COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Bulgarie. Des réfugiés protestent contre leurs « conditions de vie inhumaines »

Les autorités bulgares doivent agir au plus vite afin d’améliorer les conditions de vie dans un centre d’hébergement d’urgence de demandeurs d’asile situé près de la frontière turque, a déclaré Amnesty International alors qu’un grand nombre d’habitants de ce camp, dont des personnes ayant fui le conflit en Afghanistan et en Syrie, ont organisé une action mardi 19 novembre.

Pas moins de 100 personnes ont menacé d’entamer une grève de la faim pour protester contre les conditions de vie déplorables dans le camp d’Harmanli, dans le sud-est de la Bulgarie, où environ 1 000 demandeurs d’asile sont détenus dans une ancienne base militaire.

« Il est consternant que des personnes qui viennent se réfugier dans l’Union européenne soient prises au piège de l’incertitude dans des conditions aussi affreuses, d’autant que l’hiver approche rapidement. Le système d’asile en Bulgarie connaît une crise grave, et les demandes s’empilent ; les autorités doivent agir vite, si elles ne veulent pas se retrouver aussi face à une crise humanitaire, a indiqué Barbora Èernušáková, chercheuse de l’équipe Europe à Amnesty International, qui s’est rendue dans le camp d’Harmanli la semaine dernière.

« Nous avons pu voir les conditions déplorables dans lesquelles vivent un millier de demandeurs d’asile, entassés dans des conteneurs métalliques, sous des tentes et dans un bâtiment désaffecté d’un ancien complexe militaire. Ils doivent pouvoir déposer rapidement des demandes d’asile et les autorités bulgares doivent veiller à ce qu’ils aient des produits de première nécessité – nourriture, abri et sanitaires notamment. Les normes internationales leur garantissent ce droit. »

Bien que le camp d’Harmanli soit déjà bondé, les autorités bulgares continuent d’y envoyer de nouveaux demandeurs d’asile. La semaine dernière, les chercheurs d’Amnesty International ont assisté à l’arrivée d’un groupe d’hommes syriens. Les nouveaux arrivants n’ont eu qu’un matelas très mince et deux draps humides et fins – largement insuffisant pour passer des nuits froides sous une tente non chauffée.

Les femmes enceintes, les mineurs non accompagnés et d’autres personnes vulnérables endurent les mêmes conditions. Amnesty International s’est récemment entretenue avec une femme enceinte de six mois ; elle n’avait pas mangé depuis deux jours et dormait sur un matelas à même le sol.

Le camp ne dispose que de trois toilettes et huit douches, mais la plupart des habitants auxquels a parlé Amnesty International refusent de les utiliser car ils sont immondes. Les habitants du camp ne sont pas autorisés à sortir pour acheter des produits de première nécessité. Ils doivent compter sur les produits de base qui leur sont fournis comme les patates, le riz et le pain. Beaucoup vivent dans ces conditions depuis un mois.

« Certaines personnes prises au piège à Harmanli se trouvent là depuis plus d’un mois, sans savoir pourquoi ni ce qui va leur arriver. Il n’y a pas d’avocats, pas de personne en charge à qui nous pouvons parler », a confié à Amnesty International Malalai, jeune femme afghane.

L’inefficacité du système d’asile en Bulgarie a éclaté au grand jour en juillet 2013, lorsqu’un nombre croissant de réfugiés ont commencé à entrer sur le territoire via la frontière terrestre avec la Turquie. Plus de 100 personnes entrent dans le pays chaque jour, ce qui fait jusqu’en novembre un total de 10 000.

Ce chiffre éclipse celui de l’année 2012. Amnesty International a constaté ces dernières semaines que cet afflux se heurte à des agressions xénophobes violentes et à des actes de harcèlement visant les migrants et les demandeurs d’asile.

La réponse des autorités bulgares s’est avérée totalement inadaptée. Au lieu de proposer des conditions de vie décentes et de garantir l’accès à une procédure d’asile, elles « logent » les arrivants dans des centres où ils sont perdus et oubliés par le système. Le camp d’Harmanli en est un exemple.

Les demandeurs d’asile affirment que la corruption règne dans les camps, et particulièrement dans les camps fermés, comme celui d’Harmanli.

« Si vous avez de l’argent, vous sortez. Sinon vous restez. Tous ici, Afghans et Syriens, nous sommes unis pour protester contre cette situation », a affirmé un demandeur d’asile originaire de Syrie.

Le directeur de l’Agence nationale pour les réfugiés a indiqué que les autorités n’enregistrent pas les demandeurs d’asile « logés » à Harmanli. Bien qu’environ 1 000 personnes y séjournent, personne n’est actuellement chargé de s’occuper ne serait-ce que de leurs demandes d’asile.

« Le camp d’Harmanli est totalement illégal. Les fondements de sa création ne figurent pas dans les dispositions législatives adoptées et il ne s’agit pas d’un centre pour demandeurs d’asile, ni d’un centre de détention pour migrants clandestins », a conclu Iliana Savova, avocate bulgare qui défend les réfugiés.

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