Afrique du Sud. Graves inquiétudes face aux violences persistantes à l’encontre des réfugiés et des migrants

Déclaration publique

ÉFAI - 8 février 2010

Amnesty International déplore la passivité de la police, locale et provinciale, qui n’a pas su assurer la sécurité des personnes et des biens appartenant à des réfugiés vivant dans la région de Siyathemba/Balfour, dans la province de Mpumalanga. Dans la nuit du 7 au 8 février, pour la deuxième fois en moins de huit mois, des réfugiés et des migrants ont été contraints de fuir après avoir reçu des menaces. Une foule armée de plusieurs centaines de personnes a pillé et saccagé leurs boutiques et autres biens, détruisant leurs moyens de subsistance. Au moins 134 adultes et enfants, essentiellement des réfugiés éthiopiens, auraient été affectés par les violences et auraient cherché refuge dans des zones proches plus sûres ou dans d’autres provinces.

En dépit des efforts des observateurs des droits humains et du droit humanitaire, parmi lesquels Amnesty International et en dépit du fait que de hauts responsables de la police avaient été alertés de la situation menaçante ce dimanche 7 février, la police provinciale a manifestement échoué à endiguer l’escalade de la violence.

Parmi les personnes affectées se trouvaient des réfugiés confrontés pour la troisième fois depuis 2008 à la violence et à un déplacement forcé en Afrique du Sud. L’un d’entre eux a déclaré à Amnesty International : « Ils nous ont dit de partir (de Siyathemba). Ils ont saccagé notre boutique. J’ai à nouveau tout perdu. J’ai très peur. »

En septembre 2009, Amnesty International avait écrit au ministre de l’Intérieur, Nkosazana Dlamini Zuma pour lui faire part de son inquiétude concernant les menaces de violence et les agressions verbales à l’encontre de réfugiés et de migrants, attaqués à Siyathemba/Balfour au cours des manifestations de juillet 2009 organisées pour protester contre l’incurie du gouvernement local et son incapacité à fournir un certain nombre de services et contraints de partir. Amnesty international craignait également que les réfugiés et migrants ne soient contraints de retirer leurs plaintes pénales et de ne pas demander d’indemnisation, comme condition à leur réintégration dans la collectivité dont ils avaient été expulsés.

Dans une note adressée au gouvernement en août 2009, Amnesty International a salué la déclaration publique du président Jacob Zuma condamnant la violence contre les ressortissants étrangers et sa décision de rencontrer des réfugiés et des migrants déplacés pendant les manifestations de juillet. L’organisation de défense des droits humains reconnaît également qu’à la fin de 2009 de hauts responsables de la police nationale ont réagi positivement à une initiative lancée par la société civile et le HCR visant à améliorer la prévention et l’action de la police dans des situations d’urgence en cas de violence contre des réfugiés et autres ressortissants étrangers.

Toutefois, comme le montre la répétition des violences le 7 février 2010 à Siyathemba/Balfour et d’autres épisodes de violence à grande échelle qui se sont produits en 2009, la culture de l’impunité pour les auteurs de crimes contre des réfugiés et des migrants persiste. La conscience publique des obligations du pays en matière de respect des droits fondamentaux des réfugiés et des personnes en quête de protection internationale reste également faible.

Amnesty International appelle le gouvernement à veiller à ce qu’une enquête effective soit ouverte rapidement sur les attaques du 7 février et l’action de la police. Les auteurs présumés d’atteintes aux droits humains doivent être transférés à la justice et une indemnisation doit être accordée aux victimes.

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