Cambodge. Des familles affectées par le VIH/sida sont expulsées

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Amnesty International condamne les autorités de Phnom Penh pour avoir expulsé de leurs logements, à Borei Keila, dans la matinée du 18 juin 2009, 20 familles affectées par le VIH/sida. Elles ont été relogées en dehors de la ville dans le site de réinstallation de Tuol Sambo, qui ne dispose pas d’approvisionnement en eau saine et en électricité et où il est difficile d’avoir accès à des services médicaux.

« Tuol Sambo est totalement inadapté et les autorités cambodgiennes en ont parfaitement conscience, a déclaré Brittis Edman, responsable des recherches sur le Cambodge à Amnesty International. Il est souvent surnommé le " village du sida " et les habitants n’ont pas d’eau potable, pas d’électricité ni d’installations sanitaires satisfaisantes. »

« Du fait de l’éloignement de la ville, les habitants ne peuvent pas accéder aux centres des soins ni se rendre à leur travail, ce qui accentue les risques pour ces familles. Elles ont des besoins humanitaires urgents : elles ont besoin d’eau potable, d’un plus grand espace de vie, d’un accès aux services médicaux et d’un approvisionnement en nourriture. La santé des familles expulsées risque fort de se dégrader à Tuol Sambo. »

Tuol Sambo se trouve dans une zone semi-rurale et les logements sont faits de tôles ondulées vertes. En se rendant sur le site en avril 2009, Amnesty International a appris que les habitants des villages voisins le considéraient comme un centre pour personnes infectées par le VIH/sida.

Ces familles craignent fortement d’être confrontées à une stigmatisation et une discrimination encore plus prononcées en raison de leur séropositivité si elles sont contraintes de vivre dans cette enclave distincte, à part. Le préjudice causé risque d’être exacerbé par leur pauvreté et l’absence de perspectives d’emplois.

Lors de leur expulsion, les familles ont reçu en compensation de la part de la municipalité de Phnom Penh et du ministère du Tourisme un nouveau logement inadapté à Tuol Sambo, 50 kilos de riz, de la sauce soja, de la sauce poisson, des bidons d’eau et 180 euro. Le 12 juin, elles ont été contraintes de quitter Borei Keila et averties qu’en cas de refus, elles ne recevraient aucune compensation.

« Il est inadmissible que les autorités n’aient pas envisagé d’autres alternatives avant de décider d’expulser ces 20 familles vulnérables, a déploré Brittis Edman. Tuol Sambo n’aurait jamais dû être une option. »

Complément d’information

Borei Keila est un vaste quartier pauvre de Phnom Penh. En 2003, le gouvernement en a fait une concession de terres destinée à accueillir de nouveaux logements. Il était prévu que la concession de Borei Keila entre dans le cadre d’un accord de partage des terrains passé entre un promoteur immobilier privé, le ministère de l’Éducation, de la Jeunesse et des Sports, et les habitants. Aux termes de cet accord, le promoteur recevait 2,6 hectares à des fins d’exploitation commerciale, tout en pourvoyant à la construction de nouveaux logements pour les habitants du quartier sur deux autres hectares. Les 10 hectares restants devaient être restitués au ministère de l’Éducation, de la Jeunesse et des Sports.

En mars 2007, la municipalité de Phnom Penh a réinstallé les familles qui vivaient à Borei Keila contre leur gré, et semble-t-il en usant de la force, dans des abris temporaires faits principalement de tôles ondulées. Les autorités leur ont affirmé qu’elles n’y resteraient que quelques mois, afin d’ouvrir la voie à la construction d’un certain nombre de logements résidentiels à étages.

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