1.11) Les Tibétains

Le Tibet est une région géographique qui
correspond au Toit du Monde, située au
nord de l’Himalaya. Il est aussi la région où
vivent des Tibétains, un peuple majoritairement
bouddhiste. Sa superficie varie selon
qu’on prend en compte le Tibet historique,
beaucoup plus grand que l’actuelle région
autonome du Tibet, ou Xizang, qui a un
statut particulier comme d’autres régions
de Chine.

Le Tibet est une des régions les plus symboliques,
qui soulève beaucoup de passion
entre les défenseurs du peuple et de la
culture tibétaine, en danger face à la domination
chinoise, et les défenseurs de la
position chinoise, pour qui le peuple tibétain
a été libéré d’un joug féodal et religieux.
Pour ces derniers, avant 1949, le
Tibet était une théocratie féodale, dirigée
par les grands propriétaires terriens et les
prêtres. La majorité de la population rurale
avait un statut de serfs ou de paysans, avec
une minorité d’esclaves. Une justice
sommaire et partiale était rendue par le
seigneur ou le Lama, comprenant torture
et mutilations.

Cette thèse est contredite par les pro-Tibétains,
qui soulignent que le statut d’esclave
était une minorité, lorsque le fils héritait
du père d’une dette le mettant à la merci
du seigneur. Même si le développement
économique lié à la « colonisation » chinoise
a amélioré la vie des paysans tibétains, on
ne peut pas dire que le Tibet a été libéré
par la Chine. La population tibétaine a
souffert de la présence chinoise dans beaucoup
de domaines, et risque de perdre son
identité à cause de la tentative chinoise
d’homogénéisation du Tibet au sein de la
Chine.

Un peu d’histoire

Le Tibet a été envahi par l’armée chinoise
en 1949, et annexé à la Chine en 1951.
Depuis, le peuple tibétain a connu une
série de mesures visant à l’empêcher de
pratiquer sa langue, sa culture et sa religion.
Mais les tentatives de résistance n’ont
jamais mis en danger l’autorité de Pékin. Il
faut dire que le Dalaï Lama, le chef spirituel
des Tibétains, a toujours préconisé une
résistance pacifique et se limite aujourd’hui
à demander une autonomie plus
importante pour le Tibet, acceptant de fait
l’intégration de la région dans la Chine.

En 1950, la Chine annonce la libération du
Tibet . En 1951, l’armée chinoise pénètre
dans Lhassa. L’Accord en 17 points sur la
libération pacifique du Tibet est signé sous
la contrainte, et le sceau du Dalaï Lama est
falsifié. Le Tibet redevient une province de
la Chine, officiellement gouvernée par le
Dalaï Lama et le Panchen Lama, mais
contrôlée en fait par le pouvoir central
chinois qui s’occupe de la défense, des
affaires étrangères, des finances et de l’éducation.

En 1959, une insurrection éclate à Lhassa,
la capitale du Tibet. Le Dalaï Lama fuit le
Tibet pour se réfugier en Inde. Il sera suivi
d’environ 100 000 Tibétains. Le nombre de
Tibétains tués dans l’action militaire selon
le rapport d’un militaire chinois officiel
fut de 87 000, simplement entre mars 1959
et septembre 1960, et cela seulement dans
le secteur de Lhassa. Bien plus de Tibétains
furent tués dans l’Amdo et le Kham qui
sont des régions plus peuplées.

Depuis 1987, plus de 214 tentatives de
manifestations pacifiques pour l’indépendance
ont été réprimées et les manifestants
arrêtés expédiés dans des camps de travail.
Tous ont été condamnés à des peines allant
de 3 à 20 ans de prison.

En 1989, une manifestation de Tibétains
finit dans un bain de sang.

Discriminations

- Discriminations du droit à la liberté de
religion

Dans la région autonome du
Tibet et ailleurs, la population tibétaine
est victime d’atteintes à la liberté de
religion, d’expression et d’association.
De nombreux Tibétains, notamment des
moines et des nonnes bouddhistes, ont
été arrêtés ou emprisonnés pour avoir
pratiqué leur religion ou exprimé leurs
opinions.

Ainsi, en 1995, les autorités ont placé en
résidence surveillée le jeune Panchen Lama, c’est-à-dire l’enfant choisi pour
succéder au Dalaï-Lama à la tête du bouddhisme
tibétain traditionnel. À sa place,
Pékin a choisi un autre enfant de culture
chinoise, et a tenté de l’imposer pour
mieux pouvoir contrôler l’église bouddhiste
tibétaine.

En 2001, l’institut bouddhiste de Serthar
est détruit. Son fondateur, Khenpo Jigme
Phuntsok, a également été mis en résidence
surveillée puis a disparu dans des
circonstances douteuses.

Les photos du Dalaï Lama sont interdites,
sous peine de prison, mais pas celles du
Panchen Lama (celui désigné par le gouvernement
central de Pékin, et non celui
reconnu par le Dalaï Lama).

