Brésil. Le courage et la détermination confèrent une victoire historique sur les milices à Rio de Janeiro

Déclaration publique

AMR 19/007/2009

La condamnation récente de 10 membres des milícias, groupes de police privée illégaux qui se multiplient dans les favélas (bidonvilles) de Rio de Janeiro, représente une victoire emblématique dans la lutte en faveur des droits humains dans l’État de Rio de Janeiro.

Faisant fi des menaces de mort et autres mesures d’intimidation, plusieurs juges, procureurs, policiers et députés d’État ont fait preuve de courage et d’un sens du professionnalisme admirable. Leur travail constitue une référence en matière de lutte contre le crime organisé, la corruption dans l’appareil d’État et les atteintes aux droits humains au Brésil.

Parmi les 10 personnes condamnées figuraient deux frères, un ancien député d’État et un ancien conseiller municipal, tous deux condamnés à une peine de dix ans et demi d’emprisonnement pour constitution de bandes criminelles armées. En outre, un ancien policier a été condamné par contumace. Il s’est en effet évadé fin 2008 de la prison de Bangu 8, par la porte principale.

Dans le même temps, le Conseil de défense des droits de la personne humaine (CDDPH) du ministère de la Justice, organisme émanant conjointement du gouvernement fédéral et de la société civile, a annoncé qu’il allait demander à la Commission interaméricaine des droits de l’homme de tenir des audiences sur la multiplication des milícias.

Les autorités fédérales et étatiques doivent désormais travailler ensemble et, en s’appuyant sur cette affaire historique, mettre en œuvre les recommandations formulées en 2008 par la commission d’enquête parlementaire sur les milícias. En outre, elles doivent garantir la sécurité de ceux qui luttent contre la multiplication de ces milices et veiller à ce que les organismes concernés bénéficient des ressources nécessaires pour mener à bien leur mission.

Complément d’information

Les milícias se composent de policiers, de pompiers et de gardiens de prison n’étant pas en service, qui ont expulsé les trafiquants de stupéfiants des favélas et ont désormais pris le contrôle de nombreuses communautés en usant de violence. Ils extorquent des fonds afin d’assurer la sécurité, mais aussi de fournir du gaz, des transports, la télévision par câble et autres services. Ils sont accusés de faire usage de leur pouvoir politique et d’user d’intimidation en vue d’assurer des votes à certains politiciens, notamment des députés d’État. Bien que ces milícias existent à Rio de Janeiro depuis un certain temps, leur soudaine expansion remonte à décembre 2006, lorsqu’elles ont envahi plus d’une centaine de favélas.

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