Bahreïn : incarcérées, deux militantes entament une grève de la faim

Deux militantes bahreïnites placées en détention pour leur rôle lors de manifestations en faveur de la réforme ont entamé une grève de la faim afin de réclamer leur libération.

Roula al Saffar, directrice de la Société des infirmiers bahreïnites, et Jalila al Salman, vice-présidente de l’Association des enseignants de Bahreïn, sont incarcérées depuis plusieurs mois près de la capitale, Manama. Les deux femmes affirment avoir été torturées en détention.

« La décision de Jalila al Salman et de Roula al Saffar d’entamer une grève de la faim est une tentative désespérée de protester contre leur incarcération et la manière dont elles sont traitées », a déclaré Philip Luther, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Amnesty International craint qu’elles ne soient maintenues en détention uniquement pour avoir pris part à des actions de protestation, auquel cas elles seraient toutes deux des prisonnières d’opinion devant être libérées immédiatement et sans condition. »

Elles sont les deux seules femmes, parmi celles qui attendent d’être jugées pour leur rôle lors des manifestations, se trouvant encore en détention dans le pays. Elles partagent actuellement une cellule au centre de détention de Madinat Isa, au sud de Manama. D’autres manifestantes sont elles aussi en attente de jugement, mais ont été libérées sous caution.

Jalila al Salman était au nombre des membres du bureau de l’Association des enseignants de Bahreïn arrêtés à Manama après que ce groupe eut appelé les enseignants à se mettre en grève lors d’actions de protestation de grande ampleur en faveur de la réforme, en mars.

Roula al Saffar figurait parmi les professionnels de la santé accusés d’avoir commis des actes criminels lors des actions de protestation, notamment d’avoir volé des médicaments. Le groupe en question nie catégoriquement cette accusation.

Jalila al Salman aurait été frappée au cours de ses premiers jours de détention, tandis que Roula al Saffar a déclaré avoir reçu des coups, des décharges électriques et des insultes verbales au cours des 11 premiers jours de sa détention.

« Les autorités bahreïnites doivent faire toute la lumière sur ces signalements de torture sans plus de délais, en particulier parce que ces actes semblent s’inscrire dans une politique systématique alarmante de mauvais traitements contre les manifestants se trouvant en détention  », a déclaré Philip Luther.

Jalila al Salman est poursuivie pour « incitation à la haine contre le régime » et « appel au renversement et au changement de régime par la force ».

Amnesty International a appris que les deux femmes ont entamé une grève de la faim dans le but de protester contre le fait qu’elles sont maintenues en détention, tandis que d’autres ont été libérés sous caution, et contre les actes de torture qu’elles affirment avoir subis.

Au moins 500 personnes ont été arrêtées à Bahreïn depuis que les manifestations en faveur de la réforme ont débuté en février ; quatre d’entre elles sont mortes en détention dans des circonstances suspectes. Près de 2 000 personnes ont été licenciées ou suspendues de leurs fonctions.

Des dizaines de détenus, dont des professionnels de la santé et d’éminents militants de l’opposition, ont été déférés devant des tribunaux militaires pour avoir mené la contestation et, dans certains cas, appelé à un changement de régime.

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