Tunisie

Mohammed Abbou, en détention arbitraire depuis avril 2005.

Mohammed Abbou, avocat et
défenseur des droits
humains, a été condamné en
avril 2005 à trois ans et demi d’emprisonnement,
principalement pour avoir
publié sur Internet deux articles critiques
visant les autorités tunisiennes
et dénonçant la torture dans
son pays. Sa condamnation a été confirmée
en appel en juin 2005 et il est
actuellement incarcéré à El Kef, à environ deux cent kilomètres
de Tunis où réside sa famille, ce qui rend les visites de
ses proches difficiles.
Du 11 mars 2006 au 15 avril 2006, il a observé une grève
de la faim, afin de protester contre sa détention prolongée et
le harcèlement dont il est victime de la part des autorités
pénitentiaires de la prison d’El Kef.
Selon ses dires, des gardiens de la prison l’ont, plus d’une
fois, réveillé au milieu de la nuit pour fouiller sa cellule. Il a
confié à sa femme qu’après avoir exprimé sa volonté de ne
pas partager sa cellule avec des prisonniers de droit commun,
les gardiens de la prison l’ont roué de coups de pied
et de coups de poing. Son matelas lui a, par ailleurs, été
confisqué, si bien qu’il doit désormais dormir sur un lit en
fer.
En novembre 2005, le Groupe de travail sur les détentions
arbitraires des Nations unies avait conclu que la
détention de Mohammed Abbou était effectivement arbitraire
et constituait une violation de l’article 19 de la Déclaration
universelle des droits de l’homme ainsi que de l’article
19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Le Groupe a également engagé le gouvernement tunisien
à respecter les normes internationales concernant le cas
de Mohammed Abbou.

Pour plus d’informations, se référer à l’action urgente AU
75/06 d’Amnesty International, disponible sur :
<http://web.amnesty.org/library/Inde...>


INFORMATIONS GÉNÉRALES

Pendant l’Antiquité, la Tunisie a fait partie de la province
romaine Africa et a servi de « grenier » de l’Empire
Romain. Elle n’a été arabisée qu’au VIIe siècle, avec l’arrivée
des conquérants arabo-musulmans. Malgré les insurrections
périodiques des Berbères, les courtes périodes d’invasion des
Siciliens (1134-1148) et la tentative d’invasion des Français en
1270, la Tunisie reste sous le contrôle des dynasties arabes jusqu’au
XVIe siècle.
Elle est rattachée à l’empire Ottoman en 1574. Le pouvoir
impérial est alors exercée par des administrateurs locaux (Deys
de Tunis jusqu’en 1705, puis Beys), ce qui permet aux autorités
tunisiennes de rester relativement autonomes vis à vis du pouvoir
central ottoman. La Tunisie multiplie les traités commerciaux
avec les Européens, au prix d’une dépendance économique
croissante. Ruiné à la fin du XVIIIe siècle, le pays doit
accepter une tutelle occidentale. Le protectorat français sur la
Tunisie est officialisé par la signature du Traité de Brado en
1881, au désarroi des nationalistes. Ceux-ci s’organisent autour
de groupes comme les Jeunes Tunisiens ou le Destour. En 1932,
Habib Bourguiba, membre du Destour
et futur fondateur du Neo-
Destour, crée le journal « l’Action
Tunisienne », qui prône à la fois
l’indépendance et la laïcisation de
la société tunisienne. Il est arrêté
et emprisonné pour conspiration
contre la sûreté de l’Etat en 1938.
À la fin de la Seconde Guerre
Mondiale, la lutte pour l’indépendance
s’intensifie, ce qui
contraint la France à promettre
l’autonomie interne de la Tunisie
en 1952.

L’indépendance est proclamée en 1956. En 1957,
Habib Bourguiba, alors Premier ministre, abolit la monarchie
constitutionnelle et instaure un Etat laïque fort autour d’un
parti unique,le Neo-Destour. Habib Bourguiba dirige la Tunisie
pendant trente ans, jusqu’à ce que son Premier ministre, Zine
el-Abidine Ben Ali, le destitue en 1987 sous prétexte que son
âge avancé le rendait incapable de gouverner le pays plus longtemps.
Il autorise le multipartisme et accepte que des partis islamiques,
comme Al Al-Nahda, se présentent aux élections législatives
et municipales de 1989 et 1990. Mais très vite, Ben-Ali
met un terme à cette démocratisation et interdit les partis islamiques.
La répression est extrêmement sévère à l’encontre des
islamistes, avec peines de prison très longues, torture, procès
inéquitables, bien qu’ils n’aient commis aucune violence,
contrairement à l’Algérie. Cette répression s’est ensuite progressivement
étendue à l’ensemble de l’opposition, aux communistes
et aux défenseurs des droits humains.
Il contrôle Ben Ali a réussi à contrôler l’ensemble du pouvoir,
notamment en plaçant des proches de sa famille à tous les
niveaux de décision. Il est réélu en octobre 2004 pour
un nouveau mandat de cinq ans, pour la quatrième fois consécutive.

