Zimbabwé

Jenni Williams et Magodonga
Mahlangu,
responsables du
mouvement Women of
Zimbabwe Arise (WOZA,
Femmes du Zimbabwe,
debout !).

La défenseuse zimbabwéenne
Magodonga Mahlangu a été
arrêtée à la suite d’une protestation
pacifique, s’est vue refuser
avocat, nourriture et accès à une
salle d’eau, et a été contrainte de
dormir par terre dans une minuscule
cellule à côté de la dépouille d’un animal.
Le 31 mars 2005 au soir, environ 260 femmes, dont les responsables
de WOZA Jenni Williams et Magodonga Mahlangu,
ont été appréhendées lors d’un rassemblement de
prière pacifique sur l’Africa Unity Square (place de l’Unité africaine),
dans la capitale, et placées en détention au poste de
police central de Harare. Il semble néanmoins que certaines
personnes arrêtées ne participaient pas à la manifestation.
Plusieurs femmes auraient été battues pendant et après ces
interpellations. Certaines ont été frappées par des policiers
sur les fesses, après avoir été contraintes de se coucher sur le
sol, d’autres ont été battues alors qu’elles tentaient de descendre
des véhicules de police. Selon certaines informations,
plusieurs femmes ont été blessées, dont au moins trois grièvement,
mais aucune n’a bénéficié de soins médicaux appropriés
lors de sa détention.

La police de Bulawayo avait déjà arrêté plusieurs dirigeantes
de WOZA, dont Magodonga Mahlangu et Jenni
Williams, le 7 mars 2004, alors qu’elles quittaient une
réunion. Leur garde à vue a été prolongée jusqu’au 9 mars
afin de les empêcher, de toute évidence, d’organiser une
manifestation à l’occasion de la journée internationale
de la femme, le 8 mars. Lors de leur comparution devant le
tribunal, le 23 mars, le procureur a refusé d’engager des poursuites
contre elles.

Pour plus d’informations, consulter l’action urgente
d’Amnesty International AU 77/05, disponible sur :
<http://web.amnesty.org/library/Inde...
>

Craintes pour la sécurité
d’Arnold Tsunga.

Arnold Tsunga est président de
la Zimbabwe Human Rights
Association (ZimRights, Association
zimbabwéenne pour les droits
humains) et administrateur de la station
de radio Voice of the People (VOP, la
voix du peuple), dont l’émetteur à
ondes courtes situé à Madagascar diffuse
des émissions critiques envers le
gouvernement de Robert Mugabe, qui passent au Zimbabwe. Cet
avocat renommé a reçu en 2006 le prestigieux Prix Martin
Ennals pour les Défenseurs des Droits humains, qu’il partage
avec Akbar Ganji (Iran).

Arnold Tsunga a été averti que les services de renseignements
de l’armée du Zimbabwe avaient reçu l’ordre de le tuer. Cette
information semble crédible et Amnesty International estime
que sa vie est gravement menacée.

Pour plus d’informations, se référer à l’action urgente d’Amnesty
International AU 21/06, disponible sur : http://www.amnestyinternational.
b...

INFORMATIONS
GÉNÉRALES

Ancienne colonie britannique, ce pays voisin de
l’Afrique du Sud s’appelle toujours la Rhodésie du Sud
en 1964. Cette année-là, grâce à un mode de scrutin censitaire
combinant différents facteurs dont le niveau d’éducation
et la propriété foncière ou immobilière, Ian Smith arrive à la
tête d’un gouvernement composé uniquement de blancs, alors
que le pays compte 90% de citoyens noirs ! Il refuse de céder
aux pressions de la Grande Bretagne qui lui demandent de partager
le pouvoir avec la majorité noire.
En 1965, Ian Smith
déclare unilatéralement l’indépendance de la Rhodésie du
sud par le gouvernement blanc. Cet acte entraîne une condamnation
internationale et un embargo. L’ONU et la Grande Bretagne
ne reconnaissent pas la Rhodésie indépendante. De 1970 à
1979, un régime minoritaire blanc corrompu et raciste est mis
en place. Les meilleures terres agricoles sont confiées aux
Blancs. En septembre 1979, le gouvernement britannique persuade
le gouvernement rhodésien de céder le pouvoir à la majorité
noire. Les lois raciales sont abolies et des élections multiraciales
ont lieu en février 1980. Elles sont remportées de
manière absolue par le ZANU, un parti radical noir.

