L’avocate chilienne Karina Riquelme a été suivie et surveillée par des agents des services de renseignement de la police du Chili en raison de son travail de défense des droits de la communauté indigène mapuche.
La nuit du 10 juillet, dans la ville de Temuco (sud), deux hommes ont pointé pendant plusieurs minutes un laser vert sur la fenêtre de l’appartement de l’avocate Karina Riquelme, où elle vit avec sa fille de six ans. Les hommes sont partis quand un collègue de Karina Riquelme est arrivé chez elle. La veille, pendant une audience, Karina Riquelme a remarqué la présence intimidante d’inconnus qu’elle a identifiés comme des agents des services de renseignement de la police chilienne.
Karina Riquelme a déclaré à Amnesty International que plusieurs agents étaient présents dans la salle d’audience et à l’extérieur et avaient pris des photos d’elle et d’un autre avocat. Lorsqu’elle a elle aussi pris des photos de ces personnes, l’un des agents s’est approché d’elle rageusement et a posé des questions de manière menaçante. Le lendemain, l’un des agents est entré dans la salle d’audience et s’est fait passer pour un membre du public. Lorsque la juge du tribunal pénal de Temuco a demandé à cet homme d’indiquer son identité, il a marmonné quelque chose d’inintelligible et a quitté la salle d’audience.
Ces événements se sont produits lors de l’audience d’une enquête sur le directeur général des services de renseignement de la police et d’autres agents des services de renseignement de la police dans le cadre de l’affaire connue sous le nom d’Opération ouragan. Les membres de la police font l’objet d’une enquête pour entrave à la justice, falsification de documents et d’autres infractions visant à faire inculper des membres de la communauté mapuche d’Araucanía d’association terroriste illicite (affaire RIT 410-2018).
La Cour suprême du Chili a émis une décision en 2016 (Décision 7641-2016) ordonnant à la police et au ministère public de ne pas entraver le travail des avocats en vue d’interférer avec les procédures judiciaires liées à des enquêtes, notamment par la présence de policiers dans les lieux où les avocats travaillent. Cette décision a été prise après que Karina Riquelme et son collègue ont été suivis et photographiés en 2016.
L’Institut national des droits humains, une organisation publique indépendante de défense des droits humains au Chili, a déposé une plainte officielle au deuxième commissariat de Temuco après les récents événements. Karina Riquelme craint que ces menaces contre sa sécurité ne deviennent des attaques violentes.