Au Guatemala, des milliers de personnes ont marché pour réclamer la fin des expulsions forcées

Le nouveau gouvernement du Guatemala doit cesser de recourir aux expulsions forcées afin de résoudre les conflits fonciers, a déclaré Amnesty International, après que des dizaines de milliers de manifestants ont pris part à une marche de contestation de neuf jours pour rallier la capitale Guatemala.

Cette marche de 215 kilomètres était organisée à l’occasion du 1er anniversaire de l’expulsion forcée de 12 communautés indigènes à Valle del Polochic, dans le nord du pays. Elle a démarré dans la ville de Cobán, dans le département d’Alta Verapaz, dans le centre du pays, le 19 mars.

Des familles expulsées, des paysans militants et des organisations de défense des droits des indigènes se sont rassemblés pour prendre part à cette manifestation, un nombre croissant de personnes grossissant chaque jour les rangs de cette marche vers le sud.

Cette marche, qui s’inscrit dans le cadre d’une campagne visant à trouver une solution au problème persistant des conflits fonciers et des expulsions forcées, s’est terminée Place de la Constitution, à Guatemala, mardi 27 mars.

« Les populations indigènes dans les zones rurales du Guatemala sont particulièrement vulnérables face au problème des conflits fonciers et des expulsions forcées qui s’ensuivent », a indiqué Sebastian Elgueta d’Amnesty International.

Les expulsions, menées par la police et l’armée, ne respectent généralement pas les normes internationales et se déroulent bien souvent avec un préavis très court. Les forces de sécurité incendient fréquemment les habitations et les biens lors de ces expulsions, laissant les familles sans rien d’autre que les vêtements qu’elles portent.

Le nouveau gouvernement d’Otto Perez Molina doit témoigner de sa détermination à s’attaquer à ce grave problème. Il convient de faire appliquer les principes directeurs relatifs aux expulsions forcées destinés aux procureurs, adoptés par le procureur général en 2011, afin de respecter le droit national et international relatif aux droits humains, a poursuivi Sebastian Elgueta.

« Le gouvernement doit également instaurer un moratoire sur les expulsions forcées et réformer la loi afin d’accorder la priorité aux droits des plus vulnérables dans le cadre des conflits fonciers. »

Les conflits concernant les terres au Guatemala sont courants et surgissent bien souvent entre les communautés indigènes rurales et les grands propriétaires terriens. Le système juridique guatémaltèque donne fréquemment la priorité aux intérêts des grands propriétaires et penche en leur faveur, au détriment des droits humains des ouvriers agricoles.

Aussi des centaines de familles se retrouvent-elles victimes d’expulsions forcées chaque année, ce qui représente des milliers de personnes sans abri et sans possibilité d’être relogées. En janvier 2012, le représentant du Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies au Guatemala a fait valoir que de 2008 à 2012, 114 expulsions forcées avaient été recensées.

En mars 2011, près de 2 500 indigènes de Valle del Polochic, dans le département d’Alta Verapaz, ont été expulsés dans le cadre d’un conflit foncier les opposant à une entreprise locale. L’un d’entre eux, Antonio Beb Ac, a été tué et deux autres ont été blessés lors de ces opérations.

Au cours des mois suivants, deux autres membres de la communauté ont été tués et six autres blessés. En août 2011, l’État a refusé de mettre pleinement en œuvre la recommandation de la Commission interaméricaine des droits de l’homme, à savoir fournir protection et aide humanitaire aux communautés concernées.

En 2011, Amnesty International a fait campagne à ce sujet et demandé que les personnes expulsées aient accès à un abri décent, à de l’eau potable, à de la nourriture et à des soins.

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit