Amnesty International et Human Rights Watch sont préoccupées par l’augmentation des exécutions dans l’est

DÉCLARATION PUBLIQUE COMMUNE D’AMNESTY INTERNATIONAL ET DE HUMAN RIGHTS WATCH

Amnesty International and Human Rights Watch ont exprimé ce jour, lundi 26
juillet 2004, leur inquiétude quant à la série d’exécutions illégales à
Batticaloa et dans les environs. Elles ont eu lieu depuis la dissidence en
mars 2004 d’une faction dirigée par le Colonel Karuna, un ancien officier
des Liberation Tigers of Tamil Eelam (LTTE, Tigres libérateurs de l’Eelam
tamoul) de la côte est. Les deux organisations appellent toutes les parties
sur le terrain à respecter les droits humains.

« Toutes les parties doivent immédiatement donner l’ordre de mettre fin à
ces exécutions qui créent un climat de peur et constituent un retour en
arrière par rapport à l’amélioration de la situation des droits humains
depuis le cessez-le-feu », a déclaré Amnesty International.

Amnesty International et Human Rights Watch ont reçu des informations
faisant état d’au moins six exécutions illégales depuis le 9 juillet 2004,
jour où un fonctionnaire local, Kunjithamby Sivarasa, aurait été tué par
balles à son domicile, dans le village d’Ariyampathy. Ainsi, le 21 juillet,
un cadre du Eelam People’s Democratic Party (EPDP, Parti démocratique du
peuple d’Eelam), Velayutham Raveendran, a été abattu à un arrêt de bus dans
la ville d’Akkaraipattu. Velayutham Raveendran présidait également
l’Alaiyadivembu Pradhesiya Sabha, une organisation qui dépend du EPDP.

Dans un cas particulièrement préoccupant, le LTTE a revendiqué la
responsabilité de l’exécution publique de Balasuntaram Sritharan et de
Thillaiampalam Suntararajan, le 8 juillet 2004 à Illupadichchai junction. On
aurait retrouvé leur corps avec un bandeau sur les yeux bandées et des
menottes aux chevilles. Dans une déclaration publiée par leur branche
politique dans la région de Batticaloa-Amparai, les LTTE ont revendiqué la
responsabilité de ces exécutions, déclarant que les deux hommes avaient été
condamnés à mort comme « traîtres » et ils ont appelé tous les Tamouls à
dénoncer les autres « traîtres ». Ces exécutions et cet appel à la
dénonciation ont contribué à intimider encore davantage la population.

D’autre part, Kanapathipillai Mahendran, connu sous le nom de « Satchi
Master », et Sarvanamuttu Shanthakumar auraient été tués par balles le 14
juillet 2004 dans la prison de Batticaloa par un cadre des LTTE détenu dans
le même établissement. Une troisième personne aurait été blessée dans la
fusillade. Avant ces exécutions, « Satchi Master » avait été accusé de
prosélytisme en faveur du colonel Karuna et de ses partisans à l’intérieur
même de la prison. Ces exécutions soulèvent de graves questions sur la
sécurité et l’administration de la prison, notamment du fait que les
autorités savent que des membres de groupes rivaux sont détenus dans le même
bâtiment. Amnesty International et Human Rights Watch demandent aux
autorités de procéder à une enquête approfondie afin de déterminer comment
des armes meurtrières ont pu pénétrer en prison et les exhortent à prendre
toutes les mesures nécessaires pour protéger les prisonniers.

Ces exécutions interviennent au moment de la création du nouveau NorthEast
Secretariat on Human Rights (NESHOR, Secrétariat nord-est pour les droits
humains) au sein du Secrétariat pour la paix des LTTE, le 9 juillet 2004. La
mission du NESHOR est de surveiller la situation des droits humains et de
renforcer leur respect dans le nord et dans l’est. « Si la création d’un
secrétariat pour les droits humains est une évolution encourageante, les
LITTE doivent montrer par leur conduite, et pas seulement par des mots, que
leurs déclarations en faveur des droits humains ne sont pas une simple
façade », a déclaré Human Rights Watch.

Amnesty International et Human Rights Watch appellent les LTTE, le
gouvernement et la Sri Lankan Monitoring Mission (SLMM, Mission de
surveillance à Sri Lanka) dirigée par la Norvège à agir conformément à leur
responsabilité pour mettre fin à ces exécutions et traduire leurs auteurs
devant les tribunaux. Ces exécutions doivent donner lieu à des enquêtes de
la part de la police qui a la responsabilité du maintien de l’ordre et de
l’application de la loi et de la part du SLMM qui a mandat pour enquêter sur
les violations de l’accord de cessez-le-feu de 2002.

Amnesty International et Human Rights Watch engagent instamment les LTTE à
se conformer à leur engagement de respecter les droits humains et les normes
humanitaires minimales, comme l’a répété S. P. Tamilselvan, le chef de la
branche politique des LTTE, lors de l’ouverture du NESHOR. Les normes
humanitaires minimales qui figurent dans l’article 3 commun aux quatre
Conventions de Genève interdit les atteintes portées à la vie et à
l’intégrité corporelle, les prises d’otages et les exécutions sommaires des
personnes qui ne participent pas activement aux hostilités.

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