Il est prévu que les audiences d’appel concernant Fomusoh Ivo Feh, Afuh Nivelle Nfor et Azah Levis Gob, tous âgés de moins de 30 ans, débutent ce même jour à Yaoundé, après plusieurs reports. Ces trois étudiants ont été déclarés coupables de « non-dénonciation d’actes terroristes » par un tribunal militaire le 2 novembre 2016.
« Plutôt que de languir en prison pour le simple fait d’avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, ces trois étudiants devraient être en train de jouer un rôle important dans la société camerounaise, a déclaré Ilaria Allegrozzi, spécialiste de la région du lac Tchad à Amnesty International.
« Le procès en appel qui s’ouvre ce jeudi 21 septembre est l’occasion pour les autorités de montrer au monde leur engagement à réparer cette injustice en libérant ces jeunes gens immédiatement et sans condition. »
En décembre 2014, Fomusoh Ivo Feh a reçu d’un ami le texto suivant : « Boko Haram recrute des jeunes à partir de 14 ans. Conditions de recrutement : 4 matières au GCE, y compris la religion. »
Ce message était en réalité une observation sur la difficulté à trouver un emploi correct sans être hautement qualifié et jouait sur l’idée que même le groupe armé Boko Haram ne recrutait que des personnes ayant obtenu de bons résultats à leur examens.
Fomusoh Ivo Feh a transféré le message à Afuh Nivelle Nfor, qui l’a envoyé à son tour à Azah Levis Gob. Après avoir confisqué le téléphone, l’un de leurs enseignants a lu le texto et l’a montré à la police.
Fomusoh Ivo Feh et ses amis ont tous été arrêtés. Ils ont été emmenés à la prison de Yaoundé le 14 janvier 2015 et détenus, les chevilles entravées.
« Ces trois étudiants n’auraient jamais dû être arrêtés car ils n’ont fait qu’exercer leur droit à la liberté d’expression », a déclaré Maximilienne Ngo Mbe, directrice exécutive du REDHAC
Ils ont été inculpés le 3 mars 2015, en vertu du Code pénal et du Code militaire camerounais.
« Un texto sarcastique ne peut en aucun cas constituer un motif d’emprisonnement. Ces étudiants n’ont rien à faire derrière les barreaux et doivent être autorisés sans délai à reprendre le cours de leur vie », a déclaré Cyrille Rolande Bechon, directrice exécutive de NDH Cameroun.
Amnesty International, le REDHAC et NDH Cameroun appellent les autorités camerounaises à libérer aussi les autres personnes détenues pour des charges fallacieuses liées à la sécurité nationale, comme Ahmed Abba, journaliste à Radio France Internationale en langue haoussa, qui est incarcéré uniquement pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression. Aboubakar Siddiki, dirigeant du parti politique Mouvement patriotique du salut camerounais, et Abdoulaye Harissou, un notaire réputé, sont maintenus en détention depuis plus de trois ans.