dans le sud.

La mort, fin juillet, de John Garang de Mabior, chef du
gouvernement du sud du Soudan et premier vice-président du
nouveau gouvernement d’union nationale, auquel a succédé
Salva Kiir, a déclenché des émeutes de grande ampleur à Khartoum
et à Juba. Quelque 130 personnes ont été tuées pendant
ces violences et plus de 1 500 autres ont
été arrêtées à Khartoum.
La crise du Darfour : la plus
grave crise humanitaire du moment
La crise aiguë qui perdure au Darfour
ne peut laisser personne indifférent.
Des crimes contre l’humanité y
sont perpétrés en toute impunité.
Dans cette région de l’Ouest du Soudan,
frontalière avec le Tchad, un terrible
conflit oppose les milices arabes « 
Janjawid », soutenues par le gouvernement
soudanais, aux groupes rebelles issus de la population
locale. Les combats ont provoqué le départ de plus de deux
millions de personnes, tandis qu’entre 200 000 et 300 000
sont mortes au cours des trois dernières années. Cette
catastrophe humanitaire, qui s’apparente à un véritable
« nettoyage ethnique », est éclipsée par les pourparlers de paix
en vue de régler le conflit qui oppose le nord et le sud du pays.

Amnesty International a récolté les témoignages de dizaines
de villageois décrivant l’horreur des attaques perpétrées par les
Janjawids. Ces combattants sans pitié et très mobiles qui terrorisent
le Darfour sèment aussi la désolation dans tout l’est du
Tchad, vidant les villages de leurs habitants.
Les Janjawids volent le bétail, qui représente la principale
richesse, chassent les gens de leur habitation et tuent ou dispersent
la population. Ils attaquent en masse, avec acharnement.
Pour obliger les villageois à quitter leur habitation et leur terre,
ils ne cessent de revenir, jusqu’à ce qu’il ne reste plus personne
à tuer et plus rien à piller. Ils s’en prennent à des ethnies bien
précises, souvent les plus nombreuses et les plus riches.
Quelles sont les causes du conflit au Darfour ?
Plusieurs raisons sont évoquées pour comprendre le drame
de la guerre civile au Darfour. Pour le gouvernement soudanais,
ce sont les rivalités tribales exacerbées par les sécheresses des
dernières années, entre pasteurs nomades et cultivateurs
sédentaires des montagnes du Djebel Marra qui expliquent
les déchirements de la région.
A cela, se greffe la soi-disante opposition ethnico-religieuse
entre Arabes et Africains (bien que cette vision soit
réductrice). En réalité, tout le monde pâtit de conditions climatiques
dramatiques, et l’ensemble des habitants de la contrée
sont musulmans. Les raisons brandies par le pouvoir central de
Khartoum ne sont pas suffisantes. Des accusations d’ingérence
ont été formulées envers le Tchad et la Libye qui, fournissant des
armes aux groupes ethniques, alimentaient les tensions régionales…
Mais là encore, ces raisons ne sont pas déterminantes. En
revanche, il semble que la situation politique interne du
pays éclaire davantage les causes de la guerre. En effet, le Darfour
fut pendant longtemps, la base populaire qui soutenait le
pouvoir de Khartoum lui fournissant les cadres intermédiaires
de l’armée, ainsi que les permanents du Congrès National, parti
unique jusqu’en 1990. Depuis, le Darfour a été marginalisé
économiquement et politiquement par la réforme constitutionnelle
de 1994, qui a divisé la région en trois provinces, provoquant
la perte d’influence des leaders locaux.
Ce ressentiment agite la région à partir de 2000, un Front de
Libération du Darfour s’organise, et en février 2003, une insurrection
ayant la faveur du peuple éclate dans la ville principale
du Darfour. A Khartoum, le gouvernement ne peut supporter
un tel camouflet et il lâche les milices arabes locales, les
Jenjawid, qui équipées d’armes sophistiquées, ont carte
blanche pour pratiquer des actions de razzias, incendier les villages,
pratiquer des exécutions sommaires sur les populations
« africaines » de la région.

Un accord de paix avec la principale faction rebelle au Darfour,
le Mouvement/Armée de libération du Soudan (SLM), est
signé en mai 2006 mais les combats n’ont pas cessé et des violations
incessantes du cessez-le-feu sont signalées.
Mobilisation et urgence pour le Darfour
Les agences des Nations Unies ont commencé à dénoncer
ouvertement le « nettoyage ethnique » à partir de mars 2004. En
début d’année 2005, la Commission des Droits de l’Homme de
l’ONU, a dénoncé les crimes contre l’humanité et les crimes
de guerre commis dans la région. Enfin, le Conseil de sécurité
de l’ONU a adopté la résolution 1593 menaçant de poursuites
devant la Cour Pénale Internationale les responsables d’exactions.
L’afflux d’aide d’ONG a certes évité une catastrophe de
plus grande ampleur, mais l’aide humanitaire ne suffit pas à
protéger les civils.