Sonam Gyalpo, ancien moine, a été
condamné à douze ans d’emprisonnement
en milieu d’année pour avoir « mis en
danger la sécurité de l’État ». On avait
découvert chez lui des vidéos du dalaï-lama
et d’autres éléments « compromettants ». Sa
famille a été informée de son procès et de
sa condamnation alors qu’elle tentait de
lui rendre visite en détention.

Tenzin Delek Rinpoche
Ce lama tibétain très respecté a été
condamné à la prison à vie sur la base d’allégations
non prouvées d’implication dans
un attentat à la bombe.

POUR EN SAVOIR PLUS : Faites une
recherche sur Khenpo Jigme Phuntsok et
sur l’institut bouddhiste de Serthar.

  Discriminations dans le domaine de
l’emploi.

« Certains autorités chinoises prétendent
que l’urbanisation forcée des bergers tibétains
est une forme éclairée de modernisation.
 »
Brad Adams, Human Rights Watch.

Le gouvernement chinois déplace les
bergers tibétains par la force vers des zones
urbaines et des terres agricoles, détruisant
ainsi leurs moyens de subsistance et leur
mode de vie. En outre il leur refuse l’accès
à la justice pour les violations de leurs
droits, selon un récent rapport de Human
Rights Watch.

Pour plus d’informations, cliquez ici

Liberté d’expression

Selon les autorités chinoises, les Tibétains
ne seraient pas soumis à des discrimina
tions particulières car ils disposent des
mêmes droits que l’ensemble des citoyens
de la République Populaire de Chine, avec
les mêmes devoirs et les mêmes restric
tions.

Mais comme ailleurs en Chine, ceux qui
sont trop critiques vis-à-vis du régime ou
qui affirment trop leur identité culturelle
sont victimes d’arrestations arbitraires, de
tortures ou même de disparitions.

Les raisons de l’arrestation de prisonniers
politiques sont variées : diffusion de prospectus
politiques, diffusion de « slogans ou
de chants réactionnaires », possession ou
exposition du drapeau tibétain, participation
à des manifestations pour l’indépendance
du Tibet ou en faveur du Dalaïlama...
Les autorités chinoises ont installé
des caméras de surveillance à Lhassa pour
contrôler les manifestations.

À la fin des années 1950, des milliers de
Tibétains ont été envoyés dans des camps
de travail pour avoir critiqué le parti
communiste ou pour « crime idéologique de
nationalisme local ». Des milliers d’autres
ont été emprisonnés en raison de leur
statut social lors des révoltes contre la
domination chinoise qui se sont déroulées
de 1956 à 1959.

Pendant la Révolution culturelle, des
dizaines de milliers de Tibétains ont été
également envoyés dans des camps de
travail pour avoir encouragé ou soutenu les
révoltes. Pendant et après les manifestations
de 1987-89, des Tibétains ont été
détenus pendant de longues périodes pour
avoir manifesté en faveur de l’indépendance
tibétaine.

Le nombre de prisonniers politiques tibétains
a diminué ces dernières années.
Pendant les années 1990, il y avait environ
un millier de prisonniers politiques au
Tibet. En 2001, il y en avait autour de 300.
La majorité de prisonniers politiques continuent
à être des moines et des nonnes,
mais on assite aussi à des arrestations d’intellectuels
trop critiques envers le régime
chinois.

La prison de Drapchi a acquis une sinistre
réputation pour avoir accueilli des milliers
de prisonniers tibétains. Plusieurs détenus
y sont morts en mai 1998 pour avoir refusé
de participer à une cérémonie du drapeau
chinois, organisée à l’occasion de la fête
internationale du Travail. Pour en savoir
plus sur cette prison, voir le rapport d’Amnesty
en cliquant ici

Woeser, intellectuelle tibétaine de
premier plan, a vu son blog fermé à
plusieurs reprises après qu’elle eut soulevé
des questions au sujet du rôle de la Chine
au Tibet. Elle a écrit plusieurs livres de
poésie, ainsi que des notes sur le Tibet et
des études sur la Révolution culturelle.

Voir les extraits de certains de ses livres
traduits en anglais en cliquant ici

Jigme Sangpo est un des plus anciens
prisonniers d’opinion tibétain. Il a passé la
plupart des quarante dernières années
derrière des barreaux. Il a été arrêté pour
la première fois dans les années 1960 et
envoyé dans un camp de rééducation pour
avoir soi-disant « infligé des châtiments
corporels à ses élèves ». Il a été de nouveau
arrêté en 1970 et condamné à dix ans d’emprisonnement
pour ses activités politiques.
Sa dernière période de détention, à la
prison Drapchi, a commencé en 1983. À
cette époque, il a été condamné à quinze
ans d’emprisonnement pour « propagande
contre-révolutionnaire » car il avait collé
une affiche demandant l’indépendance du
Tibet.

