Communiqué de presse

Bahreïn. Il faut libérer un militant après un verdict « creux » en appel

Il faut que Bahreïn libère un éminent défenseur des droits humains dont la condamnation pour sa participation à des manifestations antigouvernementales a été maintenue en appel, a déclaré Amnesty International mardi 11 décembre 2012.

Nable Raja, président du Centre bahreïnite des droits humains, condamné en première instance à trois ans de prison pour avoir encouragé des « rassemblements illégaux » et y avoir participé, a vu sa peine ramenée à deux ans par la cour d’appel.

Son avocat va former un recours auprès d’une juridiction supérieure contre cette condamnation, liée à des manifestations qui ont eu lieu à Bahreïn en février et mars 2012.

« Le geste de la cour d’appel, qui a réduit d’un an la peine prononcée contre Nable Raja, est complètement creux, cet homme ne devrait tout simplement pas être en prison », a déclaré Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Nable Raja n’a rien fait de mal, il s’est contenté d’exprimer pacifiquement ce qu’il pense. Une peine de deux ans de prison, tout comme une peine qui doit durer trois ans, est à la fois une insulte et une injustice qui ne peuvent être corrigées que par la libération de cet homme. »

La confirmation de la condamnation du militant est intervenue alors que le roi de Bahreïn venait, la veille, de parler avec emphase du respect pour les droits humains dans le royaume.

Le roi aurait déclaré dans un discours que les libertés d’expression et de rassemblement pacifique étaient garanties pour tous à Bahreïn.

Malgré ces paroles, le gouvernement a interdit toutes les manifestations le 30 octobre et des dizaines de personnes ont été arrêtées au cours des derniers mois pour avoir participé à des rassemblements.

Des défenseurs des droits humains ont été harcelés à plusieurs reprises et certains ont été emprisonnés pour avoir fait leur travail ou exprimé leur opinion.

Une autre militante bahreïnite, Zainab al Khawaja, a été arrêtée dimanche 9 décembre après être entrée dans un centre médical pour parler à un manifestant blessé. Elle est actuellement en détention provisoire en attendant qu’une enquête soit menée.

Dans une autre affaire, elle a été condamnée lundi 10 décembre à un mois de prison pour avoir participé à un « rassemblement illégal ».

« D’un côté, le gouvernement bahreïnite proclame son respect des droits humains et, de l’autre, il passe son temps à enfermer des défenseurs des droits humains parce qu’ils expriment leurs opinions de manière pacifique », a déploré Philip Luther.

« Les autorités doivent joindre l’acte à la parole et libérer immédiatement et sans condition tous les prisonniers d’opinion détenus dans les prisons de Bahreïn. »

En juillet, Nable Raja a été condamné à trois mois de prison pour diffamation après avoir publié des tweets critiquant le Premier ministre, le cheikh Khalifa bin Salman al Khalifa.

Sa condamnation à trois ans de prison liée aux manifestations a été prononcée un mois plus tard.

Plusieurs gouvernements étrangers ont également exprimé leurs préoccupations quant à la liberté d’expression et de réunion à Bahreïn.

Tout récemment, lors d’une assemblée internationale à Manana le week-end dernier, Michael Posner, adjoint de la secrétaire d’État américaine, a déclaré : « Le gouvernement bahreïnite [...] doit abandonner les charges retenues contre toutes les personnes accusées d’infraction liée à l’expression non violente de leurs opinions politiques et à la liberté de réunion. La plupart de ces condamnations semblent reposer, au moins en partie, sur les critiques émises par les prévenus envers les actions et politiques du gouvernement. »

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