Les personnes qui s’opposent à l’occupation russe et à l’annexion illégale de la péninsule de Crimée, ainsi qu’aux violations des droits humains qui y sont commises depuis 2014, sont victimes de persécutions, notamment de harcèlement, d’intimidation, de poursuites pour de fausses accusations et de disparitions forcées. Les observateurs internationaux des droits humains ne peuvent pas se rendre en Crimée et les médias indépendants y sont interdits ou contraints de fermer, l’accès à leurs plateformes en ligne étant bloqué dans la péninsule et en Russie.
Militante des droits civiques et défenseure des droits humains, Irina Danilovitch a dénoncé les défaillances du système de santé en Crimée. Elle s’est exprimée haut et fort et a condamné publiquement les cas de poursuites motivées par des considérations politiques, de disparitions forcées et de détention arbitraire de défenseur·e·s des droits humains et de militant·e·s.
Le 29 avril 2022, Irina Danilovitch a été enlevée à Koktebel, en Crimée, par des membres des forces de sécurité russes. Ni sa famille ni son avocat n’ont eu de nouvelles d’elle jusqu’au 11 mai. Selon son témoignage, elle a été menacée à plusieurs reprises d’être exécutée en secret et a passé la majeure partie de cette période enfermée dans un sous-sol, dans des conditions inhumaines, en subissant actes de torture et mauvais traitements. Son procès, qui a débuté le 22 août 2022 devant le tribunal municipal de Feodosia, a été entaché de graves violations des garanties en matière d’équité. Le 28 décembre 2022, elle a été condamnée à une peine de sept ans de prison assortie d’une amende de 50 000 roubles (environ 600 euros). Elle est toujours soupçonnée de haute trahison.
Au début de son procès, Irina Danilovitch s’est plainte d’une douleur aigüe à l’oreille qui l’empêchait d’assister à la procédure ; elle a sollicité un ajournement, qui lui a été refusé. Son état de santé s’est progressivement détérioré depuis. Elle a été examinée par le personnel paramédical de l’établissement pénitentiaire et s’est vu refuser les soins dont elle avait besoin. Elle a entamé une grève de la faim le 21 mars en guise de protestation.