Les pères fondateurs

image 150 x 195 Amnesty est le produit de l’imagination d’un homme, Peter Benenson, anglais, catholique, avocat internationalement connu. Certains de ceux qui l’ont connu le décrivent comme un « visionnaire », allant parfois jusqu’à le qualifier de « saint ». En 1961, il était âgé de quarante ans, et était actif depuis des années dans le domaine des droits humains. Il était conseiller de la défense dans de nombreux procès politiques et avait fait partie, en 1959, des membres fondateurs de « Justice », une association apolitique d’avocats anglais, défendant la force de la loi et le respect strict de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

Benenson a rallié à son idée un petit groupe de gens : ses amis du groupe Justice, un quaker éminent nommé Eric Baker, secrétaire du « National Peace Council » et Louis Blom - Cooper, autre avocat internationalement connu de l’époque. image 150 x 224

Aux premières heures, un autre personnage important rejoint le groupe : Sean Mac Bride, bouillant Irlandais dont le père, activiste au sein de l’IRA, fut fusillé par les Britanniques. Mac Bride lui-même passa quelques temps en prison pour ses activités politiques indépendantiste. Nommé en 1948 Ministre des affaires étrangères de l’Irlande du Sud, il est l’homme de tous les combats et de toutes les causes, du Vietnam à la Palestine, mais il dira plus tard que c’est sans doute à Amnesty qu’il a consacré le meilleur de lui-même, le mouvement lui paraissant l’œuvre « la plus révolutionnaire de toutes ». Sean Mac Bride raconte que c’est seulement au début de 1944 qu’il apprit, par un diplomate américain, que selon certains rapports du Département d’Etat, les Allemands pratiquaient une politique d’extermination dans des camps spéciaux. Il eut d’abord des difficultés à croire à la véracité de ces rapports et c’est seulement plusieurs mois plus tard, quand les troupes alliées eurent découvert les camps nazis, que ses doutes se changèrent en certitudes. Dans son autobiographie il écrit « Jamais plus un tel drame ne devait se reproduire. Il fallait mettre en place des gardes-fous, une organisation qui puisse dénoncer toute horreur où qu’elle se produise et quel que fût le régime qui l’accomplisse. Amnesty pour moi n’est pas né d’une autre nécessité que celle de faire face aux déferlements de barbarie et de drames que je sentais et pressentais. Il fallait enquêter, dénoncer inlassablement pour que plus jamais d’autres crimes contre l’humanité puissent être perpétrés dans l’indifférence et l’impunité. » Mac Bride a présidé le Comité exécutif d’Amnesty International jusqu’en 1974, date à laquelle il fut nommé commissaire des Nations Unies pour la Namibie. La même année, il reçut le Prix Nobel de la Paix, trois ans avant que cette distinction ne soit attribuée à Amnesty International.

image 200 x 188 La dernière figure marquante du groupe est celle de Martin Ennals, nommé en 1968 secrétaire général d’Amnesty International. Il eut le mérite immense de doter le mouvement d’une gestion rigoureuse et de veiller à son développement pendant les 12 années où il resta à son poste. C’est sous sa direction qu’une véritable méthode de travail « amnestienne » fut mise en place : enquêtes rigoureuses, campagnes d’écriture de lettres systématiques, interventions auprès des politiques…

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