Il a vu sa peine prolongée de cinq
ans en 1988 pour avoir scandé des « slogans
réactionnaires », puis de huit ans supplémentaires
en 1991 pour avoir crié “Vive le
Tibet libre !” lors de la visite dans sa prison
de l’ambassadeur de Suisse en Chine. Il a
été libéré le 31 mars 2002, à l’âge de 76
ans, suite à des campagnes internationales
en son nom.

Déplacements de population / Contrôle
des naissances

La Chine a toujours considéré le Tibet
comme une partie intégrante de son territoire.
Afin de renforcer le caractère chinois
de cette région, elle a mis en place une
politique de colonisation et de déplacement
de populations.

Dans une première période, toutefois, cette
politique a été conduite avec une grande
prudence. Les langues des minorités nationales
ont été préservées. Mais, dans un
second temps, le pouvoir central a essayé
de lutter contre les particularismes locaux,
afin de favoriser un développement économique
homogène. Les transferts de population
ont été favorisés de sorte que les minorités
nationales soient, sur leur propre
territoire, noyées au milieu d’une population
d’origine han. La civilisation chinoise
a été montrée en exemple. Les cultures des
autres peuples ont été marginalisées. L’apprentissage
du chinois s’est généralisé, au
détriment des autres langues.
Au Tibet, cette politique s’est traduite par
un afflux de colons chinois. Elle a aussi eu
pour conséquence la déportation d’enfants
tibétains dans la région de Pékin, en vue de
les initier à la culture han.

La présence chinoise au Tibet est encore
accentuée depuis la mise en service du
train Pékin-Lhassa. Les défenseurs de la
cause tibétaine craignent que cette
nouvelle ligne ferroviaire ne contribue à
accélérer l’immigration chinoise au Tibet
ainsi qu’à le vider plus rapidement de ses
ressources naturelles déjà surexploitées. Le
gouvernement tibétain en exil estime
notamment que « le chemin de fer facilitera
le contrôle chinois du Tibet et entraînera
l’arrivée de nombreux migrants chinois ».

Par ailleurs, alors que les autres minorités
ne font pas partie de la politique de
contrôle des naissances en Chine, les
femmes tibétaines y sont incluses et
seraient stérilisées et obligées à avorter au
delà du premier enfant, d’après la Commission
des droits de l’Homme (rapport de
1999).

Source : Wikipédia

Répression des migrants

Les autorités continuent de recourir à une
force excessive contre ceux qui cherchent à
fuir la répression au Tibet. En septembre
2006, des gardes-frontières chinois ont tiré
sur un groupe de Tibétains qui tentaient de
gagner le Népal, sous les yeux de témoins.
La mort d’au moins un enfant a été
confirmée.

Environ 150000 Tibétains ont fui le Tibet et
vivent actuellement en exil, principalement
en Inde.

Environnement

Depuis 1980, la Chine développe au Tibet
des centres de recherche nucléaire et y
entrepose ses déchets. Des déchets
nucléaires auraient été longtemps stockés
dans le lac Kokonor, le plus grand lac d’eau
salée du Tibet, aujourd’hui contaminé par
la radioactivité. Dans les années 1970, de
nombreux enfants des nomades ont été
atteints de leucémies et de malformations.
Pourtant, les effets des polluants radioactifs
déversés dans l’eau du plateau tibétain
se feront sentir bien au-delà car dix des
plus grands fleuves d’Asie y prennentsource. De plus, les vents de haute altitude
qui soufflent au Tibet peuvent transporter
la radioactivité à de grandes distances.

De même, le déboisement des forêts tibétaines
cause de sévères problèmes d’érosion
et de glissements de terrain, et augmente
le niveau de vase de certains fleuves, ce qui
provoque des inondations dévastatrices en
Chine, en Inde et au Bangladesh (en 1998,
les crues du fleuve Yang-tseu-kiang ont fait
plus de 10 000 morts, 250 millions de sinistrés,
et des millions de sans-abris).

Les autorités exploitent beaucoup les
ressources naturelles présentes au Tibet,
sans protéger suffisamment la population.
Ainsi, les exploitations de mines comme la
mine d’uranium située à Têwo ont
provoqué un grand nombre de cancers et
de malformations congénitales dans la
population, et ont rendu les terres stériles.

Parallèlement à la mise en service de la
ligne ferrovière Pékin-Lhassa, des efforts
ont été accomplis dans la préservation de
l’environnement au Tibet, pour y
compenser l’essor industriel. Les rives des
lacs entourant Lhassa, source importante
d’eau potable et comportant une faune
spécifique et variée, ont notamment été
interdites à l’agriculture intensive.

POUR EN SAVOIR PLUS :

Le fleuve jaune,
le plus important de Chine, prend sa
source au Tibet. À cause du réchauffement
climatique, ce fleuve s’assèche de plus en
plus, transformant des grandes étendues
en désert. Voir le film réalisé par Greenpeace
sur Youtube, en cliquant ici

Voir les nombreux films sur le Tibet
proposés dans la 4ème partie du dossier.

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