Communiqué de presse

Azerbaïdjan. Un autre journaliste indépendant derrière les barreaux à l’issue d’un procès inique

Les autorités azerbaïdjanaises doivent mener une nouvelle enquête impartiale et rejuger dans les meilleurs délais et de manière équitable le journaliste indépendant Avaz Zeynalli, a fait savoir Amnesty International après qu’un tribunal de Bakou l’a condamné à neuf ans de prison à l’issue d’un procès inique, pour des accusations qui semblent motivées par des considérations politiques.

En outre, le tribunal doit sérieusement envisager de le libérer dans l’attente de ce nouveau procès. Aux termes du droit international, toute personne détenue au titre d’une infraction pénale doit être jugée dans le cadre d’un procès équitable, dans un délai raisonnable, ou bénéficier d’une libération conditionnelle.
Avaz Zeynalli a déjà passé 16 mois derrière les barreaux durant le déroulement de son procès.

« Le procès d’Avaz Zeynalli a été entaché de graves irrégularités. Nous avons de bonnes raisons de croire que les poursuites engagées à son encontre et sa condamnation étaient le fruit de considérations politiques », a indiqué David Diaz-Jogeix, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

Le 12 mars, le tribunal pour les délits aggravés de Bakou a déclaré le rédacteur en chef du journal Khural coupable de corruption, d’extorsion de fonds par la menace, de non-exécution d’une décision judiciaire et d’évasion fiscale. Accusé de chantage et d’extorsion, il a été arrêté le 28 octobre 2011 et est détenu depuis cette date.

Avaz Zeynalli critique régulièrement le fort niveau de corruption de son pays et la répression exercée par le président Ilham Aliyev contre les journalistes indépendants et les opposants.

Avant que ces charges ne soient retenues contre lui, Avaz Zeynalli avait déjà été en butte à une série de mesures de représailles de la part des autorités, désireuses de faire taire cette voix critique. Son journal avait notamment été saisi et sa parution bloquée.

Il a été accusé par une députée du parti au pouvoir, Gular Ahmadova, d’avoir exigé le versement de 10 000 AZN (environ 9 800 euros) pour ne pas publier des informations susceptibles sa réputation en tant que députée.

Gular Ahmadova ayant par la suite été arrêtée pour fraude, l’accusation a changé d’angle et appelé trois nouveaux témoins qui ont affirmé avoir versé il y a cinq ans des pots-de-vin à Avaz Zeynalli pour qu’il accepte de ne pas publier des informations diffamatoires.

Ces témoins n’ont pas pu expliquer au tribunal pourquoi ils ne s’étaient pas présentés auparavant. L’accusation a également ajouté la charge d’évasion fiscale. Le service de contrôle fiscal affirme qu’Avaz Zeynalli n’a pas payé ses impôts depuis 2008.

« Avaz Zeynalli est connu pour ses articles critiquant les autorités azerbaïdjanaises et leur répression de toute forme de dissidence, a indiqué David Diaz-Jogeix.

« Leur détermination à le poursuivre envers et contre tout, en présentant de nouvelles inculpations en remplaçant les témoins une fois des éléments clés discrédités, semble découler de la volonté de se venger face à ses critiques. »

L’avocat d’Avaz Zeynalli a déclaré à Amnesty International que toute la procédure, depuis l’arrestation jusqu’au procès, était marquée par de graves violations. Avaz Zeynalli a été interpellé par des hommes en civil qui ne se seraient pas identifiés et l’ont fait monter dans une voiture sans aucune explication.

Il n’a pas pu consulter l’avocat de son choix lors de son interrogatoire au Département de la lutte contre la corruption du bureau du procureur général.

Tout au long du procès, la défense s’est vu refuser l’accès à des éléments de preuve essentiels, tels que l’original d’un enregistrement dans lequel Avaz Zeynalli exigerait un pot-de-vin. Elle n’a pas pu procéder au contre-interrogatoire de témoins clés.

« La condamnation d’Avaz Zeynali est révélatrice de la répression vigoureuse qu’exerce le gouvernement contre les journaliste indépendants, les militants de la société civile et les organisations non gouvernementales (ONG), a conclu David Diaz-Jogeix.

« Cette politique ne peut pas se poursuivre en dehors de tout contrôle. Le droit à la liberté d’expression et de réunion ne saurait être piétiné indéfiniment. »

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