Bahreïn. Il faut libérer un militant des droits humains bien connu, dont la vie est en danger après 50 jours de grève de la faim

Un défenseur bahreïnite des droits humains de renom, qui purge une peine de détention à perpétuité pour son rôle dans les manifestations antigouvernementales organisées en 2011, doit être libéré immédiatement, a déclaré Amnesty International, qui craint pour sa vie, alors qu’il observe une grève de la faim depuis 50 jours.

Abdulhadi Al Khawaja, 52 ans, ancien coordinateur de Front Line, organisation non gouvernementale (ONG) qui soutient les défenseurs des droits humains, a été arrêté en avril 2011 pour avoir été l’un des leaders des contestations antigouvernementales. Il a été torturé en détention et condamné par un tribunal militaire à la détention à perpétuité en juin 2011, à l’issue d’un procès contraire aux règles d’équité les plus élémentaires.

" Bahreïn doit veiller à ce qu’Abdulhadi Al Khawaja soit libéré immédiatement et sans condition" a déclaré Philip Luther, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

« Les autorités bahreïnites se sont engagées à relâcher les personnes incarcérées pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression ; pourtant, le fait qu’il soit toujours derrière les barreaux montre bien qu’elles ne sont pas résolues à tenir leurs promesses. »

Amnesty International considère Abdulhadi Al Khawaja comme un prisonnier d’opinion, détenu uniquement pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression.

Il n’a pas eu recours à la violence, ni prôné son usage, lorsqu’il a pris part aux manifestations en faveur de réformes, et aucun élément n’allant en ce sens n’a été présenté par le parquet lors de son procès.

Pour protester contre sa condamnation, Abdulhadi Al Khawaja refuse de s’alimenter depuis plus de sept semaines et, selon sa famille, il a désormais réduit sa ration de glucose et de sels minéraux.

D’après son avocat, il a perdu 16 kilos depuis qu’il a entamé sa grève de la faim le 8 février.

Par ailleurs, Abdulhadi Al Khawaja a subi des actes de torture et d’autres mauvais traitements lors de sa garde à vue et de son incarcération. D’après sa famille, il a été frappé lors de son arrestation, et emmené pieds nus, sans pouvoir emporter avec lui ses médicaments pour le diabète.

Il n’a pas été autorisé à recevoir des visites de ses proches avant la première audience de son procès, au mois de mai ; ils auraient toutefois réussi à lui parler au téléphone.

Lors de son procès, Abdulhadi Al Khawaja a témoigné des tortures qu’il avait subies en prison. En raison de son passage à tabac et des mauvais traitements qui lui ont été infligés, il a été admis au Bahrain Defence Force Hospital en avril 2011 ; il souffrait d’une fracture de la mâchoire et d’une fracture du crâne, et a subi plusieurs opérations au visage et à la tête.

Aucune enquête indépendante n’a encore été ouverte sur les mauvais traitements qu’il a subis.

La peine de détention à perpétuité prononcée à l’encontre d’Abdulhadi Al Khawaja par un tribunal militaire dans la capitale Manama en juin 2011 a été confirmée en septembre par la Cour d’appel pour la sûreté nationale, un autre tribunal militaire.

La Cour de cassation doit examiner son appel le 2 avril.

À Bahreïn, des militants ont à maintes reprises demandé sa libération. Le 26 mars, à Manama, des manifestants ont tenté d’organiser un sit-in sur une grande artère, mais ont rapidement été dispersés par la police antiémeutes.

Marié et père de quatre filles, Abdulhadi Al Khawaja est citoyen du Danemark, où il a vécu en exil pendant des années. Il est retourné à Bahreïn lorsque le gouvernement a proclamé une amnistie générale en 2001. Des diplomates danois lui ont rendu visite en prison à plusieurs reprises et ont confirmé que son état de santé se détériore.

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