En novembre 2005, la Tunisie accueille le Sommet
mondial sur la société de l’information (SMSI), qui
réunit des représentants des gouvernements, des organisations
internationales et de la société civile sous les auspices des
Nations unies. Le choix de la Tunisie comme pays hôte a été critiqué
par les organisations locales et internationales de défense
des droits humains à cause des sévères restrictions de la liberté
d’expression et d’association. En septembre 2005, l’Union européenne
(UE) et 11 États ont publié une déclaration commune
pour déplorer les restrictions imposées par les autorités tunisiennes
à la participation de groupes de la société civile au SMSI.
Des défenseurs des droits humains ont fait l’objet d’actes d’intimidation
et un journaliste français a été agressé à coups de couteau.
Des agents de sécurité tunisiens ont empêché les délégués
d’Amnesty International de rencontrer les représentants du
Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT) au bureau
de cet organisme à Tunis.

DROITS HUMAINS

Plusieurs dizaines de personnes poursuivies pour activités
terroristes ont été condamnées à de lourdes peines d’emprisonnement
à l’issue de procès inéquitables. De nouveaux cas de
torture et de mauvais traitements ont été signalés. Des centaines
de prisonniers politiques, dont certains étaient des prisonniers
d’opinion, restent incarcérés. Un grand nombre
d’entre eux sont détenus depuis plus de dix ans. Bien que le gouvernement
ait promis de mettre un terme aux placements prolongés
à l’isolement, cette pratique est toujours en cours ainsi
que de la privation de soins médicaux. La liberté d’expression
et d’association demeure soumise à de sévères restrictions.
Des internautes ont été placés en détention pour avoir publié
sur leur site des critiques du gouvernement.

Pour plus d’informations, se référer au Rapport 2006 d’Amnesty
International, disponible sur :
<http://web.amnesty.org/report2006/t...>

Plusieurs dizaines de personnes poursuivies pour activités
terroristes ont été condamnées à de lourdes peines d’emprisonnement
à l’issue de procès inéquitables. De nouveaux cas de torture
et de mauvais traitements ont été signalés. Des centaines de
prisonniers politiques, dont certains étaient des prisonniers
d’opinion, restent incarcérés. Un grand nombre d’entre eux sont
détenus depuis plus de dix ans. Bien que le gouvernement ait
promis de mettre un terme aux placements prolongés à l’isolement,
cette pratique est toujours en cours ainsi que de la privation
de soins médicaux. La liberté d’expression et d’association
demeure soumise à de sévères restrictions. Des internautes ont
été placés en détention pour avoir publié sur leur site des critiques
du gouvernement.

Pour plus d’informations, se référer au Rapport 2006 d’Amnesty
International, disponible sur :
http://web.amnesty.org/report2006/t...

PISTES PÉDAGOGIQUES

Droits humains et nouvelles technologies de l’information.
Présenter les problèmes de droits humains que
posent les nouvelles technologies de l’information (gestion
des informations à caractère privé sur Internet, restriction
de la liberté d’expression, sites portant atteinte à la dignité
humaine, propagation de messages d’incitation à la haine et
d’information pouvant compromettre la sécurité de l’Etat et
de ses citoyens).

. Consulter : -le site de la Commission Nationale de l’Informatique
et des Libertés, disponible sur : <http://www.cnil.fr/>
-le dossier Haine.com, du Human Rights Network International,
disponible sur :
http://www.hrni.org/FR/default.html

 Projeter le spot avec le témoignage de la journaliste tunisienne
Sihem Bensédrine sur la cassette « Paroles de
femmes », disponible chez Amnesty. Plus d’infos sur :
<http://www.amnesty.fr/index.php/amn...

 La Tunisie est l’une des premières destinations touristiques
de la région. Faites un exposé sur les enjeux économiques,
culturels et sociaux du tourisme. Présenter à la
fois les impacts positifs et négatifs du phénomène touristique.

Cinéma : projeter et étudier « Tunisiennes » de Nouri BOUZID :
Trois citadines cultivées partagent le même désir d’émancipation.
Fatiha a fui l’Algérie et attend en Tunisie un visa pour
l’Europe. Aïda assume son divorce et la vie indépendante et
économiquement dure qui en résulte. Amina a accepté un
mariage confortable avec piscine, voiture, domestique,
enfants et mari volage…(disponible à la médiathèque).

Littérature : lire et étudier : A. Manaï, Supplice Tunisien, le jardin
secret du général Ben Ali, La Découverte, 1995 : Le régime de
Ben Ali dénoncé par une de ses victimes. L’auteur est un
ancien expert international auprès de l’ONU. En 1989, il a été
arrêté et torturé durant plus de 15 jours consécutifs par les
services spéciaux Tunisien. Il est depuis réfugié politique en
France.


ESSAIS / ROMANS

Nicolas Beau, Notre ami Ben Ali : L’Envers du miracle tunisien, éd.
La Découverte, 2002.
Taoufik Ben Brik, Une si douce dictature. Chroniques tunisiennes
1991-2000, éd. La Découverte, 2001.
Voir aussi « Tunisie, le livre noir » (éditions La Découverte),
une compilation de rapports de différentes ONGs, disponible
chez Amnesty International.
>
L’avocate Radhia Nasraoui et sa fille Nadia. Cette avocate de
renomée internationale est régulièrement harcelée par le pouvoir
en raison de son travail en faveur des prisonniers d’opinion.
Elle a mené plusieurs grèves de la faim afin de protester contre
les menaces à l’encontre de sa famille.

2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit