« Ceci est une tentative flagrante de claquer la porte face aux médias indépendants qui subsistent encore dans le pays, et un avertissement clair aux autres voix critiques, à quelques mois des élections nationales. Le Premier ministre doit immédiatement annuler cet ordre trop sévère d’une portée disproportionnée, a déclaré Hana Young, directrice régionale adjointe à Amnesty International.
« La fermeture arbitraire d’un média aux positions fortes aura un effet paralysant immédiat sur quiconque ose encore poser des questions sur les agissements du gouvernement cambodgien. Cette affaire survient sur fond de mesures de répression persistantes contre quiconque exprime la moindre critique à l’égard du Premier ministre et de sa famille.
« Les journalistes de VOD ont acquis la réputation de mener des enquêtes rigoureuses sur des questions cruciales en rapport avec les droits humains. La fermeture de ce média compromet l’accès du public cambodgien à l’information, maintenant que le gouvernement a éliminé un nouvel obstacle sur le chemin menant à l’éradication de l’opposition dans le pays. »
Complément d’information
Voice of Democracy est un média cambodgien d’information administré par le Centre cambodgien pour les médias indépendants, et publie des reportages sur un grand nombre de sujets, parmi lesquels la politique, les droits humains et l’environnement.
Hun Sen a ordonné la fermeture de VOD dans la nuit de dimanche 12 février, après avoir contesté un article concernant son fils. Ces décisions ont été prises après la publication par VOD d’une information selon laquelle Hun Manet, fils aîné de Hun Sen, a approuvé des aides financières destinées à la Turquie après le séisme dévastateur que ce pays vient de connaître. Hun Manet nie avoir octroyé ces aides.
Hun Sen, qui a désigné Hun Manet comme son successeur, a déclaré avoir validé le programme d’assistance du ministère des Affaires étrangères, d’un montant de 100 000 dollars.
Bien que VOD ait adressé au Premier ministre une lettre regrettant la confusion occasionnée par l’article, Hun Sen a répondu qu’il ne pouvait « accepter ces "regrets" ni la demande de pardon en lieu et place d’excuses ».
« Au nom du gouvernement, tenu de protéger sa dignité, je décide de clore cette affaire en ordonnant au ministère de l’Information de révoquer la licence de VOD avec effet immédiat, et à VOD de cesser ses activités d’ici à 10 heures du matin », a écrit Hun Sen sur sa page Facebook.