Manizha Seddiqi, défenseure des droits humains, a été soumise à une disparition forcée le 9 octobre 2023, puis retrouvée en détention aux mains des talibans. Manizha Seddiqi aurait ensuite été envoyée à la prison de Pul e Charkhi, à Kaboul, le 5 décembre 2023. Selon certaines sources, son état de santé se détériore faute d’accès à des soins médicaux.
Au moment où Manizha Seddiqi a disparu et a été placée en détention, les talibans ont arrêté arbitrairement et détenu trois autres défenseures reconnues des droits humains, Parisa Azada, Neda Parwani, et Zholia Parsi, entre septembre et novembre 2023. Ces défenseures des droits humains n’ont pas pu consulter d’avocat ni recevoir de visites régulières de leur famille pendant leur détention et n’ont été inculpé d’aucune infraction. Elles ont ensuite été remises en liberté. Seule Manizha Seddiqi se trouve encore en détention.
Depuis qu’elles se sont emparées de Kaboul en août 2021, les autorités talibanes de facto piétinent de plus en plus les droits des femmes et des filles, leur interdisant de participer à la vie politique et à la vie publique du pays. Les politiques adoptées restreignent gravement les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, ainsi que les droits à l’égalité et à la non-discrimination. Pourtant, des femmes ont mené des manifestations pacifiques contre les talibans dans plusieurs villes afghanes, notamment Kaboul, Faizabad, Hérat et Mazar-i-Charif.
Les femmes qui organisent ces manifestations ou y participent sont soumises à l’usage illégal de la force, aux arrestations arbitraires et aux détentions, aux disparitions forcées, à la torture ou à d’autres formes de traitements cruels, inhumains ou dégradants. En août 2023, au moins huit membres du Mouvement national d’unité et de solidarité des femmes ont été arrêtées et détenues pendant plusieurs heures parce qu’elles organisaient des manifestations. Lors des rassemblements, les participantes sont insultées, harcelées, intimidées et menacées par des agents talibans armés, qui surpassent largement les manifestant·e·s en nombre et détruisent ou confisquent banderoles, flyers et supports d’information. En outre, certains journalistes qui couvrent ces événements sont soumis à des arrestations arbitraires et des mauvais traitements.
Les autorités talibanes de facto ont aussi suivi des femmes après les manifestations, dans le but de les interpeller. Plusieurs ont été arrêtées sous la menace d’une arme chez elles ou dans des centres d’accueil, souvent avec violence. Certains membres masculins de leur famille ont aussi été roués de coups par les talibans au moment de leur arrestation. Une fois arrêtées, les femmes sont détenues au secret et soumises de manière répétée à des actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements.