Luis Manuel Otero Alcántara est un artiste noir autodidacte de Cuba. Il aime peindre, danser et porter des costumes rose vif. Sa maison de San Isidro, l’un des quartiers les plus pauvres de La Havane, est un refuge pour la communauté, une maison ouverte où rencontrer des personnes et créer des liens. Frustré par le décret 349, un texte de loi visant à réduire au silence les artistes exprimant des critiques, Luis Manuel est devenu un chef de file du mouvement San Isidro, un groupe d’artistes, de journalistes et de militant·e·s de tous horizons qui défend le droit à la liberté d’expression et dont les membres sont victimes d’actes d’intimidation, placés sous surveillance, voire détenus.
Le 2 mai 2021, des agents de la sûreté de l’État sont allés chercher Luis Manuel à son domicile, où il observait une grève de la faim pour protester contre la saisie de ses œuvres par les autorités. Ils l’ont emmené dans un hôpital et coupé du monde extérieur. Après sa libération, un mois plus tard, les forces de sécurité ont continué à surveiller tous ses faits et gestes.
Le 11 juillet 2021, Luis Manuel a diffusé en ligne une vidéo dans laquelle il indiquait qu’il allait participer à l’une des plus grandes manifestations que Cuba ait connues depuis des décennies. Il a été arrêté avant le début de la manifestation et emmené à la prison de sécurité maximale de Guanajay, où il se trouve toujours. En juin 2022, Luis Manuel Otero Alcántara a été condamné à cinq ans de prison, à l’issue d’un procès à huis clos. Il voit son état de santé se dégrader en prison et ne bénéficie pas de soins médicaux adaptés.