Communiqué de presse

Bahreïn doit protéger les militants des droits humains contre les représailles

Amnesty International a demandé le 25 septembre aux autorités bahreïnites de garantir la sécurité des membres de la société civile qui ont participé à la 21e session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève et qui ont reçu des menaces de représailles à la suite de cette participation.

Mohammed al Maskati, le président de la Société des jeunes de Bahreïn pour les droits de la personne, a indiqué qu’il avait été soumis à des intimidations avant et après son intervention devant le Conseil des droits de l’homme, le 13 septembre à Genève, à l’occasion de sa participation à une réunion sur les actes d’intimidation et les représailles visant des personnes et des organisations qui coopèrent avec les Nations unies. Il a déclaré à Amnesty International qu’il avait reçu plus d’une douzaine d’appels téléphoniques anonymes entre son arrivée à Genève et les moments qui ont suivi son discours. Ses correspondants l’accusaient d’être un « traître à son pays » et un « agent de l’Iran » ; ils auraient menacé de le tuer à son retour à Bahreïn.

Le 23 septembre, le quotidien bahreïnite Al Watan, que l’on considère comme proche du pouvoir, a publié un article intitulé « Liste des participants qui diffament Bahreïn à Genève ». Il comprenait les noms, les photos et d’autres renseignements sur les militants de la société civile bahreïnite présents à Genève pour la session du Conseil des droits de l’homme. Le journal avait auparavant rapporté les propos de membres du Majlis al Shura (chambre haute du Parlement et principal organe législatif), selon lesquels « quiconque porte atteinte à l’image du pays est un traître qui ne mérite pas la nationalité  » bahreïnite. Ils demandaient que ces militants soient traduits en justice pour répondre de diffamation contre le pays.

Le 24 septembre, on a pu lire dans Al Watan que des juristes bahreïnites avaient demandé l’introduction de sanctions pénales pour quiconque chercherait à porter atteinte à la réputation de Bahreïn à l’étranger. Pour ces juristes, poursuivait le quotidien, les discours des militants de la société civile bahreïnite dénonçant à Genève les violations des droits humains dans le pays reposaient sur des informations fabriquées de toutes pièces.

La parution des articles d’Al Watan fait suite aux interventions de plusieurs militants de la société civile bahreïnite lors de l’étude par le Conseil des droits de l’homme des conclusions de l’Examen périodique universel (EPU) pour Bahreïn, le 19 septembre à Genève. Ces militants avaient également participé à des rencontres organisées en marge de la session du Conseil des droits de l’homme pour dénoncer les violations des droits humains à Bahreïn.

En août, le secrétaire général des Nations unies a présenté un rapport sur les représailles dont ont été victimes des personnes qui ont coopéré avec l’ONU dans le domaine des droits humains. Ce rapport fait notamment référence à Bahreïn et évoque des informations faisant état d’actes d’intimidation et de représailles contre des défenseurs des droits humains ayant assisté à la session de l’EPU sur Bahreïn le 21 mai 2012. Il relève que deux journaux bahreïnites, Al Watan et le Gulf Daily News, ont qualifié les militants des droits humains qui avaient collaboré avec les Nations unies dans le cadre de l’EPU de « traîtres » et de membres d’une « bande de renégats » cherchant à « ternir la réputation de Bahreïn ».

Lors d’une rencontre avec le secrétaire d’État bahreïnite aux droits humains le 20 septembre, Amnesty International a fait part de ses préoccupations concernant les menaces dont Mohammad al Maskati dit avoir fait l’objet dans le contexte de ses activités au Conseil des droits de l’homme. L’organisation a souligné que le gouvernement de Bahreïn a le devoir de veiller à la sécurité de Mohammad al Maskati et des autres défenseurs des droits humains dans le pays. Le secrétaire d’État a demandé à Amnesty International d’inciter les militants qui reçoivent des menaces à porter plainte auprès du Parquet.

Amnesty International déplore que Mohammad al Maskati et d’autres membres de la société civile bahreïnite qui ont participé aux travaux de l’EPU soient pris pour cible parce qu’ils ont exercé, pourtant pacifiquement, leur droit légitime à la liberté d’expression, et qu’ils ont contribué à révéler des violations des droits humains. L’article 12 (2) de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme prévoit que « l’État prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration. »

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