La collecte de données sur les violences conjugales reste à l’heure actuelle un défi à surmonter. Alors que de nombreuses femmes dans l’Union européenne continuent de subir ce type de violence, le manque de statistiques fiables sur le sujet et la différence des méthodologies de collecte de données parmi les États membres de l’UE rendent difficile de dresser un tableau exhaustif et comparable de la nature, l’étendue et les conséquences des violences conjugales dans l’UE. Par ailleurs, chaque victime de violence conjugale n’en parle pas nécessairement. Toutefois, quelques indicateurs peuvent être utilisés.
En Europe
L’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) a publié en 2014 une enquête sur la violence contre les femmes à l’échelle de l’UE, visualisable en cliquant ici.
Ce rapport repose sur des interviews menés auprès de 42 000 femmes dans les 28 États membres de l’UE. Dans l’ensemble, 31% des femmes ont subi des violences physiques de la part d’un partenaire ou d’un non-partenaire depuis l’âge de 15 ans. Cela représente environ 13 millions de femmes. Ces chiffres sont plus élevés que ceux du Conseil de l’Europe publiés en 2006 qui estime qu’un cinquième à un quart des femmes a subi des violences physiques au moins une fois dans leur vie. Les 3 formes les plus courantes de violence physique sont le fait d’être poussé ou bousculé, être giflé, et être attrapé ou tiré par les cheveux. Une femme sur cinq (22%) a été victime de violence physique et/ou sexuelle de la part de son partenaire ou ex-partenaire, depuis l’âge de 15 ans.
11% des femmes ont subi une forme de violence sexuelle de la part d’un partenaire ou d’un non-partenaire depuis l’âge de 15 ans. Même si elles peuvent survenir à différents moments d’une relation, les violences causées par le conjoint sont le plus souvent répétées. Parmi les femmes dont le partenaire a été violent, 82% d’entre elles affirment que le premier incident de violence physique et/ou sexuelle est survenu quand le couple vivait ensemble.
43% des femmes ont subi une forme de violence psychologique ou des comportements abusifs de la part d’un partenaire. Cela équivaut à près de 76 millions de femmes. Les formes les plus courantes de violence psychologique entre partenaires sont le fait de dénigrer ou d’humilier sa conjointe en privé, insister pour savoir où elle se trouve de façon abusive, et s’emporter si elle discute avec d’autres hommes. Une femme sur quatre a subi ces différents comportements de la part de son partenaire.
Selon des chiffres du Conseil de l’Europe, la proportion de femmes ayant subi des violences entre partenaires (en ce compris le harcèlement) atteindrait les 45%. Outre des conséquences au niveau psychologique et physique chez les victimes (les victimes ont besoin de quatre à cinq fois plus de soins psychiatriques que les autres. Elles commettent cinq fois plus de tentatives de suicide), ces violences ont aussi un coût financier : des chiffres de 2004 estimaient que le coût annuel de la violence à l’égard des femmes pouvait aller jusqu’à 34 milliards d’euros par pays.
L’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE) a lancé en 2013 l’Indice d’égalité de genre. Cet indice vise à refléter la réalité à multiples facettes de l‘égalité entre les hommes et les femmes, adapté spécifiquement au cadre de la politique de l‘Union européenne et des États membres. Dans cet indice, le domaine de la violence y est divisé en deux sous-catégories : la violence directe regroupant tous les actes qui peuvent des dommages physiques, sexuels ou psychologiques et la violence indirecte prenant en compte les attitudes, les normes et les stéréotypes qui soutiennent la violence à caractère sexiste. Pour le moment, aucun ensemble de données comparables et harmonisées n’est disponible au niveau de l’UE, ce qui rend impossible de calculer le coût du domaine de la violence. Cette lacune constitue un problème majeur pour l’éradication de la violence au sein de l’UE.
En Belgique
Chaque année, plus de 45 000 dossiers sont enregistrés par les parquets. Toutefois, les actes de violence conjugale sont loin d’être toujours dénoncés.
En 2010, l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes estimait qu’en Belgique, une femme sur sept avait été confrontée à au moins un acte de violence commis par son (ex-)partenaire au cours des 12 mois précédents. La violence conjugale a coûté la vie à 162 personnes en 2013.
Selon les chiffres de l’enquête de l’Agence des droits fondamentaux de l’UE publiée en 2014, 6% des femmes ont subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur partenaire ou ex-partenaire.
24,9% des femmes se sont fait et/ou se sont fait imposer des relations sexuelles forcées par leur conjoint, selon le sondage réalisé par Amnesty International et SOS Viol en 2014.
Par ailleurs, un couple sur huit est confronté à des violences d’ordre psychologique en Belgique. Plus discrète, plus sournoise et moins visible que la violence physique, elle constitue une réelle souffrance pour celui ou celle qui la subit. (www.fredetmarie.be)