Kem Sokha, président du principal parti d’opposition dissous, s’est vu refuser la liberté sous caution en appel le 1er février, alors que son état de santé se dégrade fortement. Maintenu à l’isolement en détention provisoire depuis son arrestation le 3 septembre 2017, il encourt jusqu’à 30 ans de prison s’il est déclaré coupable d’accusations de trahison à caractère politique.
Les observateurs présents lors de l’audience de mise en liberté sous caution de Kem Sokha le 1er février 2018 devant la cour d’appel de Phnom Penh ont noté une grave détérioration de son état de santé. Les médecins du « Centre correctionnel n° 3 » dans la province de Tbong Khmum lui ont semble-t-il fourni des médicaments, mais les autorités carcérales refusent jusqu’à présent les traitements médicaux des médecins indépendants. Ses problèmes de santé aggravés – hypertension, fortes douleurs à l’épaule et diabète – auraient débouché sur des complications qui durent pendant de longues périodes. Kem Sokha est isolé des autres détenus au Centre correctionnel n° 3 et les visiteurs, à l’exception de sa famille et de ses avocats, n’ont toujours pas la possibilité de lui rendre visite.
Alors que les avocats de Kem Sokha ont avancé la détérioration de son état de santé comme un motif de libération sous caution, la Cour a une nouvelle fois ignoré ces arguments. Avant d’entrer dans la salle d’audience, ses avocats ont été fouillés au corps, puis se sont faits confisquer leurs téléphones, une pratique inhabituelle au Cambodge. Ils n’ont pas été autorisés à s’entretenir avec leur client avant le début de l’audience. Ils ont signalé que leurs documents sont régulièrement vérifiés lorsqu’ils rencontrent leur client en prison et ils pensent que leurs conversations sont filmées en vidéo.
Le 15 janvier, le juge d’instruction du tribunal de première instance de Phnom Penh a rejeté la demande de remise en liberté sous caution de Kem Sokha, en arguant qu’il était soi-disant dans l’intérêt de garantir « la sécurité de Kem Sokha » et « la poursuite d’invesigations judiciaires fluides ». Lors de précédentes audiences de mise en liberté sous caution, Kem Sokha n’avait pas été autorisé à être présent dans la salle pour des motifs de sécurité.