Le 18 avril 1980, le pays accède à l’indépendance, cette fois reconnue par la communauté internationale. Il change de nom et devient le Zimbabwe.
Robert Mugabe, le dirigeant du ZANU, prend la
tête du pays. De 1980 à 1988, une guerre civile oppose les
grandes formations politiques noires, le ZANU et le ZAPU. Le
pouvoir tente en vain de former un parti unique. En 1990, le
pays change sa politique économique (privatisation d’entreprises
d’État, réduction du nombre des fonctionnaires) et
devient plus autoritaire. En 2003, une grave crise agraire et
politique survient suite à l’expropriation par Mugabe des fermiers
blancs (voir le rapport d’Amnesty : « Zimbabwe, Pouvoir et
famine, Les violations du droit à l’alimentation »).

En mars 2005 ont lieu des élections législatives. Elles sont remportées
frauduleusement par le parti du président Mugabe, le
ZANU-PF. Cette formation dispose ainsi d’une majorité des deux
tiers au Parlement, où 30 autres sièges sont attribués à des personnes
non élues, notamment des chefs traditionnels proches de
la ZANU-PF et des personnes nommées directement par le chef de
l’État. Le plus grand parti d’opposition, le MDC, conteste les résultats.
Ses membres sont sévèrement réprimés. Le Zimbabwe se
coupe des bailleurs de fonds internationaux et du Commonwealth.
Quelque 80 % des 13 millions d’habitants du Zimbabwe
vivent au-dessous du seuil de pauvreté (1 dollar par jour).

LA CRISE ALIMENTAIRE

Une des grandes causes de la tension actuelle au Zimbabwe est
la question de la redistribution de la terre. En 2000, le gouvernement
décide de lancer une « réforme agraire accélérée », qui
consiste à exproprier les fermiers blancs, descendants pour la
plupart des anciens colons britanniques. Il faut dire que la situation
était assez injuste : les blancs possédaient 70% des
terres cultivables alors qu’ils représentent moins de 1% de la
population. L’ensemble du pays est rapidement touché par des
violences, qui augmentent à l’approche des élections et à l’occasion
d’occupations de fermes par les “ vétérans ” (anciens combattants
de la guerre d’indépendance) armés et soutenus par la
police et l’armée. Ces nouveaux propriétaires terriens ne sont
pas expérimentés et ne disposent pas des outils nécessaires pour
cultiver. Résultat : pour la première fois, le Zimbabwe doit
importer du maïs, la base de l’alimentation locale, tandis que la
famine menace certaines régions. Les violences poussent la plupart
des blancs à quitter le pays, emportant avec eux les capitaux
qui contribuaient à faire tourner l’économie du pays. L’instrumentalisation
de l’aide alimentaire distribuée par un
organisme d’État, le Grain Marketing Board (GMB) crée de nouvelles
tensions et fait fuir les ONGs internationales. En 2005,
malgré la pénurie, le gouvernement a une nouvelle fois décidé
de ne pas faire appel à l’aide alimentaire.

