Communiqué de presse

Bahreïn : des militants sont pris pour cible alors que se poursuivent les procès devant le tribunal militaire

Les procès de dizaines de personnes devant répondre devant un tribunal militaire d’accusations liées aux récentes manifestations à Bahreïn se poursuivent sur fond d’allégations de torture et d’affirmations selon lesquelles ces procédures judiciaire seraient iniques et motivées par des considérations politiques.

Parmi les personnes jugées par le tribunal militaire d’exception de Manama se trouvent un éminent avocat spécialiste des droits humains et 48 professionnels de la santé arrêtés après avoir soigné des manifestants blessés lors des manifestations de février et mars.

« Nous craignons que cet avocat et bon nombre de ces professionnels de la santé aient été arrêtés uniquement pour des raisons politiques, après avoir défendu ou soigné des manifestants en faveur de la réforme et s’être exprimés dans les médias contre les autorités », a déclaré Philip Luther, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du nord d’Amnesty International.

« Si tel est le cas, Amnesty International considèrera ces personnes comme des prisonniers d’opinion et demandera leur libération immédiate et sans condition. »

Le gouvernement bahreïnite a établi ce tribunal militaire d’exception, présidé par un juge militaire et deux juges civils, en relation avec une loi concernant la sécurité nationale instaurée en réponse aux manifestations. Cette loi a été abrogée le 1er juin.


Mohammed al Tajer
, un éminent avocat qui défend de nombreux militants de l’opposition et défenseurs des droits humains, a été déféré à la justice le 12 juin.

Les autorités bahreïnites n’ont révélé aucune information concernant le lieu où il est détenu et n’ont informé ni sa famille, ni son avocat avant le début de son procès, qui doit reprendre le 16 juin.

Il avait été arrêté chez lui, à Manama, le 15 avril et inculpé de diverses infractions, notamment de « diffusion de rumeurs » et d’incitation à la haine envers le gouvernement bahreïnite.

Amnesty International considère Mohammed al Tajer comme un prisonnier d’opinion pris pour cible en raison de son travail en tant qu’avocat spécialiste des droits humains et parce qu’il critique ouvertement le gouvernement.

Le procès de 48 professionnels de la santé a repris hier. Le fait que les avocats n’aient pas suffisamment pu rencontrer leurs clients avait suscité des plaintes. Les prochaines audiences sont prévues pour le 20 juin.

Le gouvernement bahreïnite affirme que le centre médical de Salamaniya, où une grande partie du personnel médical travaillait, aurait servi de centre de coordination pour les manifestations de février et mars, et il a accusé ces personnes d’avoir, entre autres, volé des médicaments, entreposé des armes, fait des déclarations antigouvernementales auprès de médias étrangers et incité à la haine envers le régime.

Les accusés n’ont eu que très peu de contacts avec leurs familles et certains disent avoir été torturés en détention et forcés à signer des aveux. Plusieurs accusés ont déjà été libérés sous caution.

« Des témoins indépendants qui se trouvaient à l’hôpital de Salamaniya ont déclaré que les charges retenues contre le personnel médical étaient absurdes, que les médecins et les infirmiers faisaient simplement leur travail en s’occupant de personnes blessées dans les affrontements avec les forces de sécurité », a expliqué Philip Luther.

« Les autorités bahreïnites doivent immédiatement ouvrir une enquête sur les allégations de torture et rejeter tout aveu ou autre élément de preuve obtenu par la contrainte. »

Dimanche, le tribunal militaire a condamné une jeune militante à un an de prison pour des motifs liés au fait qu’elle ait récité en public un poème qui critiquait le roi de Bahreïn.

Le même jour, Matar Matar et Jawad Feiruz, deux anciens membres du Parlement et représentants du parti al Wefaq, le principal parti politique shiite de Bahreïn, ont été jugés. Ils étaient notamment accusés d’avoir propagé de fausses informations, d’avoir participé à des manifestations non autorisées et d’avoir encouragé des personnes à manifester contre le gouvernement.

Au moins 500 personnes ont été arrêtées depuis que des manifestations en faveur de la réforme ont débuté en février ; quatre d’entre elles sont mortes en détention dans des circonstances suspectes. Près de 2 000 personnes ont été renvoyées ou suspendues de leurs fonctions.

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