L’Union Africaine a envoyé au Darfour une force armée de
maintien de la paix de 7 600 hommes. Il est prévu que cette
force africaine cède la place à une force plus importante des
Nations-unies d’ici la fin de l’année 2006, ce que refuse pour
l’instant le gouvernement du Soudan.
La Cour pénale internationale (CPI) a commencé ses investigations
sur les crimes commis au Darfour, mais elle n’a pas
encore été autorisée à se rendre au Soudan. Le gouvernement
soudanais a mis en place un tribunal national pour juger les
crimes commis au Darfour dans le cadre du conflit et affirmé
que la création de cette juridiction rendait la CPI superflue. Or,
les autorités se sont contentées d’ouvrir des enquêtes ou d’engager
des poursuites contre quelques-unes seulement des personnes
soupçonnées de crimes contre l’humanité et de crimes
de guerre au Darfour.

Pour plus d’informations, se référer au Rapport 2006 d’Amnesty
International et à la fiche pédagogique LICRA, disponibles sur :
<http://www.licra.org/story/pdf/para...> et
<http://web.amnesty.org/pages/sdn-in...>.

DROITS HUMAINS

Le nouveau gouvernement d’union nationale, formé en juillet
2005 à la suite de la conclusion de l’Accord de paix global en janvier,
a levé l’état d’urgence qui était en vigueur depuis 1989,
hormis dans l’Est du Soudan et au Darfour.
La nouvelle Constitution intérimaire entrée en application
en juillet 2005 contient de nombreuses avancées en matière
de droits humains, mais la peine de mort est maintenue, y
compris pour les mineurs délinquants, et les hauts fonctionnaires
responsables de crimes de guerre ou de crimes contre
l’humanité continuent de bénéficier d’une immunité de poursuites.
Plusieurs centaines de prisonniers politiques sont
maintenus en détention arbitraire à Khartoum. Les arrestations
arbitraires, la détention au secret, les actes de torture
et les restrictions à la liberté d’expression persistent ; les
principales victimes de ces pratiques sont les défenseurs des
droits humains, les militants étudiants et les personnes déplacées
vivant à Khartoum et dans la banlieue de la capitale.
Le gouvernement a engagé une procédure judiciaire contre
l’Organisation soudanaise contre la torture, l’un des principaux
groupes locaux de défense des droits humains, manifestement
pour la réduire au silence. À la fin du mois d’août 2005, le
Bureau des crimes contre l’État aurait engagé des poursuites
contre cette organisation pour diffusion de fausses informations,
sans toutefois l’en informer. Ses membres, accusés de
divulgation de renseignements militaires, de diffusion de
fausses nouvelles et de trouble à l’ordre public, sont passibles de
peines d’au moins cinq ans d’emprisonnement.

Pour plus d’informations, se référer au Rapport 2006 d’Amnesty
International, disponible sur :
<http://web.amnesty.org/report2006/s...>

PISTES PEDAGOGIQUES

 Réalisation d’exposés sur la crise humanitaire du
Darfour.

Pour plus d’informations, consultez :
. le dossier Crise Soudan d’Amnesty International, disponible
sur :
http://web.amnesty.org/pages/sdn-in...

Pour être au courant des actions prévues par la section belge
d’Amnesty, voir aussi
http://www.amnestyinternational.be/...

. le dossier Crisis In Darfur, du International Crisis Group,
disponible sur :
http://www.crisisgroup.org/home/ind...

 Introduction au Droit Pénal International.
Expliquer les enjeux soulevés par la création d’une Cour Pénale Internationale
et par les lois de compétence universelle.
. voir le Dossier thématique de la FIDH, disponible sur :
<http://www.fidh.org/80/doc80fr.html>

. site internet de la Cour Pénale Internationale,
<http://www.icc-cpi.int/>

. site internet de l’ONG ICC-NOW, <http://www.iccnow.org/>

. Amnesty International, La Cour pénale internationale : la lutte
contre l’impunité ne faiblit pas, disponible sur :
<http://web.amnesty.org/pages/385-17...>

 Introduction à l’ethnologie des peuples du Soudan.
Lecture et étude d’Evans Pritchard, Les Nuer : Description des
modes de vie et des institutions politiques d’un peuple nilote, Gallimard,
1994. Bien plus qu’une simple description des modes de
vie nuer, ce livre propose, entre autres, une réflexion sur la
formation des identités par des dynamiques d’opposition.

 Projection et étude du film-documentaire Lost Boys of
Sudan, de Megan Mylan et Jon Shenk Ce film retrace le parcours
de deux orphelins soudanais, de leur village aux Etats-
Unis où ils sont accueillis, en passant par un camp de réfugié
pour enfants au Kenya. Film et outils pédagogiques disponibles
(commande) sur : http://www.lostboysfilm.com/

 du documentaire Closed District, de Pierre-Yves Vandeweerd,
sur la guerre civile au Sud-Soudan et le rôle du pétrole
dans ce conflit. Film disponible (commande) au GSARA : voir
http://mail.gsara.be/catalogue.htm

Analyse d’une chanson

Alain Souchon - « C’est déjà ça » : une chanson qui évoque
l’histoire d’un réfugié soudanais à Paris.

2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit