Le ministère de l’Intérieur a saisi aujourd’hui la Cour suprême pour demander que le Parti du salut national du Cambodge (PSNC), un mouvement d’opposition, soit dissous avant les élections prévues pour juillet 2018.
« Le Premier ministre Hun Sen et son gouvernement semblent vouloir exempter le Cambodge de critiques par tous les moyens. »
Les initiatives prises pour dissoudre le parti de l’opposition avant le vote crucial de l’année prochaine sont un coup de force flagrant et témoignent d’une nouvelle escalade de la répression gouvernementale contre toutes les formes de dissidence », a déclaré James Gomez, directeur pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique à Amnesty International.
« La communauté internationale ne peut assister sans réagir à la dégradation rapide de la situation des droits humains au Cambodge. Les principaux pays doivent immédiatement faire pression sur le gouvernement cambodgien pour qu’il mette fin aux restrictions considérables imposées aux droits à la liberté et à la liberté d’expression des personnalités de l’opposition et des défenseurs des droits humains. »
Le ministre a soutenu que la dissolution du PSNC était justifiée par des modifications juridiques, adoptées en 2017, qui interdisent aux partis politiques de « conspirer avec des criminels ». Ces événements interviennent peu après l’arrestation pour « trahison », le 3 septembre 2017, du chef du PSNC, Kem Sokha. Il est maintenu en détention depuis lors.
La démarche du ministère de l’Intérieur intervient deux jours après que la dirigeante adjointe du PSNC, Mu Sochua, a fui le pays. Mu Sochua a déclaré aux médias qu’elle se voyait contrainte de quitter le Cambodge parce qu’elle craignait d’être arrêtée sur la base d’accusations motivées par des considérations politiques.
« Les initiatives prises par les autorités cambodgiennes pour jeter en prison et harceler des personnalités de premier plan de l’opposition par le biais de poursuites pénales sans fondement et à caractère politique doivent cesser immédiatement. Mais les cas de Mu Sochua et de Kem Sokha ne sont que la partie émergée de l’iceberg », a déclaré James Gomez.
« Les défenseurs des droits humains et les médias ont également été visés par des actes de harcèlement, des mesures réglementaires et des poursuites pénales, ce qui a créé une situation extrêmement tendue dans laquelle il leur est difficile de mener des activités. Il est profondément alarmant que cette initiative coordonnée visant à faire taire toute voix contraire prenne de l’ampleur. »