Azerbaïdjan. Un militant condamné sur la base d’accusations « forgées de toutes pièces »


COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Index AI : PRE 01/238/2011

ÉFAI

4 mai 2011

Les autorités azerbaïdjanaises doivent libérer immédiatement un membre d’une organisation de jeunes de l’opposition condamné à deux ans et demi de prison sur la base d’accusations de détention de stupéfiants forgées de toutes pièces, a déclaré Amnesty International mercredi 4 mai.

Jabbar Savalan, membre du groupe des jeunes du Parti du front populaire d’Azerbaïdjan (PFPA), a vraisemblablement été pris pour cible parce qu’il a utilisé Facebook pour appeler à une « Journée de colère » inspirée par les mouvements de protestation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Ce militant âgé de 20 ans a été reconnu coupable par le tribunal de district de la ville de Soumgaït, dans l’est du pays, d’avoir eu en sa possession 0,74 grammes de marijuana.

Juste avant son arrestation, en février, Jabbar Savalan a été suivi par des policiers, qui l’ont interpelé sans explication et sans lui lire ses droits.

Il a été menotté et malmené lorsqu’on l’a fait monter dans un véhicule de police, puis il a été conduit jusqu’à un poste de police où il a été fouillé. Les policiers ont alors affirmé avoir trouvé la drogue dans la poche extérieure de sa veste.

« Tous les éléments disponibles indiquent que Jabbar Savalan a été reconnu coupable sur la base d’accusations forgées de toutes pièces, a souligné John Dalhuisen, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« Il est évident que la véritable raison pour laquelle il a été jugé et maintenant condamné est la volonté de le punir – et de dissuader les autres – d’avoir appelé à des manifestations antigouvernementales inspirées par les événements au Moyen-Orient. Jabbar Savalan est puni pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression. »

Jabbar Savalan a été reconnu coupable malgré une analyse sanguine prouvant qu’il n’avait pas consommé de drogue. Le verdict s’appuie principalement sur des « aveux » qu’il a été forcé à signer et qu’il a depuis rétractés. Il n’a pas été autorisé à consulter un avocat pendant son interrogatoire.


« La condamnation de Jabbar Savalan et les récentes arrestations d’autres organisateurs de manifestations montrent à quel point le contexte est délicat pour la liberté d’expression en Azerbaïdjan actuellement – et jusqu’où les autorités sont prêtes à aller pour étouffer les voix dissidentes. Jabbar Savalan est un prisonnier d’opinion et doit être libéré immédiatement et sans condition »
, a ajouté John Dalhuisen.

Aucune enquête n’a été menée sur les allégations selon lesquelles des policiers ont dissimulé la drogue dans la veste de Jabbar Savalan.

À l’issue de l’audience, la police a violemment dispersé les personnes qui manifestaient contre le verdict.

L’agent qui a interrogé en premier Jabbar Savalan a en outre abordé et menacé son avocat après le procès, a appris Amnesty International.

Selon son avocat, Anar Gassimov, le policier lui a dit qu’il n’avait pas apprécié sa plaidoirie car elle était critique envers l’État. Il aurait ajouté : « Je sais où vous habitez. Nous verrons ce que je ferai pour vous. » L’avocat craint à présent que des preuves ne soient placées dans ses affaires pour l’incriminer.

Amnesty International a récemment rendu visite à la famille de Jabbar Savalan, qui a affirmé catégoriquement qu’il n’avait jamais consommé de drogues. Cette information a été confirmée par ses amis à camarades de classe.

L’un d’eux a déclaré à Amnesty International : « Jabbar ne fume pas et ne boit pas du tout d’alcool – ce n’est pas possible qu’il consomme de la drogue. »

Amnesty International a relevé d’autres cas similaires, dans lesquels des stupéfiants ont été « trouvés » sur d’éminents détracteurs du gouvernement, comme Eynoulla Fatoullaïev et Sakit Zahidov.

En décembre 2009, des gardiens de prison ont affirmé avoir trouvé de l’héroïne sur Eynoulla Fatoullaïev, journaliste alors emprisonné. Cet homme a été reconnu coupable et condamné à deux ans et demi de prison en juin 2010, peu après que la Cour européenne des droits de l’homme eut ordonné sa libération immédiate.

En 2006, le journaliste Sakit Zahidov, un autre détracteur bien connu du gouvernement, a été condamné à trois ans d’emprisonnement pour possession d’héroïne. Selon lui, des policiers ont placé cette drogue dans sa poche gauche.

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