Le secrétaire général d’Amnesty International, Salil Shetty, a rencontré le président mexicain Enrique Peña Nieto et lui a remis un mémorandum recommandant une série d’initiatives à prendre de toute urgence pour combattre l’impunité généralisée et les violations graves des droits humains dans le pays.
Plusieurs questions ont été abordées lors de la réunion, notamment la pratique courante de la torture, le nombre élevé de disparitions, les atteintes aux droits des migrants et des réfugiés, les attaques contre les journalistes et les défenseurs des droits humains, et les violences subies par les femmes et les populations indigènes.
« Le Mexique est un acteur de plus en plus important sur la scène internationale, non seulement en termes économiques, mais aussi sur le plan des droits humains, a déclaré Salil Shetty. Mais il ne tient pas ses promesses dans ce domaine au niveau intérieur. J’ai dit au président qu’il devait donner la preuve de son engagement sincère en faveur des droits humains, pas seulement au plan international, mais aussi pour toutes les personnes à l’intérieur du pays.
« Le président a le pouvoir d’agir sur la situation préoccupante des droits humains au Mexique. Il doit prendre sans attendre des mesures concrètes pour garantir le plein respect des droits fondamentaux de chaque personne dans le pays. »
Le nouveau gouvernement du président Peña Nieto a mis en place plusieurs mécanismes et procédures pour combattre les violations des droits humains, a indiqué le secrétaire général d’Amnesty International, mais la mise en œuvre et les résultats demeurent de faible niveau. Salil Shetty a également relevé que le gouvernement mexicain s’était montré très ouvert pour recevoir les mécanismes de surveillance des droits humains de l’ONU et les délégués d’Amnesty International.
Toutefois, le secrétaire général a fait part de sa préoccupation quant au fait qu’un an après avoir reconnu que plus de 26 000 personnes avaient été portées disparues au cours des six années précédentes, le gouvernement n’avait toujours pas établi clairement le nombre de victimes d’enlèvement ou de disparition forcée dont on n’avait pas retrouvé la trace.
« Je me suis rendu à Saltillo et j’ai rencontré des proches de victimes de disparition et d’enlèvement originaires de plusieurs États, a déclaré Salil Shetty. J’ai dit au président que les autorités ne faisaient manifestement pas encore tout le nécessaire pour localiser les personnes disparues et traduire en justice les responsables présumés. »
En 2013 le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a formulé un certain nombre de recommandations à l’adresse du Mexique afin qu’il améliore la situation des droits humains dans le pays. En mars le gouvernement d’Enrique Peña Nieto annoncera officiellement quelles mesures il adoptera. Amnesty International espère qu’il va adopter et mettre en œuvre toutes les recommandations qui sont conformes aux normes internationales en matière de droits humains.
Amnesty International demande au président de :
• déclarer publiquement et sans équivoque que son gouvernement est déterminé à assurer le respect des droits fondamentaux et à tenir sa promesse de prendre à bras le corps les graves problèmes en matière de droits humains ;
• faire en sorte que les victimes de disparition soient véritablement recherchées, et que les auteurs présumés de ces actes soient traduits en justice, y compris lorsque des agents de l’État sont impliqués ;
• mettre en œuvre des mesures complètes pour garantir la sécurité des défenseurs des droits humains et des journalistes en danger et amener les responsables présumés d’attaques et de menaces à rendre compte de leurs actes ;
• veiller au respect des droits fondamentaux des migrants en situation irrégulière et empêcher toute forme de violence contre eux. Toutes les atteintes aux droits des migrants doivent faire l’objet d’une enquête exhaustive, et les auteurs présumés de ces actes doivent être amenés à rendre des comptes.
Lors de sa visite au Mexique le secrétaire général s’est également rendu dans l’État de Coahuila, où il a rencontré des migrants, des proches de personnes disparues et le gouverneur de l’État. Amnesty International a appelé l’attention sur le fait que les autorités de l’État ne s’acquittaient pas de leurs obligations envers les proches de personnes disparues et a demandé qu’elles s’engagent résolument à localiser les victimes et amener les responsables présumés à rendre compte de leurs actes.
À Mexico, le secrétaire général s’est entretenu avec des victimes de violations des droits humains, des journalistes et de nombreuses organisations de la société civile. Il a également rencontré les ministres de l’Intérieur et des Relations extérieures, le procureur général de la République, le président de la Cour suprême, les membres des commissions des droits humains du Sénat et de la Chambre des députés, et la presse.