Rouslan Sokolovski, 21 ans, étudiant en droit et blogueur athée connu, originaire d’Ekaterinbourg en Russie, se trouve actuellement en détention provisoire et encourt jusqu’à cinq ans d’emprisonnement pour une vidéo qu’il a rendue publique le montrant en train de jouer à Pokémon Go dans une église. Cet homme est un prisonnier d’opinion.
Le 11 août, Rouslan Sokolovski a diffusé une vidéo sur YouTube dans laquelle il joue au jeu « Pokémon Go » sur son téléphone portable dans une des principales églises d’Ekaterinbourg, dans l’Oural. Il voulait attirer l’attention sur l’absurdité de la législation qui érige en infraction les offenses aux convictions des croyants en Russie. À la fin de la vidéo, Rouslan Sokolovski déclare qu’il regrette de ne pas avoir attrapé le plus rare des Pokémons, Jésus, avant de dire : « Il paraît qu’il n’existe pas ». La vidéo a été diffusée sur des chaînes de télévision nationales, accompagnée d’un commentaire selon lequel Rouslan Sokolovski insultait le sentiment religieux et était peut-être atteint de troubles mentaux.
Le 19 août, l’attaché de presse du ministère de l’Intérieur local a fait une déclaration indiquant que le service de presse du ministère avait « découvert » la vidéo du blogueur dans le cadre de sa « surveillance du web », et l’avait envoyée au Centre policier de lutte contre l’extrémisme pour une enquête préliminaire. Tôt le matin du 2 septembre, des policiers ont pénétré dans l’appartement de Rouslan Sokolovski alors qu’il était endormi, après que son propriétaire leur eut remis les clés. Ils ont arrêté Rouslan Sokolovski et ont fouillé son appartement, confisquant son équipement vidéo et des exemplaires du magazine satirique qu’il publiait. Le blogueur a été inculpé en vertu de l’article 282 (« incitation à la haine ou à l’inimitié et atteinte à la dignité humaine ») et de l’article 148-2 (« actions publiques témoignant d’un manque de respect évident envers la société, dans le but d’insulter le sentiment religieux des croyants, commises dans des lieux de culte ») du Code pénal russe. Ces infractions sont passibles de peines allant jusqu’à cinq et trois ans de prison, respectivement.
Le 3 septembre, un juge du tribunal du district Kirovski d’Ekaterinbourg a ordonné le placement de Rouslan Sokolovksi en détention provisoire pour deux mois, le temps de l’enquête. L’audience était fermée aux journalistes et aux membres du public. Le 5 septembre, Rouslan Sokolovksi a formé un recours contre son arrestation. Amnesty International considère cet homme comme un prisonnier d’opinion, détenu uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression.