Shi Tao Un prisonnier d’opinion arrêté grâce aux informations fournies par Yahoo !!!

Yahoo ! a admis avoir fourni aux autorités chinoises des informations ayant permis l’arrestation et l’emprisonnement du journaliste Shi Tao, qu’Amnesty International considère comme un prisonnier d’opinion.

Shi Tao purge une peine de dix ans de prison dans son pays pour avoir envoyé un courriel qui contenait des informations sur la réaction gouvernementale au massacre de la place Tiananmen. Shi Tao a envoyé ce courriel aux États-Unis à partir de sa messagerie électronique Yahoo. Les autorités chinoises l’ont accusé d’avoir « divulgué des secrets d’État à l’étranger ».

Selon le procès-verbal établi par le tribunal, les éléments de preuve qui ont conduit à la condamnation de Shi Tao ont été fournis notamment par l’entreprise américaine Yahoo, fournisseur de services Internet, qui a transmis des informations sur le titulaire du compte à partir duquel le courriel a été envoyé.

Shi Tao est accusé d’avoir transmis à une source étrangère un message électronique résumant une directive interne du Parti communiste, qui mettait en garde les journalistes chinois contre des risques de troubles sociaux pour l’anniversaire du Mouvement du 4 juin (en référence à la répression de Tiananmen) et leurs ordonnait de ne pas alimenter ces troubles par leurs articles.

Emprisonné pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression, un droit inscrit dans le droit international et dans la Constitution chinoise, Shi Tao est considéré par Amnesty International comme un prisonnier d’opinion.

Les entreprises ont l’obligation de respecter les droits humains, quel que soit le pays où elles sont implantées. Le comportement de Yahoo est injustifiable : l’entreprise a répondu sans sourciller à la demande d’information des autorités chinoises concernant Shi Tao, et aurait contribué à l’arrestation de Li Zhi.

Paradoxalement, Yahoo a déclaré croire en des valeurs fondamentales telles que « l’excellence, l’innovation, le service clients, l’esprit d’équipe, la communauté et l’humour », ce qui ne l’a pas empêché de signer la Charte publique sur l’autodiscipline de l’industrie de l’Internet, s’engageant ainsi à appliquer le système chinois draconien en matière de censure et de contrôle.
Amnesty International a fait connaître ses préoccupations à Yahoo. L’entreprise a répondu, sans toutefois réagir à toutes les questions évoquées.

Modèle de lettre

Jerry Yang et David Filo

Cofondateurs et directeurs de Yahoo !

Courriels : jerry@yahoo-inc.com ; filo@yahoo-inc.com
ou

Service clientèle

Yahoo ! Inc.

701 First Avenue

Sunnyvale, California 94089

États-Unis

Messieurs,

Je vous écris pour vous faire part de ma vive inquiétude concernant les récentes allégations selon lesquelles votre entreprise a apporté son aide aux autorités chinoises dans le cadre d’une procédure qui a abouti à l’emprisonnement du journaliste chinois Shi Tao, qu’Amnesty International considère comme un prisonnier d’opinion, son seul tort étant d’avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression et d’opinion.

Je suis préoccupé/e de constater qu’en cherchant à conquérir de nouveaux marchés lucratifs, votre entreprise contribue à des violations des droits humains. Yahoo devrait réfléchir de toute urgence aux implications, en termes de droits humains, de ses activités commerciales. La Déclaration universelle des droits de l’homme appelle tous les organes de la société – et par conséquent les entreprises – à respecter les droits humains.

En agissant comme elle l’a fait dans l’affaire Shi Tao, votre entreprise risque de s’être rendue complice de violations des droits humains. J’appelle par conséquent Yahoo :

• à user de son influence pour faire libérer Shi Tao ;

• à épuiser toutes les voies de recours en Chine et au niveau international avant de se plier aux directives des États lorsque celles-ci ont des conséquences sur les droits humains ;

• à adopter une politique explicite en matière de droits humains qui affirme la volonté de l’entreprise de soutenir la Déclaration universelle des droits de l’homme et de se conformer aux principes énoncés dans les Normes des Nations unies sur la responsabilité en matière de droits de l’homme des sociétés transnationales et autres entreprises, et à veiller à ce que les maisons mères, filiales et partenaires de Yahoo fassent de même. Dans cette optique, il faut faire clairement comprendre aux autorités chinoises et au reste du monde que Yahoo n’entend pas aider les gouvernements à mettre en œuvre leurs systèmes de censure d’Internet ni livrer des informations devant servir à restreindre la liberté d’expression.

Veuillez agréer, Messieurs, l’expression de ma haute considération.

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