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Morale et religion

Morale, religion

La torture est-elle moralement acceptable ?

A priori, chacun s’attend à une réponse unanime : non, la torture est un acte barbare.
Mais faites le test dans votre classe : combien sont d’accord avec l’idée que Marc Dutroux mérite la torture ?

Même si le débat risque d’être ardu, voici quelques arguments pour vous aider à éviter de tomber dans une discussion trop émotionnelle et pour revenir à un débat de fond, sur les valeurs humaines.

 Est-ce que le fait de torturer quelqu’un le rendra plus respectueux des autres ? Pourra-t-il mieux prendre conscience du mal qu’il a fait ? Ou au contraire aura-t-il encore plus de haine en lui de la société ?

 Si on accepte la torture dans certaines situations bien précises, cela risque inévitablement d’entraîner des dérives (on sait que les limites ne sont jamais totalement respectées : ce n’est pas parce que la vitesse est limitée à 120 km sur l’autoroute que chacun respecte cette règle !).

 Il y a toujours le risque de torturer un innocent.

 Si on accepte le principe de la torture, on doit alors accepter d’être un bourreau.

 La torture est un acte lâche : un homme, le bourreau, a tous les pouvoirs sur un autre homme sans défense.

 « Ne fais pas à l’autre ce que tu ne voudrais pas qu’il te fasse ». Ce principe revient dans toutes les grandes religions monothéistes et chez la plupart des philosophes. Il s’applique parfaitement à la torture.

Le dernier bourreau anglais

Voici le témoignage du dernier bourreau anglais chargé des exécutions capitales. Il démissionna de sa fonction en 1956, dix ans avant que la peine de mort soit abolie en Grande-Bretagne. À l’époque, le gouvernement lui interdit de révéler ses motivations. Après avoir pris sa retraite, il parla.

« Pendant mes vingt-cinq années d’activité en tant qu’exécuteur, j’ai fermement cru exercer une tâche d’utilité publique. J’ai mené chaque exécution avec grand soin et la conscience nette. Je ne me suis jamais permis d’interférer dans la controverse à propos de la peine de mort.

Maintenant, j’espère sincèrement qu’aucun homme ne sera plus appelé à devoir accomplir une exécution dans ce pays. Je suis arrivé à la conclusion que les exécutions ne constituent pas une solution, mais sont seulement des reliques du désir de vengeance. C’est une manière facile de charger d’autres du soin de se venger. (…) J’ai agi pour le bien de l’Etat et j’ai toujours été convaincu que ce que je faisais était la méthode la plus humaine et la plus digne de mettre à mort un délinquant -que la sentence de mort ait été juste ou pas. (…) Mais la conclusion de cette expérience a un arrière-goût amer : je ne crois pas maintenant qu’aucune des centaines d’exécutions que j’ai conduites ait pu -d’une manière quelconque - prévenir quelque crime que ce soit. La peine capitale n’est rien d’autre, selon moi, qu’un acte de vengeance. »

Quelle est la part de conscience individuelle laissée au bourreau ?
Agit-il en tant qu’être humain ou en tant que robot ?
Y a-t-il dans l’histoire belge des témoignages de bourreaux repentis ? Cherchez de la documentation sur les mauvais traitements et tortures infligés par les colons belges aux populations du Congo durant la colonisation.

Religion

« Après dix siècles de christianisme, le Christ n’apparaît jamais dans le supplice aux yeux des bourreaux d’aujourd’hui. Sa Sainte Face n’apparaît jamais dans la figure de cet Arabe sur lequel le commissaire abat son poing. Que c’est étrange, après tout, ne trouvez-vous pas, qu’ils ne pensent jamais, surtout quand il s’agit de l’un de ces visages sombres et sémitiques, à leur Dieu attaché à une colonne et livré à une cohorte, qu’ils n’entendent pas, à travers les cris et les gémissements de la victime Sa voix adorée : " C’est à moi que vous le faites ". Cette voix qui retentira un jour, qui ne sera pas suppliante, qui leur criera et qui nous criera à nous tous : " J’étais ce jeune homme qui aimait sa patrie et qui se battait pour son roi, j’étais ce frère que tu voulais forcer à trahir son frère ". Comment cette grâce n’est-elle jamais donnée à aucun bourreau baptisé ? »
François Mauriac.

Pourquoi l’auteur compare-t-il les victimes de la torture au Christ ?

La Bible et la violence

Le refus de la torture est impliqué, dans la Bible, dans le refus (progressif) de la violence, exprimé depuis le premier meurtre (Genèse 4), jusqu’au Discours de Jésus sur la montagne (Matthieu 5,21-26 ; 38-48).

Recherche historique

Cherchez dans l’histoire des exemples où l’Eglise a pratiqué la torture. Quelle en était alors la justification ? Y a-t-il eu de la part de l’Eglise actuelle une remise en question de cette époque, une demande de pardon aux victimes ?

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