Le réalisateur iranien Keywan Karimi a été condamné à six ans de prison et 223 coups de fouet, notamment pour « outrage aux valeurs sacrées de l’islam » et « relations illicites ». Il attend actuellement qu’il soit statué sur son appel. S’il est incarcéré pour des charges en lien avec ses activités pacifiques, Amnesty International le considèrera comme un prisonnier d’opinion.
Keywan (Keyvan) Karimi a été condamné le 13 octobre 2015 à six ans de prison et 223 coups de fouet par un tribunal révolutionnaire de Téhéran. Le tribunal l’a notamment déclaré coupable d’« outrage aux valeurs sacrées de l’islam » et de « relations illicites ». Amnesty International croit savoir qu’il n’a été informé qu’à sa dernière audience du chef d’inculpation d’« outrage aux valeurs sacrées de l’islam » en rapport avec un clip vidéo que les autorités avaient trouvé sur son disque dur, infraction pour laquelle il a été condamné à six ans de prison. Il avait en fait été inculpé de « diffusion de propagande contre le régime », ce qui n’apparaît absolument pas dans le jugement final. L’audience en appel de Keywan Karimi, à laquelle ont assisté des représentants des services de sécurité et de renseignement, s’est déroulée le 23 décembre.
Arrêté le 14 décembre 2013, Keywan Karimi avait été inculpé de « diffusion de propagande contre le régime », après avoir réalisé en 2012 son film intitulé Neveshtan Rooye Shahr (Writing on the City), sur les graffitis qui ornent les murs des rues de Téhéran. Seule une bande-annonce a été diffusée sur YouTube ; le film n’a pas été projeté en public. L’accusation de « relations illicites ne constituant pas un adultère » a été portée à l’encontre de Keywan Karimi parce qu’il a « serré la main » et s’est « trouvé sous le même toit » qu’une femme « dont la tête et le cou n’étaient pas couverts ». Après son arrestation, il a été détenu à l’isolement à la prison d’Evin, à Téhéran, sans pouvoir contacter un avocat. Il n’a été autorisé à appeler sa famille qu’une semaine après son arrestation. Il a passé 12 jours en prison avant d’être libéré sous caution.