DROITS HUMAINS

Dans sa poursuite du pouvoir absolu, Robert Mugabe fait arrêter
certains opposants politiques ainsi que des journalistes de
façon arbitraire. Les passages à tabac, les actes de torture et
les assassinats politiques ne sont pas rares. Robert Mugabe
s’est aussi souvent illustré par ses attaques répétées contre les
homosexuels. Dans son dernier rapport annuel, Amnesty International
dénonce les violations systématiques et généralisées
des droits au logement, à l’alimentation, à la liberté de
mouvement et de résidence, et à la protection de la loi. Des
centaines de milliers de personnes ont été chassées de chez elles
pendant l’hiver et ont vu leur habitation détruite dans le cadre
de l’opération Murambatsvina (Restaurer l’ordre). Des dizaines
de milliers de vendeurs et de commerçants ne disposant pas
d’une licence ont ainsi perdu leur source de revenus et n’étaient
plus en mesure de subvenir aux besoins de leur famille. Malgré
le besoin flagrant d’aide humanitaire, les autorités n’ont pas
cessé d’entraver les initiatives lancées par les Nations Unies
et par des groupes de la société civile. La menace constante de
fermeture des ONG de défense des droits humains crée un climat
de peur.

Pour plus d’informations, se référer au Rapport 2006 d’Amnesty
International, disponible sur
<http://web.amnesty.org/report2006/z...>

PISTES PÉDAGOGIQUES

 Étude de cas : expliciter et discuter des enjeux de la
réforme agraire et de l’opération Murambatsvina, ainsi que
des violations de droits humains qui en découlent.
Se référer aux rapports suivants :

Sur la crise alimentaire :
. International Crisis Group sur les réformes agraires au
Zimbabwe et en Afrique du Sud, Blood and Soil : land, politics
and conflit prevention in Zimbabwe and South Africa, in Africa
Report n°85, 2004, disponible sur :
http://www.crisisgroup.org/library/...>

. Amnesty International, Zimbabwe : pouvoir et famine, les violations
du droit à l’alimentation, 2004, disponible sur :
<http://web.amnesty.org/library/inde...>

Sur l’opération Murambatsvina :
. du International Crisis Group sur l’opération Murambatsvina,
Zimbabwe’s Operation Murambatsvina : The Tipping Point ?,
in Africa Report n°97, 2005, disponible sur :
<http://www.crisisgroup.org/home/ind...>

. Amnesty International sur les violations des droits
humains à Porta Farm, Zimbabwe. Des vies brisées : le cas de Porta
Farm, 2006, disponible sur :
http://web.amnesty.org/library/Inde...

 Cinéma : Projeter et étudier les films suivants :

. Neria, de Godwin Mawuru, 1993, sur les conditions de vie
des veuves au Zimbabwe.
. Everyone’s Child, de Tsitsi Dangarembga, 1996, qui relate la
lutte pour leur survie de deux enfants livrés à eux-mêmes
après la mort de leurs parents, atteints du sida.

 
Introduction à la Civilisation Bantu des Shona.

Exposé sur les ruines du « Grand Zimbabwe » et leurs
légendes (elles seraient les ruines d’une cité construite par le
Roi Salomon et la Reine Sheba).
Se référer au : Conseil International des Monuments et des
Sites, World Heritage List n°364, 1985, disponible à partir de :
http://whc.unesco.org/fr/list/364/

 Littérature : lire et étudier :

Charles Mungoshi, Et ainsi passent les jours – roman de moeurs du
Zimbabwe, L’Harmattan, 2002.
Charles Mungoshi est l’un des premiers écrivains noirs du
Zimbabwe à jouir d’une reconnaissance internationale. Il
décrit dans ce roman la vie quotidienne dans une société
déchirée par le conflit entre tradition et modernité, où ce
sont des femmes, souvent, par leur honnêteté et leur droiture,
qui indiquent le chemin. Il se montre un critique lucide
et moderne de la société shona et, au-delà, de tant d’autres
sociétés fracturées du tiers monde.
Doris Lessing, Nouvelles africaines - la Madone noire, Albin
Michel, 2005.
Cet écrivain majeur de la littérature mondiale décrit l’enchevêtrement
des comportements raciaux en Rhodésie.
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