La liberté d’expression est la cible d’une attaque soutenue en Azerbaïdjan à l’approche des élections parlementaires prévues le 1er novembre, a déclaré Amnesty International mercredi 7 octobre, après que deux employés de l’organisation ont été bloqués à la frontière et expulsés.
Des agents de l’immigration ont confisqué les passeports des deux délégués d’Amnesty International, tous deux Géorgiens, qui venaient d’atterrir dans la capitale Bakou le 7 octobre au matin. Ils ont été expulsés quelques heures plus tard. Amnesty International avait informé les autorités à l’avance de leur visite, mais n’avait jamais reçu de réponse.
« Les citoyens ne pourront pas participer véritablement à des élections tant que la répression des droits humains se poursuit en Azerbaïdjan et que les rares voix indépendantes sont réduites au silence », a déclaré John Dalhusien, directeur du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.
« Quels autres secrets les autorités azerbaïdjanaises tentent-elles de dissimuler au monde extérieur avant l’élection parlementaire ? »
« L’expulsion de nos employés s’ajoute à la liste des attaques visant les journalistes et les défenseurs des droits humains, arrêtés et emprisonnés simplement pour avoir fait leur travail. Aucune accalmie dans la campagne répressive menée par le gouvernement en vue d’étouffer toute critique et dissidence. »
En juin 2015, des délégués d’Amnesty International se sont vus interdire l’entrée sur le territoire azerbaïdjanais, la veille de leur visite prévue à l’approche des Jeux européens, qui se sont déroulés à Bakou.
En septembre, les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont renoncé à leur projet de suivre les élections le 1er novembre, les autorités leur ayant imposé des restrictions excessives. Ce sera la première fois que l’OSCE ne surveillera pas un scrutin en Azerbaïdjan depuis que cet État pétrolifère a gagné son indépendance en 1991, au lendemain de l’effondrement de l’Union soviétique.
Autre signe de la gravité de la situation des droits humains, le Conseil de l’Europe, principal gardien des droits humains en Europe, a annoncé aujourd’hui qu’il retirait son représentant du groupe de travail conjoint sur les droits humains en Azerbaïdjan.
Le groupe était chargé de ranimer le dialogue entre les autorités et la société civile.
Complément d’information
Au moins 20 prisonniers d’opinion sont enfermés en Azerbaïdjan pour avoir critiqué ou remis en cause les autorités. Ils sont inculpés d’accusations fallacieuses, allant de la fraude et de l’évasion fiscales, à la possession de stupéfiants et à l’houliganisme, et parfois même à la trahison.
De nombreux militants et défenseurs ont fui le pays ; ceux qui restent ont souvent bien trop peur, en raison des menaces les visant eux et leurs familles, pour dénoncer les violations des droits humains commises par les autorités.
Les médias indépendants sont aujourd’hui quasi inexistants, et les journaux et chaînes de télévision détenus ou contrôlés par le gouvernement sont utilisés pour mener des campagnes de diffamation. Les violations commises par les autorités ne sont donc pas signalées.