L’Union européenne doit accompagner et soutenir les aspirations des populations égyptiennes, tunisiennes ainsi que de tous ses partenaires méditerranéens à la démocratie

Communiqué commun d’Amnesty International et le CNCD

Après la Tunisie, c’est au tour de l’Egypte de s’embraser pour mettre fin au régime autoritaire de Hosni Moubarak en place depuis bientôt 30 ans. La communauté internationale a été prise de court par ces soulèvements, pourtant fort prévisibles au vu des conditions socio-économiques et politiques dans ces pays. Aujourd’hui, que les choses se précisent avec le départ de Zine El-Abedine Ben Ali et la pression croissante dans la rue égyptienne pour le départ de Moubarak, l’Union européenne demeure frileuse à soutenir comme il se doit ces élans populaires pour la démocratie et la jouissance des libertés fondamentales dont ces populations ont été privées depuis de si nombreuses années.

C’était pourtant l’une des raisons d’être du Partenariat euro-méditerranéen adoptée en 1995 : construire un espace de paix, de stabilité et de prospérité en s’attachant à réduire l’immense écart de développement qui s’est creusé entre les deux rives du bassin méditerranéen. En 2004, l’UE définit plus précisément le cadre d’action de ce partenariat à travers sa Politique européenne de voisinage. Une Communication de la Commission européenne indique ainsi que « les relations privilégiées entre l’UE et ses voisins reposeront sur des engagements à l’égard des valeurs communes, notamment la démocratie, l’Etat de droit, la bonne gouvernance et le respect des droits de l’homme. »

Mais même à travers les mécanismes mis en place pour garantir cette évolution, les accords d’association qui incluent une clause droits de l’Homme et les plans d’actions négociés et co-signés avec chaque pays partenaire et réservant une place importante à la promotion et au respect des droits de l’Homme, l’UE s’est montrée incapable de soutenir des processus de réformes nécessaires dans la majorité des pays du sud de la Méditerranée. Principalement par manque de volonté politique. La volonté politique de l’UE s’est plutôt attachée à renforcer la coopération avec ces pays sur les plans sécuritaires (contrôle des flux migratoires et lutte contre le terrorisme) et économiques (pour l’instauration de politiques de libéralisation économique). Et parallèlement, en venir à s’accommoder pleinement des dictatures et régimes autoritaires en place dans cette région tout en restant sourde aux appels des défenseurs des droits de l’Homme et des associations de développement du Nord comme du Sud de la Méditerranée.

Au vu de ces événements et afin de prévenir un embrasement généralisé de la région, l’UE doit s’engager énergiquement à mettre un terme à la complaisance affichée jusqu’à maintenant vis-à-vis des violations des droits de l’Homme en cours dans certains des pays du Maghreb et du Machreq. L’UE doit commencer à mettre en œuvre des politiques incitatives dans chacun de ces pays pour que le respect des libertés fondamentales soit garanti et que les sociétés civiles soient totalement libres de s’exprimer et associées à toutes les étapes de négociation de partenariat et de coopération entre l’UE et les pays du sud de la Méditerranée.

Concernant la Tunisie et l’Egypte, l’UE doit adresser un message clair d’encouragement et de soutien aux forces mobilisées pour la mise en place d’un régime respectueux des aspirations des populations à la démocratie et de condamnation ferme de toute opposition à ces aspirations.

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